Comment j’ai été arrêté, frappé et humilié par la brigade territoriale de cotonou

Bénin – Il fait mauvais de circuler sans ses papiers à l’approche de ces élections. Hier nuit j’ai été capté par les éléments de la brigade territoriale et j’ai passé un sale quart d’heure. Pire, une sale nuit. En fin de compte, ils nous ont relaché à 14h le lendemain avec la menace de la prison si jamais on est pris à nouveau…

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Alors voila, hier au alentours de 00:30 j’étais avec Hermann et on rentrait à la maison. A Gbégamey, sur le pavé de l’annexe à VereChaguine, on se retrouve nez à nez avec un Char de guerre. Ah tiens, c’est l’exhibition des forces armées ou quoi? Pas du tout. Un pickUp s’arrette à s’en rompre les freins et un militaires l’air menacant sort et nous demande nos papiers. Hermann avait les siens, pas moi! Erreur! Je suis alors conduit par les autres elements vers l’arriere du pickUp et voila le départ pour l’enfer.

Ah si j’avais su. Si seulement j’avais su, jamais je n’aurais laissé mes papiers à la maison. Et jamais je n’aurais été aussi serein dans la voiture.

Hermann lui nous a suivi pour savoir ou ils nous emmenaient.

Erreur de lui, il a aussi été passé à tabas…

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Morceau choisis:

On arrive dans la brigade. Ils nous débarquent de la voiture avec des coups de ceinture. Une fois à terre ils commencent à nous gifler pour qu’on se couche à terre face contre terre (sable).

Ronflez… Ca dure 10mn.

Puis des coups de ceinture pour qu’on coure s’alligner dans leur salle. La, ils nous mettent à genou à la queue leuleu.

Voila des gamins qui sillonnent les rangs et tapent dans le lot avec tout ce qui leur tombe sur la main: giffles, coups de pieds, coup de tête, on nous cogne les têtes les unes contre les autres…

Puis on fait ramper pour aller vers un autre militaire qui nous fait les poches et note sur un calepin les biens de chacun.

Moi, y a un petit qui dit ‘lui là il est trop gros ». Il s’approche, me prend par la poitrine et tate mes seins à la maniere d’une femme. Je suis toujours à genoux. Je lêve les yeux pour le regarder et il me dit:  » tu veux me taper? »

C’est assez pour que deux autres se joignent à lui pour me tabasser encore plus!

Apres, ils me demandent de faire des pompes poings fermés. Y en a un qui s’amuse à me tirer le jean.

Ensuite ils m’envoient vers un autre, le portier de la cellule qui me demande de me deshabiller. Ce que je fais.

Il remarque ma bague et me demande pourquoi est ce que je n’ai pas remis ca à l’autre, et que je suis certainement entrain de préparer de les agresser avec ma bague. Un coup de baton sur la main et un ordre de courir me font partir de la à toute allure. lol.

Je reviens et j’ai droit à la cellule. Un vingtaine de personne dans la salle obscure. Une atroce odeur d’urine mélangée à la chaleur agresse mon sens de l’odorat. Un prisonnier m’intime l’ordre d’aller contre le mur.

Contre le mur, y a qu’une seule place disponible. Près, très près d’une grosse flaque d’urine. J’hésite, cherche du regard un autre endroit. Le policier portier me crie: « Il est encore debout? Assis! »

Je m’exécute…

A ma gauche, une grosse flaque d’urine datant peut être de l’époque coloniale, à ma droite un lascar aussi chétif que Lucky Luke dans les épisodes où il poursuit les Dalton sur de trop longues routes désertiques. En plus, le fils de pute n’arrettait pas de tousser sauvagement. Tu parles des microbes!

Nuit terrible. Il était 1:15.

 

Les bandits avec qui j’étais dans la cellule bavardaient sans pudeur. Normal ils sont habitués des lieux…

 

Ca pétait, ca pissait, ca toussait toute la nuit.

