Visite officielle de Dada Houédogni Gbêhanzin à Paris et Bordeaux

Les signes heureux d’une amitié multi-séculaire
Du 06 au 22 avril 2010, sa Majesté Houédogni Gbêhanzin, roi du Danxomè était l’hôte des hautes personnalités Françaises. A l’invitation des autorités de l’Ambassade de France au Bénin, son excellence M. Hervé Besancenot, l’Ambassadeur en tête, le roi Houédogni Gbêhanzin et sa suite royale sont reçus au musée du Quai Branly, à l’école de santé navale de Bordeaux, au musée des Armées, Les Invalides à Paris.

 L’ambassadeur de France au Bénin, son excellence M. Philippe Hervé Besancenot, de concert avec ses collaborateurs et le Ministre des affaires étrangères à Paris, a organisé cette invitation qui entre dans le cadre de la commémoration des 50 ans d’indépendance des pays africains. Mais cette invitation est programmée pour permettre à sa majesté Houédogni Gbêhanzin (ancien étudiant de l’école de santé navale de Bordeaux où il a eu à passer 9 années chez les girondins) de prendre part  aux grandioses cérémonies de baptême de la promotion 2008 de l’école de santé navale de Bordeaux, école qui est appelée à fermer ses portes le 1er juillet 2011 pour être transférée à Lyon.

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L’école du service de santé des armées, devenue école de santé navale de Bordeaux a été créée en 1890. Elle vit donc depuis 120 ans à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France et est perçue par les anciens étudiants et les autorités Bordelaises comme « le centre de formation des médecins militaires le plus expérimenté de France mis à la disposition d’une vingtaine de pays africains… ». Une école donc de santé navale qui dispense des formations pointues à des étudiants français et africains, formations qui leur ont permis de devenir médecins, pharmaciens ou vétérinaires et de mettre leur savoir, leurs connaissances acquises au service de leurs pays respectifs. L’école qui se trouve au Cours de la Marne à Bordeaux reste le fleuron d’acquisition et de formation en médecine navale, tropicale et aéronautique dans le monde.

Ce transfert de Bordeaux à Lyon n’est pas du goût des élus Girondins, des autorités Bordelaises et surtout de la mairie de Bordeaux.

Le roi Houédogni Gbêhanzin a beaucoup hésité avant de donner son accord pour ce voyage à Bordeaux qu’il a quitté depuis 1975, donc depuis maintenant 35 ans, après avoir étudié pendant neuf (9) ans dans les domaines de la biochimie, des maladies tropicales et aéronautiques.

Pour le roi Houédogni,  « je ne souhaite pas assister à une cérémonie qui a programmé la mort de l’école qui  m’a permis d’apprendre tant de choses dans les domaines variés de médecine, une école qui m’a tant donné, tout donné dans ma vie de médecin militaire et qui a formé de hauts cadres, médecins militaires qui ont mis et qui continuent de mettre leurs talents  et expériences au service de la santé des enfants, des femmes et des hommes dans nos pays… »

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Mais les autorités françaises  et les responsables de l’école de santé navale de Bordeaux, notamment le Général médecin Gilles Coutant (commandant de l’école), le Colonel médecin Belat (commandant en second de l’école) et l’Ambassadeur de France au Bénin l’ont convaincu de faire le déplacement sur Bordeaux. C’est le Général de Corps d’Armée Bruno Clément-Bollée, patron et Commandant la région  Terre Sud-Ouest (un officier supérieur de l’armée française bien au fait des évènements et questions touchant au continent africain, fin spécialiste des questions militaires et de défense qui avait occupé de hautes fonctions militaires au Tchad, en Côte d’ivoire, à Madagascar, dans divers pays de l’Océan indien et au Sénégal), qui a hébergé le roi Houédogni et toute sa suite royale à l’hôtel du Quartier Général sis à la rue Vital Carles à Bordeaux.

