Un ministre veut rendre les Béninois sourds

Le gouvernement du docteur Boni Yayi regorge de spécimens ministériels atypiques. Des percussionnistes aux sportifs chevronnés, marcheurs jusqu’à l’usure du pavé en passant par les « boucantiers » accros des boîtes de nuit et des Karaoké, tout y est présent. Sens dessous dessus.

On n’avait pas néanmoins vu jusque là une démonstration publique d’un parmi eux qui, en plus de ses nombreuses frasques, voulait en ajouter une infirmité en appelant de tous ses vœux la surdité. C’est le cas du ministre Armand Zinzindohoué, ministre de l’intérieur et de la sécurité publique plus doué dans l’art d’haranguer  la foule que de traquer des malfrats. Il avait encore montré un de ses numéros le week-end dernier. Lieu du spectacle, le petit village de Ouanho dans la commune d’Avrankou. Et c’est encore le petit écran qui montre le ministre, tout en transe, le front dégoulinant de sueur, hystérique. Auréolé d’un titre ponctuel de représentant du Chef de l’Etat, il demande à son auditoire de résister aux discours mensongers de l’Union fait la Nation. Pour y parvenir, la seule solution qu’il trouve est de fermer les oreilles pour ne plus entendre les « marchands d’illusion » de l’opposition. « Fermez vos oreilles je vais voir », demande-t-il à cette foule. En joignant l’acte à la parole, il bouche ses oreilles avec ses deux index. L’exercice est difficile pour ceux qui ont écouté le ministre. Il fait d’eux des abrutis, manipulables à merci, incapables de penser par eux-mêmes et de jouir de la pluralité d’opinions chère à tout régime démocratique. De même qu’il montre le vrai visage d’un gouvernement réfractaire à la critique et à la contradiction. On comprend donc pourquoi ce gouvernement est en perpétuelle erreur. Le ministre Zinzindohoué qui dans son discours a trouvé en l’opposition tout le mal qui menace la république, n’a pas semblé surfer sur la crédulité des populations. Elles ne sont pour autant amnésiques. Elles savent bien que c’est pendant ces quatre dernières années que l’eau, l’électricité, la communication, les matériaux de construction, les denrées de première nécessité ont augmenté de prix.

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Elles n’ont pas aussi oublié que c’est sous le docteur en économie que le taux de croissance est passé de 5 à 2,7%.Au regard donc de ce tableau peu reluisant, il sera difficile pour Zinzindohoué de faire croire à ces populations que les marchands d’illusion sont ailleurs que dans son propre camp. Investi de la difficile mission d’apporter la contradiction à l’opposition et à son candidat unique comme on le constate désormais, Armand Zinzindohoué doit mieux peaufiner sa stratégie et rendre son discours plus pertinent et crédible s’il veut bien servir son maître.

Marcel Zoumènou

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