Regard critique sur le Bénin d’aujourd’hui

Ce n’est qu’une expérience : l’actualité politique et sociale, traitée non par nous-même, mais vue et appréciée par certains acteurs de la vie nationale. La plupart des citoyens dont nous sollicitons le regard critique n’arborent pas forcément la casquette de l’opposition.

Certains s’offusqueraient même d’être catégorisés opposants. Ce sont des citoyens libres qui illustrent, à leur manière et selon leur centre d’intérêt, les recommandations d’Albert Londres, une figure mythique de la presse : ni faire plaisir, ni faire du tort, mais porter la plume dans la plaie.

Publicité

Commençons par l’éducation nationale. Le secteur a été fortement secoué, il y a quelques semaines, par une série de grèves d’enseignants. Ce qui a fait planer le spectre de l’année blanche sur l’école. Le dialogue a fini par triompher. A la satisfaction de tous. Mais l’autorité politique, procède, depuis quelques jours, à des défalcations sur les salaires des enseignants pour faits de grève. Selon ces derniers, c’est là le grain de sable qui risque de gripper la grande machine de l’école laborieusement mise en route il n’y a guère longtemps. Aussi appellent-ils à la mobilisation générale pour répondre, disent-ils « de la manière la plus musclée » à ce qu’ils considèrent comme « une provocation ». On est où là ? Du nom d’une émission célèbre de notre consoeur Radio France internationale (RFI). Mais surtout et à la vérité : « Où allons-nous là ? »

Restons dans l’éducation. Notre pays s’est doté d’un Plan décennal de développement du secteur de l’éducation (Pddse) 2006-2015. Il s’agit, par ce Plan, d’améliorer la qualité de l’enseignement dans le cadre des ambitions que portent les objectifs du millénaire pour le développement. Admirable mobilisation des partenaires techniques et financiers qui ont déjà doté ce Plan de ressources à hauteur de quelque 40 milliards de nos francs. Mais malheureusement, cet argent dort dans nos tiroirs. Nous n’en avons rien fait. Nous n’en faisons rien. Et cet argent n’est pas loin de nous échapper.

Elles sont nombreuses les organisations de la société civile qui s’émeuvent de cette situation. Une situation qui confine à un gâchis monumental, à une inconscience à nulle autre pareille au regard de la chose publique et de l’intérêt général. De quoi fouetter le sens patriotique de nombre de Béninois qui ont cru devoir donner l’alerte. Ils en appellent à notre sens des responsabilités pour que nous cessions de jouer et de tricher avec l’avenir du Bénin.
Faisons un crochet par le marché international de Dantopka. Une association des usagers n’est pas contente de Joseph Tamégnon, le Directeur général de la Société d’Etat commise à la gestion de ce marché. Et elle tient à le faire savoir haut et fort. « Nous avons constaté, disent les responsables de cette association, une augmentation anarchique, arbitraire et ciblée des différentes taxes imposées, voire la fermeture des boutiques et des places marchandes ? ». Et l’association de menacer de faire monter bientôt d’un cran la pression pour contraindre le gouvernement à lui trouver un autre directeur.
Dernière station dans cet exercice avec l’ancien député Orou Ségo Orou Gabé. Il était l’invité de l’émission « Questions d’actualité » de la chaîne de télévision privée Golf TV. C’était le dimanche 25 avril 2010. Morceaux choisis.
« La démocratie béninoise est en danger. Si rien n’est fait pour la sauver elle risque d’aller définitivement à la dérive »
« Selon la loi, c’est 15 jours après la proclamation des résultats des élections que les membres des conseils communaux sont installés dans leurs fonctions. Les recours formulés devant la Cour suprême ne sont pas suspensifs de ces dispositions de la loi ».
« S’agissant de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), le Chef de l’Etat ne veut pas prendre en compte les recommandations du Groupe de travail qu’il a lui-même mis en place. (…) Si les choses continuent telles que nous le voyons, il est évident que nous ayons une Lépi biaisée. »

L’ancien député Orou Ségo Orou Gabé dit ne plus s’étonner de rien, tant les magiciens du changement sont nombreux et prêts à tout. Aussi craint-il que ces magiciens ne décident, d’un coup de sifflet magique, de faire jouer, à un seul tour, la prochaine élection présidentielle. Voilà le Bénin tel qu’il nous a été donné de le lire à travers le regard critique de quelques uns de nos compatriotes. Ni éclatant de santé. Ni rassurant pour l’avenir. Dans tous les cas, il est encore temps pour mieux faire.

Publicité

Jérôme Carlos

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité