Trafics d’êtres humains en Afrique de l’Ouest

Plus de 2 millions d’enfants en sont victimes
Les trafics illicites et l’exploitation des enfants demeurent un phénomène de société préoccupant.C’est ce qui émane de l’étude présentée hier par l’Ong norvégienne Fafo et l’Ecole nationale d’économie appliquée (Enea).Des structures subventionnées par un Fonds spécial de la Banque mondiale et dont le rapport aura permis de découvrir l’ampleur du trafic d’enfants en Afrique de l’Ouest.

Malgré les multiples efforts déployés par les pouvoirs publics, les trafics et l’exploitation des enfants restent un problème préoccupant. C’est ce que révèle l’étude commanditée par la Banque mondiale et l’Unicef. Ces travaux qui ont eu pour thème : ‘Vulnérabilité rurale et mobilité des enfants au Sénégal’, se sont tenus hier à Dakar, permettant aux participants de découvrir qu’il existe un véritable mouvement de divers trafics d’enfants en Afrique de l’Ouest. L’étude a principalement démontré que plus deux millions d’enfants sont victimes aujourd’hui de divers trafics en Afrique de l’Ouest.

Le représentant de la Banque mondiale, Habib Sékini, et le ministre de la Famille, de la Sécurité alimentaire, de l’Entreprenariat féminin, de la Micro finance et de la Petite enfance, Ndèye Khady Diop, ont ajouté que le phénomène de trafic des enfants était ‘en hausse permanente en Afrique de l’Ouest, comme dans d'autres pays d'Afrique ’. Et, lors du débat qui a suivi la présentation, Habib Sékini a précisé que ‘la valeur qu'est la famille a disparu et lorsqu'on cède un enfant à un parent, on ne sait pas toujours l'usage que l'on fera de lui’. Pour lui, ‘il est urgent que l'on revienne aux valeurs de l'Afrique traditionnelle où l'enfant était considéré comme un véritable trésor’.

D’après les enquêtes menées par l’Ong norvégienne Fafo et l’Ecole nationale d’économie appliquée (Enea), le phénomène du trafic des enfants en Afrique de l’Ouest s'opère en général des zones rurales vers les grands centres urbains où ils sont victimes de toutes sortes d'abus puisque fragilisés par l'environnement. Ibrahima Sané, un psychologue rencontré lors de la présentation des résultats de ces enquêtes, a apporté des précisions sur l'exploitation sexuelle des enfants. Selon lui, ‘le premier agresseur de l'enfant appartient bien des fois à l'environnement immédiat de l'enfant, comme sa famille, son école, ou à l’environnement dont il évolue.’ C'est un contexte que l'enfant vit au quotidien et un constat a été fait en ce qui concerne les suivis médicaux ou judiciaires qui sont le plus souvent ‘négligés ou simplement supprimés’.

Selon M. Sané, ‘il paraît clair qu'il y a une mauvaise appréciation de l'importance des questions médicales et socio-juridiques. Le recours à l'institution judiciaire semble difficile, une possible réparation des dommages subis, par la condamnation de l'acte, n'est pas perçu comme une reconnaissance du préjudice causé à l'enfant. Et les parents préfèrent résoudre le problème dans un cadre informel. Cette dénégation du droit à la protection et à l'assistance maintient les victimes dans une crainte constante de l'autre et met à jour leurs cicatrices psychologiques et physiques. La négligence des parents est bien souvent due à l'incapacité pour eux d'assumer leurs charges économiques’, argumente-t-il.

Le ministre de la Famille, de la Sécurité alimentaire, de l’Entreprenariat féminin, de la Micro finance et de la Petite enfance, Ndèye Khady Diop s'est aussi prononcée sur le fait que ‘l'Afrique apparaît à ce niveau comme un Eldorado du point de vue de sa relative virginité. Et il est courant de constater aujourd'hui sur les trottoirs de certaines capitales africaines, des enfants qui traînent en longueur de journée. Ce qui facilite leur exploitation sexuelle à des fins commerciales par des individus malintentionnés’, a-t-elle souligné.

En ce qui concerne le cas le Sénégal, le ministre explique qu’en plus des efforts déployés par le gouvernement pour mettre un terme à ce genre de pratique, quelques organisations essayent de faire le peu qu'elles peuvent. ‘Elles seront soutenues dans leur combat par les autorités’, soutient-elle. Dans les villes, a-t-elle reconnu, le double phénomène des enfants de la rue et des enfants abandonnés prend chaque jour des proportions considérables et les efforts des pouvoirs publics ne peuvent nullement l'enrayer.
Paule Kadja TRAORE (walf fadjri)

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