Les odeurs de sueur, de pisse, de pet… Pas moyen pour moi de dormir. Je réalisais à peine je c’était bien vrai tout ca.

A force de pisser dans la flaque d’urine, j’ai été innondé et mon jean en a bu autant qu’il pouvait. A la bonheur, j’avais un lit plus ou moins sec. Je m’allonge. Mes idées se bousculent dans la tête. Je suis excité, angoissé, mais j’arrive pas à dormir…

 

Le jour se leve.

On nous sort, on nous « manoeuvre » dans la cour de la gendarmerie.

Ah j’oublais. On a lavé les toilettes avec l’urine avant de sortir.

Dehors, l’air frais est un pur bonheur! Ils vont nous laisser car il se peut qu’il y a des fonctionnaires, des employés. Tu parles.

Ramassez les balais et au travail.

Ma corvée à moi, déshabiller un arbre donc l’écorce est sur le point de s’enlever.

Cette fois, les mecs de la nuit sont partis. Y a une autre équipe en place. De vrais gendarmes, grands et forts. Et aussi nerveux. Tant mieux, le gros Loyc fera plus d’éfforts. Moi qui ai toujours promis me remettre au sport, voila une belle motivation. Ca dure 1H. On balaie, on ramasse des ordures à la mains, on sarcle avec les doigts, on lave des voitures des patrons… Cette fois j’en peux plus. Je déclare que je suis asthmatique. Surprise, ils me demandent de m’asseoir puis d’aller voir le Boss pour lui demander que je rentre. Il doit être 9h.

Je vais au bureau du boss, mais il n’est pas la. MALHEUR!

C’est la que j’apercois Hermann qui sort d’une autre cellule. Je suis tout surpris. Hermann est arreté? Moi j’espérais qui’il soit allé cherché de l’aide. Mais pourquoi? Pas moyen de lui parler.

Je rejoins le peloton dans la cellule.

 

Là je me dis qu’on va pas tarder à partir.

Finalement on se sera libéré que 4h plus tard. Entre temps je me suis habitué à l’ambiance et j’ai pu dormir.

Entre-temps, je vois des detenus avec des tel.

– Est ce que que je peux envoyer un SMS?

– Non, plus de crédit. Mais tu peux envoyer un Rappel ou un Pay My Call

J’en ai envoyé 3. Aucune reponse. Personne ne rappelle sur un num qu’il connait pas.

Moi mon cell est confisqué. Ah si je pouvais l’avoir rien que pour 5mn, y a longtemps que je serais sorti de cette ga-lè-re!

 

L’autre tuberculeux la, il toussait toujours…

 

Je serai libéré en même temps que Hermann. C’est là qu’il m’explique ce qui s’est passé.

C’est vraiment pour moi le lieu de célébrer l’amitié.

Hermann, c’est vraiment un ami! Je pèse mes mots. Il est de la race qu’on ne fait plus aujourd’hui.

Ce gars est en Or. Je me demande si je suis capable de donner autant que lui.

Hermann, faut que tu restes comme tu es! Il le faut. Tu sais pourquoi je dis ca.

 

Voila. Y a mon ami Martial qui est venu nous rejoindre. Hermann avait pu le contacter depuis sa cellule.

C’est rafraîchissant.

Je rentre, je me la-ve! J’ai manqué de peu de mettre de l’eau de Javel sur la peau! Lol.

Voila mon déboire d’hier soir (19/01 – 20/01).

La moindre des choses à retenir, c’est qu’il faut pas sortir sans sa carte, surtout par ces temps d’élection. Jamais au grand jamais!

Aussi que nos forces de l’ordre ont du respect pour citoyens béninois. Enormément!

Et que la carte d’identité devrait mettre encore plus de temps à sortir de l’administration quand vous en demandez une. Actuellement le processus atteint aisément les 2mois.

Ceci est une histoire vraie racontée par un internaute béninois

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