Boni Yayi serait-il aussi magicien ?

Dans la célèbre émission satirique de nos confrères de Radio Planète, « Bébètes infos », il y a un personnage nommé « Magicien » dont les façons de parler et de faire ressemblent étrangement à celles d’un certain… Boni Yayi. Et malgré les méthodes yayiennes de ce « Magicien », la Radio avertit que « L’histoire et les personnages de cette émission ne sont que pure fiction » et il faut en conclure, selon la formule consacrée,  que « Toute ressemblance avec des faits ou des personnes existantes n’est que pure coïncidence ».

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Ce Yayi imaginaire serait-il le clone sinon le sosie du Yayi réel ? On peut s’autoriser à le penser maintenant. Et pour cause ! A l’issue de son forum bilan qu’il s’est offert les 8 et 9 janvier derniers, le gouvernement s’est auto-satisfait de ses performances. Depuis la fin de ces assises, on se gargarise d’un taux gargantuesque de réalisation du programme de gouvernement de Boni Yayi, qui serait de 85%. S’il soutenait une thèse, le gouvernement aurait très certainement eu la mention « Très honorable avec les félicitations enthousiastes et illimitées du jury ». Une mention qui aurait été spécialement conçue pour saluer ses prouesses. Une « standing ovation » aurait naturellement suivi. Autrement ce serait un crime de lèse yayisme. Mais vous avez dit 85% de réalisation ?

 

S’il faut saluer à sa juste valeur la démarche du gouvernement consistant à rendre compte de ce qu’il a pu faire sous la direction de Boni Yayi, il convient cependant de s’interroger sérieusement sur les fondements de ce bilan pour le moins dithyrambique. Un bilan trop flatteur qui, s’il devait intervenir à fin mars ou au 5 avril, et suivant la logique du gouvernement, devrait se trouver amélioré pour être plus flatteur encore. Peut-être parlerait-on alors de 90% de réalisation voire plus, si Adéoti SARL, le super adjudicataire des marchés de réalisation ou de replâtrage de routes bitumées finissait le patch en cours de la route Cotonou-Porto-Novo, si les nombreux chantiers électoraux qu’on lance actuellement à une allure prodigieuse connaissaient un début d’exécution, si on y ajoute « l’immense confiance dont jouit Boni Yayi de la part de ses pairs de la CEDEAO » qui l’ont envoyé au charbon en Côte d’Ivoire, si et si encore… On ne serait alors pas loin des 100%. Inédit ! Comment pourrait-il en être autrement quand on sait que le régime des Emergents fait « ce qu’on n’a jamais fait depuis l’indépendance » ? Qu’en cinq ans à peine bouclés, il a « fait le tiers de ce que tous ses prédécesseurs réunis ont fait depuis l’indépendance » ?

Mais, comment soutenir objectivement cette thèse de 85% de réalisation du programme de gouvernement ? Les 85% évoqués concernent-ils le programme de gouvernement dans son ensemble ou juste en certains de ses aspects ? En finances publiques, on apprend que le budget général de l’Etat est l’instrument par excellence de mise en œuvre de la politique du gouvernement. Or, sur  les cinq ans d’exercice du pouvoir par Boni Yayi, jamais l’exécution du budget n’a atteint le seuil ronflant de 85%, ce qui équivaudrait à ce taux de réalisation s’il n’y a pas eu dispersion de ressources. Et s’il faut s’en tenir au taux d’exécution du budget, on ne gage pas que le taux de réalisation du programme dépasserait les 50%. Un budget qui, lui-même, au fil des années, s’est toujours révélé fluctuant, évanescent voire fuyant.  Ainsi, à moins qu’il soit devenu magicien, on voit mal comment Boni Yayi aurait réalisé 85% de son programme.  Mais, souvenons-nous que nous sommes à l’ère du changement où l’on fait tout ce qui ne l’a jamais été en 50 ans d’indépendance. Il n’est donc pas surprenant que l’on soutienne avoir réalisé 85% du programme. Et l’on aurait sans doute fait 150 voire 200% si le taux d’exécution du budget avait été régulièrement consistant, s’il n’y avait pas les urgences, les imprévus… et s’il n’y avait pas eu une certaine crise financière et économique mondiale. Seuls ICC Services et consorts auront fait mieux que Boni Yayi !

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Mais, un bilan, c’est en termes d’actif et de passif. Le gouvernement aurait donc fait œuvre utile, œuvre d’honnêteté, en insistant quelque peu sur les aspects négatif de son action. Car, il est des points négatifs qui annulent d’autres positifs ou les érodent sérieusement. La démocratie s’est-elle renforcée sous le régime des émergents ? Nenni ! La presse est-elle plus libre ? Les Béninois vivent-ils mieux ? Ont-ils une conscience plus accrue des notions de Nation, de Patrie ? Trois fois non !!! Les scandales ont-ils disparu ? Que nenni ! Ils se sont plutôt densifiés.

Au total, « On n’est jamais mieux servi que par soi-même » enseigne la sagesse. Le régime n’a donc fait que se servir, en attendant qu’on lui enlève le trop perçu. Car « On peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais jamais tout le peuple tout le temps ». La vérité va se savoir…

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