Les morgues des hôpitaux publics en danger

Les morgues des hôpitaux publics du Bénin sont de plus en plus abandonnées à leur propre sort. Le cas du Cnhu Hubert Maga continue de faire des vagues, comme ceux de bien d’autres hôpitaux de l’intérieur du pays.

Etroitesse des locaux, dysfonctionnement continuel des chambres froides, odeurs nauséabondes, vétusté avancée  des équipements… La mort programmée des morgues des hôpitaux publics du Bénin est de plus en plus évidente.  Le Centre national hospitalier universitaire (Cnhu) Hubert Maga en abrite une qui suscite de grandes indignations au fil du temps. Tout a  l’air triste sur les lieux, non pas à cause des   personnes décédées qui s’y trouvent, mais parque le cadre  affiche une précarité hors norme. Pour  le respect et toute la considération nécessaire que méritent  les défunts,  cette morgue dans son état actuel est presqu’une injure. Ils sont nombreux, les Béninois qui y ont renoncé et se dirigent désormais vers d’autres morgues privées de la place pour y conserver leurs défunts.

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Même les agents de la morgue du Cnhu, en sont conscients. Ils ne cachent plus leur dégoût et leur désarroi à travailler dans de telles conditions. «Nous sommes aussi exposés à tous les risques car  toutes les précautions  ne sont pas prises pour nous épargner des cas de contamination » confie l’un d’entre eux, sous anonymat. Pour ceux qui continuent de s’offrir les services de cette morgue, les récriminations sont les  mêmes. L’entretien correct des corps pose problème. Les toilettes régulières exigées ne sont pas respectées à la lettre. Les injections nécessaires à leur conservation se font à la tête du client. « Il faut parfois les soudoyer, en dehors des tarifs officiels pour que votre corps soit mieux traité que les autres » se désole  un parent de défunt. Une centaine de corps seraient entassés dans quelques armoires froides de cette morgue depuis des mois. Personne  ne serait  venue les réclamer à ce jour, au point où les autorités du Cnhu ont commencé déjà à mener des démarches pour procéder à leur inhumation collective dans les prochains jours.

 Les morgues des autres hôpitaux publics  du pays vivent des situations analogues. Même si elles n’ont pas les mêmes capacités d’accueil comme  celle du Cnhu, les rares places qui existent ne sont pas exemptes de critiques. Les reproches ne varient guère. La clientèle est en nette diminution, à des endroits. Ailleurs,  ce sont les responsables de ces hôpitaux qui ont fini par prendre des résolutions fermes, dont celles qui consistent à ne plus enregistrer des corps en supplément dès que toutes les places sont prises.

Le week-end dernier, l’hôpital de Zone d’Abomey-Calavi a vécu un triste fait lié à l’histoire malheureuse des morgues du  Bénin. En effet, des éléments de la brigade de gendarmerie locale, allaient y déposer un corps quand ils ont été refoulés dans leur élan par le responsable de cette morgue, arguant qu’il n’y avait plus de place. La colère des gendarmes ne sait pas tarder à s’éclater, puis qu’ils retourneront le lendemain sur les lieux pour arrêter ce responsable, qui sera libéré 24 heures après. Acte que les autres agents de cet hôpital n’ont pas digéré, menaçant de bloquer l’hôpital si  leur collègue n’était pas libéré. La tension a été calmée au sein de l’hôpital grâce à la médiation du maire d’Abomey-Calavi, Patrice Hounsou-Guèdè qui  a négocié et obtenu ce lundi  dans l’après-midi, la libération du morguier en question. Le gouvernement est en tout cas interpellé pour redorer le blason des morgues des hôpitaux publics en respect aux corps qui y passent quelques moments.

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Christian Tchanou

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