Pendant cinq (5) jours, la délégation royale a été gardée aux petits soins, dans une ambiance de retrouvailles, d’amitié et de souvenirs, entre  « messieurs les anciens » et « les foetus » (les plus jeunes étudiants de l’école). « Monsieur l’ancien » et « le fœtus », voilà les termes qu’utilisent entre eux anciens et jeunes ayant fait l’école de santé navale de Bordeaux. Et sa majesté Houédogni Gbêhanzin est « le fœtus » de ses aînés qui ont fait l’école et « monsieur l’ancien » par rapport à ses plus jeunes collègues. Et c’est dans cette ambiance des grandes retrouvailles, de souvenirs, de joie, d’émotion et de solidarité que plus de deux mille (2000) invités et plus de vingt (20) autorités ont été conviés à la grande cérémonie de baptême de la promotion 2008 qui s’est déroulée le samedi 10 avril 2010 dans l’enceinte de « la santé navale » à Bordeaux.
 
Parades militaires, réflexions sur la vie et l’avenir de l’école qui va bientôt s’installer à Lyon, échanges de souvenirs, défilés entre plusieurs compagnies de l’école et grandes retrouvailles entre « anciens » et fœtus », causeries publiques à la faculté de médecine de Bordeaux, soirée dansante et réceptions dînatoires, voilà les temps forts qui ont meublé les cérémonies  marquant le baptême de la promotion 2008 de l’école de santé navale.

Le Général Bruno Clément-Bollée ; son aide de camp le Lieutenant Marie-Louise Skura ; M. Alain Dupouy (conseiller municipal et délégué du maire aux relations internationales) ; le consul régional du Bénin à Bordeaux M. Pierre-Michel Delgay ; le Maire de Bordeaux M. Alain Juppé ont tout mis en œuvre pour que le séjour bordelais du roi et de sa suite soit couronné de succès.  Il ne faut pas oublier la cérémonie de libation effectuée au cimetière de Bordeaux nord, avenue Jean Jaurès le vendredi 9 avril 2010 en présence du Consul régional M. Pierre Michel Delgay (un homme dynamique qui prend très au sérieux sa fonction et toujours disponible envers les Béninois) ; de M. Bernard Morrain (neveu de Mme Maria Valentina Ducaud qui est l’épouse du Prince Arini Aristide Ouanilo Béhanzin, l’enfant chéri de Dada Gbêhanzin Aiyiidjrè Tchadako Goundô)  et du conservateur du cimetière de Bordeaux nord M. Philippe Duranton (qui a offert au roi Houédogni un exemplaire du registre lié au décès du Prince Arini Ouanilo).

C’est dans le caveau familial de Mme Maria Valentina Ducaud qu’était enterré le Prince Ouanilo, son mari. Et c’est de ce caveau familial que la dépouille du Prince a été extraite grâce au dynamisme   et à la recherche acharnée du Prince Francis Awagbè Béhanzin (Contrôleur Général de police), du Prince Jean Ougoton Béhanzin (en fonction à Bordeaux) et du  Consul régional du Bénin à Bordeaux, M. Pierre-Michel Delgay. Ils ont déployé beaucoup d’efforts pour rendre le retour au Bénin du corps du Prince Ouanilo possible, cela en septembre 2006, après 78 ans de présence dans le caveau familial de Mme Maria Valentina Béhanzin Ducaud. Donc 78 ans d’attente et de patience de la part de la Collectivité royale Gbêhanzin à Djimé avant de rendre les hommages de l’Etat et du peuple Béninois envers le Prince bien aimé (ancien chef du service contentieux aux chemins de fer de midi, ancêtres de la Sncf, premier avocat noir inscrit au barreau de Paris).

