Demande d’excuse après la dissolution de l’équipe nationale

Anjorin et Ajavon moralisés par les Ecureuils internationaux

(La lettre sent une commande de ses destinataires)
Dans une lettre datée du 13 février 2010, douze footballeurs internationaux béninois ont adressé aux présidents de la fédération béninoise de football et de la ligue professionnelle de football leurs excuses. A y voir de près, cette lettre frise du commandé, en même temps qu’il assène subtilement à ses destinataires des leçons de morale qui méritent que l’on s’y attarde. Aussi bien la forme que le fond de la lettre des Ecureuils de la diaspora sont révélateurs. La missive qui est adressée aux présidents de la fédération béninoise et de la ligue de football professionnel affiche pour objet, « demande de conciliation et d’excuses au peuple béninois ». Et c’est là le tout premier contraste : une lettre d’excuse au peuple béninois mais qui est plutôt adressée aux premiers responsables du football  national. Si l’on s’en tient à son objet, la correspondance aurait dû avoir pour destinataire le Ministre de la république en charge du sport. Mais une lecture approfondie, permet de se rendre compte que les destinataires sont effectivement les responsables du football  béninois, puisque par trois fois, les douze expéditeurs « présentent » leurs « excuses » à leurs « excellences messieurs les présidents de la fédération béninoise de football et de la ligue de football professionnel ». Conséquence, l’objet aurait dû être tout simplement « demande de conciliation et d’excuses ». Mais là encore, il se serait révélé inexact, et pour cause.

Des leçons de morale à Anjorin et Ajavon

Dans leur correspondance, les écureuils de la diaspora regrettent l’allure prise par les événements d’après Can 2010. Ils déplorent « la désinformation orchestrée dans la presse », rappellent les « sacrifices » qu’ils ont consentis pour hisser le football béninois là où il est arrivé, relèvent l’inexistence de textes relatifs à la répartition de primes et de règlement intérieur et affirment que l’ « on ne transgresse pas une loi qui n’existe pas ». Autant de vérités, pour ne pas dire leçons de morale, jetées à la figure d’Anjorin Moucharafou et de Sébastien Ajavon et qui n’ont aucun semblant de faute reconnue, pour laquelle l’on s’excuse. Au final, la lettre dite d’excuse des Ecureuils internationaux ne porterait pas mal en objet « lettre ouverte aux présidents de la fédération béninoise de football et de la ligue de football professionnel ».

Lettre commandée ou convenue ?

D’autres éléments de cette correspondance laissent songeurs. Les auteurs, à les lire, ont tenu à s’exprimer « suite aux différentes concertations » qu’ils ont eues avec les destinataires. Ce qui donne à leur démarche tout l’air d’une commande ou d’un convenu. Et que les signataires soient les douze meilleurs joueurs possibles de la sélection nationale dissoute, justifie bien que les responsables du football national aient pris langue avec eux. Les bons observateurs du sport roi au Bénin s’étaient déjà interrogés sur le bassin de talents dont dispose le pays et qui puisse permettre de reconstituer très tôt une équipe nationale capable de rééditer les exploits de la sélection actuelle, emmenée par Damien Chrisostome. Les présidents de fédération et de ligue de football n’ont certainement pas eu le choix : dans la perspective des compétitions à venir, ils ont dû recourir aux éléments sûrs parmi les Ecureuils. Et la lettre ouverte dite d’excuse ne vaut pas moins qu’un gentleman agreement.  

Une dissolution dans l’air du temps

Les Béninois déplorent depuis quelques années des actes qui sont posés avant que l’on y réfléchisse. Cette aberration dans la gestion des affaires publiques semble connaître du succès auprès des autres acteurs de la vie nationale. La décision de dissolution de l’équipe nationale de football s’inscrit bien dans l’air du temps. Ses auteurs n’y ont pas sérieusement réfléchi  avant de la prendre. Il a fallu que la désignation d’entraîneurs provisoires ne passe pas comme une lettre à la poste auprès du ministre des sports, qu’une sélection de joueurs locaux se révèle peu rassurante et que le tirage pour les éliminatoires de la Can 2012 offre au Bénin des morceaux durs à croquer, pour que leurs « excellences messieurs les présidents » se rendent à l’évidence de leur erreur tactique. La réflexion a priori aurait abouti à une bien meilleure décision.

Olivier ASSINOU

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