Les syndicats du supérieur capitulent
5 mois de trêve. C’est la concession qu’ont fini par faire au Gouvernement les syndicats des enseignants du supérieur. Ainsi, l’Exécutif disposerait du temps nécessaire pour honorer ses engagements vis-à-vis des professeurs d’université. A l’issue d’une nouvelle séance de négociation tenue hier au Ministère du développement, les membres du Gouvernement conduits par le Ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki et les responsables syndicaux de l’enseignement supérieur ont signé le protocole d’accord relatif à cette trêve. Quatre mesures majeures sont attendues à l’issue des cinq mois ; les syndicats des enseignants du supérieur espèrent, avant tout, voir créé le corps des assistants d’université ; ensuite doit avoir été signé le décret portant statut particulier des enseignants du supérieur ; il faudra aussi que leur salaire ait été revalorisé et enfin qu’il soit arrêté que certains avantages les accompagnent à la retraite.
Du compromis trouvé avec le Gouvernement, les syndicats des enseignants du supérieur rendront compte lundi à leurs bases. Les responsables syndicaux auront alors la lourde mission de convaincre leurs pairs de reprendre les cours. Ils répéteront certainement les arguments du Chef de l’Etat qui les ont poussés à la concession. Aux dires des syndicalistes ayant assisté à la rencontre avec Boni Yayi la veille, ce dernier aurait clairement affiché son impuissance à prendre un acte à incidence financière de 11 milliards l’an alors qu’il est lié par des engagements vis-à-vis du Fonds monétaire international et qu’il a un gap de 400 milliards à combler sur le budget général de l’Etat exercice 2010. Seule la disposition des enseignants du supérieur à suivre leurs responsables syndicaux pourra le temps de la trêve lever le spectre de l’année blanche qui plane sur les universités publiques béninoises.
A la question de savoir comment s’organiseront activités pédagogiques après deux mois et demi de grève, les syndicalistes espèrent voir les responsables académiques réaménager le calendrier universitaire pour réaliser les huit mois réglementaires de cours.
Yayi avait pourtant promis verser son sang pour les étudiants
Au cours de la rencontre que le président de la République, Boni Yayi a tenue avec les syndicalistes de l’enseignement supérieur mercredi dernier, il a déclaré qu’il ne pouvait prendre nul engagement pour satisfaire leurs revendications. Autrement, l’année pouvait être blanchie, il n’élèverait pas le petit doigt. Du coup, une de ses célèbres phrases qu’il a prononcée à l’occasion d’une visite sur le campus revient à l’esprit : « Mes chers enfants, je suis prêt à verser mon sang pour vous ! ». Il est donc question de savoir dans quelle mesure le chef de l’Etat entend se saigner pour que les conditions d’étude et de vie des étudiants s’améliorent. On se demande si ce n’est pas normalement dans les situations actuelles, celle des grèves interminables où l’année blanche est frôlée de justesse qu’il devrait manifester son amour pour ses « chers enfants » comme il aime appeler les étudiants. Un tour sur le campus hier, nous a permis de rencontrer quelques étudiants. Leur opinion est que le président a manqué là une occasion de reconquérir leur confiance suite aux nombreuses brimades dont ils ont été objets depuis qu’il est venu leur faire sa déclaration d’amour. Ces étudiants déclarent que c’est quelques semaines après cette historique rencontre que des forces de l’ordre sont venues les bastonner.
Déjà, c’est le contraire de sa promesse qui se réalisait. Autres faits qu’ils ont rappelés sont entre autres le tir sur des étudiants par le garde du corps de l’ex-doyen de la Faseg, Géro Amousouga, aussi conseiller du président Yayi, les multiples violations des franchises universitaires par les forces de l’ordre qui ont à un moment donné érigé une base dans l’enceinte du campus. Autant d’actes sur lesquels les étudiants estiment que le président aurait dû réagir. Certains affirment ne pas être étonnés de ce qu’il se soit montré impuissant face à la menace d’une année blanche à l’université. C’est pourquoi, ils implorent déjà leurs professeurs afin que leur Assemblée générale du lundi puisse autoriser la reprise des cours. Ils promettent par ailleurs d’attendre au tournant qui de droit au moment M qui profile à l’horizon.
Bénoit Mètonou
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