L’autre temps fort du séjour royal à Bordeaux est la rencontre le Jeudi 08 avril 2010 à l’Hôtel de Ville entre le Maire Alain Juppé et sa majesté. Intenses moments d’échanges et félicitations du roi à l’endroit du maire et ancien Premier Ministre Alain Juppé, pour avoir permis le rapatriement du corps du Prince Ouanilo au Bénin et la modernisation accélérée de la ville de Bordeaux ces cinq dernières années. Le maire Juppé a accepté l’invitation du roi de se rendre au Bénin pour approfondir les échanges et poursuivre les réflexions sur la réhabilitation du Palais du roi Gbêhanzin à Djimé et l’implantation  de plusieurs projets à caractères culturels.

La culture à l’honneur

Le mercredi 7 avril 2010 le roi et la délégation qui l’accompagne ont été reçus au musée du Quai Branly à Paris. Ce musée reste un chef-d’œuvre, bien pensé, bien conçu et bien réalisé par l’ancien Président de la République Française, M. Jacques Chirac. Un musée où dorment des trésors inoubliables de la civilisation de l’Afrique, d’Asie, d’Océanie, de l’Inde, des Amériques et du monde noir. La partie Afrique a beaucoup intéressé le roi Houédogni qui a admiré les nombreux vestiges et objets d’art liés au patrimoine du Danxomè et des pays africains. Occasion pour sa majesté de se prosterner et de se recueillir devant les trônes des rois Glèlè et de Gbêhanzin, véritables symboles du royaume  du Danxomè.
Le ministre Jacques Toubon (en charge des préparatifs liés à la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance des pays africains), M. Stéphane Martin (Directeur général du musée du Quai Branly ou musée des arts premiers) et ses collaborateurs, M. Albert Agossou, Ambassadeur du Bénin en France et tout son staff, ont fait le déplacement pour permettre au roi Houédogni de visiter ces monuments et vestiges de l’histoire du Danxomè, soigneusement conservés dans ce musée très moderne où les responsables, de concert avec M. Lionel Zinsou et Mme  Marie-Christine Zinsou de la Fondation Zinsou installée à Cotonou, ont organisé l’exposition « artistes d’Abomey : dialogue sur un royaume africain », exposition qui s’est tenue du 10 novembre 2009 au 31 janvier 2010. Une exposition qui a drainé une foule immense de chercheurs, d’artistes, d’autorités du Bénin et qui a enregistré un succès éclatant.  C’est cette exposition qui a fait, le plus connaître le Bénin et sa diversité culturelle, ses richesses et son patrimoine au sein de l’Hexagone. C’est le lieu de remercier très chaleureusement la Fondation Zinsou et ses responsables, surtout Marie-Christine Zinsou pour leurs efforts en matière de sauvegarde et de  promotion de la culture béninoise. Il faut rappeler que le musée du Quai Branly regorge d’objets rares liés à la mémoire et au patrimoine des pays d’Afrique et c’est un modèle de musée pour tous les responsables, acteurs et décideurs d’actions culturelles du monde entier. Il faut aussi saluer le choix opéré par le Président Jacques Chirac qui a reçu en audience le mercredi 14 avril 2010 à son bureau sis à la rue de Lille le roi Houédogni. Cela dans une ambiance empreinte de respects cordiaux, d’estime, d’amitié et de reconnaissance. L’ancien locataire du Palais de l’Elysée a réservé à son hôte un accueil très amical. Les deux personnalités ont parlé de paix en Afrique et en Côte d’ivoire.  Côte d’ivoire où s’est  rendu en 2008 sa Majesté Dada Houédogni en qualité de médiateur de la paix pour échanger avec nos frères et sœurs ivoiriens afin de faire définitivement taire les armes. C’est le Président Chirac, de concert avec le Directeur général de l’Unesco, qui a demandé au roi Houédogni d’effectuer ce voyage pour la paix dans ce pays qui nous est tous cher en Afrique et en France.
Le Président Jacques Chirac a remercié le roi Houédogni Gbêhanzin pour ses efforts personnels sur le chemin de la paix en Côte d’ivoire.

