L’Union fait la Nation nous avait déjà offert un beau spectacle de pertinence politique et organisationnelle ce fatidique week-end du 30 au 31 janvier 2010. En réussissant à désigner en son sein son candidat unique pour la prochaine élection présidentielle le samedi 10 avril 2010, les six partis de l’UN ont franchi le pas décisif dans leur volonté commune de se constituer en une grande coalition politique.
Il n’est pas exagéré de dire qu’une page de notre histoire, celle de la grandeur et de l’héroïsme, s’est écrite ce jour-là. Certes, ce n’est pas la première fois que des partis politiques s’unissent pour optimiser leur chance dans la perspective d’une élection présidentielle ; nous avons en mémoire la Coalition des Forces de l’Alternance Démocratique qui constituée autour du « candidat des candidats » le Général Mathieu KEREKOU, arriva à battre Nicéphore SOGLO en 1996. Mais cette coalition qui se donnera le nom de Coalition des Forces Démocratiques une fois la victoire acquise, n’était en fait qu’un ramassis hétéroclite de partis et d’organisations qui n’avaient aucune vision politique, sauf participer aux gouvernements du Président-caméléon.
Des freluquets peuvent toujours continuer à amuser la galerie par des pitreries choquantes et à penser gâcher notre joie et notre espérance ; mais indubitablement, nous sommes en face d’une réussite. Il s’agit donc de grandeur et le catholique que je suis n’a pu s’empêcher de psalmodier « sursum corda » ! Aussi est-ce désormais un devoir pour tous les vrais patriotes de ce pays de reconnaître, au-delà des mesquineries personnelles et familiales, que l’accouchement réussi de l’UN nous donne à contempler un monument d’espoir pour les générations futures et une stèle pour la grandeur de notre nation. Nous ne pouvons pas continuer de rêver d’un Bénin émergent si nous ne parvenons pas à cette noble vision de rassemblement des forces politiques, si nous végétons dans la confusion politique actuelle où personne, même les spécialistes des questions politiques, n’est capable de citer d’affilée les noms d’une dizaine de partis politiques, tant il s’en crée tous les week-ends ; sans qu’une telle inflation ridicule n’émeuve personne. Le week-end prochain, il s’en créera deux ou trois nouveaux partis. 800 partis politiques pour 8 millions d’habitants ! N’ayons pas peur de le dire : nous sommes en face d’une diarrhée politique, du genre de celle qui aggrave l’abrutissement du peuple. Car tous ces partis qui se créent ne servent à rien, sauf à faire vociférer une masse bigarrée de femmes aux coiffes fantasques et aux accoutrements ridicules. Le problème du Bénin, ce sont d’abord ces jeunes sans emploi qui ne savent plus à quel saint se vouer, ces masses rurales dont le président de la République Française Nicolas SARKOZY a eu le courage de dénoncer à l’Université Cheick ANTA DIOP de Dakar l’immobilisme et l’enkystement dans les mêmes techniques agricoles millénaires. En un mot, c’est la pauvreté. La solution aux maux qui minent le Bénin ne peut guère se réduire à cette unique solution de qui sera notre prochain Président de la République. Il s’agit avant tout de définir les lignes d’une autre vision du développement et tout le monde est concerné par cette tâche ! Dans cette optique, un parti politique ou un rassemblement de partis politiques doit d’abord s’atteler à clarifier ses orientations politiques et programmatiques, et non faire s’égosiller le temps d’un samedi, des centaines de gens stipendiés qui pour la plupart n’ont aucune conviction quant aux mots d’ordre qu’ils éructent. Il est donc juste de reconnaître que les initiateurs de l’UN nous ont fait la démonstration magistrale que ce petit pays qui est le nôtre, mais une grande nation par le génie de ses élites, peut encore étonner l’Afrique et le monde par cette véritable révolution, une décennie après le Renouveau démocratique : conjurer le sort des impasses et des régressions politiques et ancrer nos pays cinquante ans après leur accession à la souveraineté internationale, dans la voie de vraies stratégies politiques dont l’un des postulats est celui-ci : seuls les partis politiques, à travers leurs agrégations des idées (interests aggregation), peuvent véritablement réussir à sustenter un scénario politique.
L’Union fait la Nation a donc réussi à nous donner une saine leçon politique : les mouvements de personnalités et autres organisations éphémères ne peuvent guère rien apporter à notre pays. Si le Président Boni YAYI arrivait à rempiler, quelle politique et quel programme d’action appliquerait-il et avec quels partis politiques ? Ce sont des réponses pertinentes à ces questions qu’attendent nos jeunes, nos paysans, nos artisans, nos enseignants, nos bonnes femmes des marchés. Des réponses décisives à ces interrogations nous ont été fournies par le Président Bruno AMOUSSOU, l’actuel dirigeant de l’UN. Je les développerai et commenterai dans mes prochaines chroniques.
A suivre
Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC
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