Obsèques des frères Houdé

Boni Yayi, l’invité de trop  à Zè

Samedi dernier, l’honorable Valentin Aditi Houdé a enterré deux de ses frères. Occasion pour parents et amis  de lui manifester leur soutien. Les politiciens n’étaient pas du reste.  Mais il y eut un dont la présence à tous points de vue est apparue comme intéressée. Il s’agit du président Boni Yayi. Les politiciens, toutes tendances confondues, se sont rués samedi dernier à Adjan dans la commune  de Zè afin de démontrer leur attachement à l’ancien ministre Valentin Aditi Houdé doublement éploré. Il inhumait en effet deux frères à lui. Ainsi pouvait-on noter dans l’assistance, des membres de sa famille politique, le G13 conduit  par son coordonnateur Nassirou Arifari Bako,  des membres de la coalition « Union fait la Nation » conduite par le coordonnateur général Antoine Kolawolé Idji, et bien sûr des membres de la mouvance présidentielle conduite par le chef de l’Etat, Boni Yayi en personne.

La présence des membres du G13 peut être définie comme étant dans l’ordre normal des choses puisque Valentin Aditi Houdé est l’un des leurs. On ne comprendrait donc pas qu’ils ne soient pas présents.
En ce qui concerne les membres de l’Union fait la Nation, cela peut également se comprendre. Il existe un accord tacite entre eux et le groupe auquel appartient Valentin Houdé. En témoigne leurs actions communes tant à l’Hémicycle que sur le terrain contre la gouvernance du président Boni Yayi.  C’était donc une présence qu’on pourrait qualifier de non intéressée. Quand bien même, le soutien du G13 à l’Un n’est pas totalement acquis pour 2011.

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Par contre, la présence de Boni Yayi, reste sujette à polémique. Ce n’est pas qu’en soi sa conduite est à incriminer. Loin s’en faut.  En Afrique, on sait que les morts sont parfois des vecteurs de rassemblement. Cependant, on ne peut s’empêcher de qualifier ce soutien du chef de l’Etat d’intéressé. Car, entre les deux hommes, c’est connu que ce n’est pas la lune de miel. En 2006, c’est grâce à Valentin Houdé  qu’il a pu recueillir un score intéressant dans sa circonscription électorale. Pour le remercier, il sera nommé chargé de mission du chef de l’Etat. Mais très tôt, l‘atmosphère sera viciée par l’arrestation de Alain Adihou dans l’affaire Lépi. Il avait remplacé ce dernier au ministère qui avait la charge de la réalisation de la Lépi sous Kérékou. Malgré cela, il signera l’accord de législature avec le chef de l’Etat. Mais, à l’instar des douze autres députés qui ont aidé le président Boni Yayi à avoir la majorité parlementaire, il sera déçu. Ensemble, ils vont créer le G13 qui constitue depuis fin 2007 un cauchemar pour le locataire de la Marina. Nul ne peut dire que la scission n’a pas été totale lorsque Valentin Houdé et Basile Ahossi lui ont infligé un revers en refusant de faire partie de son gouvernement formé le 22 octobre 2008. Mais depuis quelques semaines, le nom de Valentin Houdé a commencé encore par circuler comme quoi, il pourrait faire partie du prochain gouvernement de Boni Yayi.

Ce dernier non plus n’est pas resté inactif. Apprenant le malheur du député, il s’est dépêché d’aller lui présenter ses condoléances. Le voilà encore aux obsèques. Conclusion : indubitablement, le président est prêt à faire feu de tout bois afin d’avoir M. Houdé avec lui. Il n’y a pas si longtemps, des personnalités qui ont rendu des services énormes à la République ont trépassé, mais le président n’était pas à leur inhumation. On peut citer le cas de feu Richard Adjaho. Nul n’ignore ses rapports avec le chef de l’Etat. Pourtant, il n’était pas à son enterrement. Comment comprendre alors sa présence aux côtés de Houdé qui est son adversaire politique alors qu’il est absent à l’enterrement d’un proche à lui ?

Benoît Mètonou

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