Echanges de cadeaux et de symboles d’amitié, et les deux hommes se sont donné rendez-vous pour bientôt à Djimè dans le palais privé de sa Majesté le roi Gbêhanzin Aiyiidjrè Tchadako Goundô qui a été désigné par son père le roi Glèlè, son Vidaho ou prince héritier en 1875 à Wéhondji où il est intronisé le 1er janvier 1890 comme 11ème Souverain du royaume du Danxomè au vu et au su de tous les dignitaires du royaume, sans aucune contestation dans le rang des princes et princesses.

50 ans déjà d’indépendance des pays africains

Et cette visite royale de Dada Houédogni à Paris et à Bordeaux est en prélude à la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de 14 pays africains. Le mardi 13 avril 2010, le secrétaire d’Etat à la défense et aux anciens combattants, M. Hubert Falco, a invité le roi et sa délégation   à la cérémonie de lancement des manifestations pour rendre hommage aux anciens combattants et aux tirailleurs Sénégalais. Les cérémonies dénommées « Force noire : hommage aux tirailleurs Sénégalais » pour le rôle déterminant que les anciens combattants ont joué aux côtés de l’armée française et du Général De Gaulle pour la victoire des forces alliées au cours de la seconde guerre mondiale (1939-1945) et sur plusieurs terrains militaires (en Algérie, en Indochine et ailleurs en Afrique).

Ces hommes méritent reconnaissance, regard affectueux, revalorisation de leurs pensions et respect de leur dignité, a dit le ministre Hubert Falco dans son message de cérémonie d’hommage aux anciens combattants. Sur les terrains militaires, a renchérit le roi Houédogni, les Africains et les Français ont fait face aux mêmes difficultés, aux mêmes dangers et aux mêmes risques. Les autorités françaises, les associations en France et en Afrique de défense des droits des anciens combattants et victimes de guerre vont rendre maints hommages aux intéressés, à travers des films, des documentaires, des causeries publiques, des colloques et la construction de plusieurs monuments et statues.

Ces hommes méritent plus de notre part, de la part des gouvernements français et africains. Cette mémoire doit être pérennisée et sauvegardée pour les générations  futures.

Au total, une visite d’amitié et de concorde pour renforcer les liens multi-séculaires qui existent entre la France et le Danxomè. Une initiative heureuse de la  part de l’Ambassadeur de France au Bénin, Son Excellence Monsieur Hervé Besancenot, de ses collaborateurs  Monsieur …. Richard et Mme Armelle Akplogan) qui sont priés de recevoir les remerciements de sa Majesté Houédogni Gbêhanzin pour les efforts déployés au Bénin et en France, pour faciliter un bon séjour à la délégation royale à Paris et à Bordeaux. Une visite qui fait honneur aux deux parties, gage de l’entente et de la coopération Franco-Béninoise. Que l’Ambassadeur du Bénin en France, son Excellence Albert Agossou,  le Général Biscotin Dègan (Attaché militaire près de l’ambassade), les amis Bordelais notamment le Général Clément-Bollée, M. Alain Juppé, M. Alain Dupouy, le Consul M. Delgay, les amis de l’Egide et tous les compatriotes à Paris et à Bordeaux soient remerciés pour leurs marques d’amitié, de soutiens divers et de convivialité.

Cette visite nous a permis de découvrir les talents de sa Majesté Houédogni Gbêhanzin, ancien Colonel médecin de l’école de santé navale, spécialiste des maladies tropicales, aéronautiques et spatiales, de la pharmacopée traditionnelle. Ses exposés, ses communications sur la royauté au Bénin et en Afrique, sur la médecine moderne et la recherche en pharmacopée ont drainé des foules de journalistes, d’artistes, de chercheurs et de médecins qui ont voulu mieux le connaître et s’inspirer des riches expériences et connaissances qu’il a acquises durant des décennies de pratiques de médecin militaire et de grand dignitaire sur le trône de Dada Houégbadja.
Par Constant AGBIDINOUKOUN, Journaliste à l’ORTB

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