Candidat unique pour 2016: le débat qui empoisonne l’Union fait la Nation

Alors que tout le monde croyait qu’avec la désignation de leur candidat unique, la coalition Union fait la Nation a traversé le triangle de Bermudes, c’est plutôt maintenant qu’elle doit faire face à une polémique stérile. En effet, depuis quelques jours, l’un des partis politiques membres fondateurs, en l’occurrence la Renaissance  du Bénin (Rb) revendique et exige que la couronne lui soit portée pour être le candidat de la coalition en 2016.

Légitime exigence devrait-on dire, au vu du rôle capital qui est attribué à Léhady Soglo dans la naissance de l’Union. Ce serait un juste retour de l’ascenseur, argumentent d’autres. Cependant, bien d’observations découlent de cette polémique qui est cours. D’abord, il faut convenir que le moment est très mal choisi pour lancer une telle polémique. Car, non seulement cela vicie l’atmosphère et hypothèque la cohésion du groupe, mais également démontre une certaine avidité du pouvoir. Sinon, comment comprendre qu’alors que des cadres et des structures adéquates existent au sein de l’Union pour connaître de telles questions, on en vienne à lancer un tel débat à un moment où le maître mot doit être réellement l’union ? Comment expliquer que pendant que l’Union fait la Nation est un regroupement de grands partis politiques qui aspirent tous à la conquête et à la gestion du pouvoir d’Etat, on en vienne à exiger d’eux des engagements écrits à 6 ans des joutes électorales de 2016 ? Pourtant, il y a comme dans l’air un accord tacite qui devrait permettre de coopter Léhady Soglo en 2016. Nul ne l’ignore dans l’opinion publique. Mais alors pourquoi ressusciter une telle question et en faire un préalable. Si ce n’est pas de la surenchère égoïste, alors c’est que quelque part on considère les autres comme des moutons de panurge. Ou bien il existe un plan secret qui est mis en œuvre pour casser l’Union. D’un autre côté, cette volonté de se faire délivrer un sauf-conduit à 6 ans de l’élection présidentielle de 2016, revient à ébranler les fondements même de la coalition et éviter la confrontation. On se rappelle que l’actuel candidat Adrien Houngbédji a été désigné face à deux autres challengers.

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Par conséquent, quand bien même  Léhady est de facto, le prochain candidat, il faudrait passer par la voie normale pour le signifier. Mieux, en politique, ce n’est pas toutes les questions qui sont mises sur la place publique. Pendant que les Béninois détiennent encore leur droit de vote, ce n’est pas la meilleure manière de se faire élire. Car, il ne suffit pas d’être le candidat de l’Un pour accéder à la magistrature suprême. Mais pour prétendre gouverner le Bénin d’aujourd’hui et surtout de demain, il faut plutôt faire montre d’un charisme avéré, être porteur d’une vision prospective de développement. Alors, il ne faudrait pas perdre de vue qu’entre 2011 et 2016, beaucoup d’eau aura coulé sous le pont, d’autres forces politiques auront vu le jour. Il faudra donc compter avec ces nouvelles donnes.

Quitus pour quel gain ?

A maints égards, cette polémique est stérile et inopportune. Comme indiqué ci haut, lors de la présentation du candidat unique de la coalition Un, tous les Béninois ont compris que le passage de témoin devrait se faire entre Adrien Houngbédji et Léhady Soglo. Dès lors, il ne devrait plus avoir de débat. Mais puisqu’il est né, autant l’en décortiquer. En effet, en politique, il est un principe sacro-saint qu’on ne donne rien sans attendre en retour un dividende. Toute concession a toujours des retombées. D’où la question de savoir ce que Léhady Soglo propose à ses alliés pour qu’ils lui garantissent le flambeau en 2016. En échange des engagements écrits qui sont exigés, que met-il dans la balance pour ses amis ?  La question reste posée. Car, jusque-là, aucune proposition n’est faite à la connaissance du public. Or, étant sur le terrain politique, tout accord entraîne des bénéfices pour chaque camp. Il va s’en dire que la polémique en cours est inutile en ce sens qu’elle ne sert ni l’Union fait la Nation, ni Léhady Soglo et la Rb. D’ailleurs, le candidat actuel, Me Adrien Houngbédji, n’a pas fait la politique de l’autruche lorsqu’un journaliste lui a adressé la question lors de sa sortie à Ajarra. Sa réponse a été sans équivoque et démontre que l’homme a mûri en sagesse. Il a su expliquer que la vie de la coalition ne s’arrêtait pas à 2011. Par conséquent, la polémique n’a pas droit de cité. Benoît Mètonou

Position de Me Adrien Houngbédji exprimée lors de sa dernière tournée

« … Vous avez compris que ce qui fait débat aujourd’hui, ce n’est pas notre volonté de rester ensemble. Nous resterons ensemble. Ce qui fait débat, ce n’est pas le choix du candidat pour 2011. Il a été fait, il est acquis. Ce qui fait débat, c’est l’après 2011. Nous avons décidé que le principe que nous devons adopter, que nous devons mettre en œuvre après 2011 est le principe de la rotation. Un seul parti ne peut pas arriver au pouvoir, faire élire son leader, et s’accrocher, et dire « moi je suis là, c’est fini, plus de place pour les autres »
Nous disons que lorsque le Représentant d’un parti aura dirigé le pays pendant cinq ans, il est bon pour l’unité nationale, que le représentant d’un autre parti  soit soutenu pour être candidat et diriger également le pays. Et ainsi de suite…
 Aujourd’hui, nous avons six partis politiques au sein de l’Union, cela veut dire que c’est l’un après l’autre que nous allons y arriver.
Et ce qui fait débat, c’est tout simplement de savoir lequel des partis prendra le relais en 2016. Nous sommes entrain de chercher la solution.

Pourquoi ? Parce que c’est légitime. Le MADEP veut aussi que son candidat soit élu Président de la République. Le PSD veut aussi que demain, son candidat soit élu Président de la République. La RB veut que son candidat soit élu Président de la République. RDL veut que son candidat soit élu Président de la République, mais il y aura encore d’autres partis politiques. Autant de partis politiques, autant d’ambitions légitimes d’accéder à la magistrature suprême. Par conséquent, c’est un débat que nous devons gérer dans le calme, dans la sérénité en nous faisant des concessions  réciproquement et je suis persuadé, parce que nous sommes mûrs politiquement, parce que nous sommes sages politiquement, que nous trouverons la formule qui permettra à l’Union fait la Nation de gérer 2016 comme elle a su gérer 2011, de gérer 2021, de gérer 2026. Car, ce que nous avons créé, ce n’est pas pour un mandat, c’est pour plusieurs mandats. Voila ce que je peux vous dire, et c’est pour cela que nous sommes convaincus que ça ne cassera pas. Nous aurons la solution pour le problème qui est posé. Je vous remercie infiniment.

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