L’instrumentalisation de l’armée béninoise considérée comme une cohorte d’épouvantails

Après la patience et la peur, l’indignation et la révolte ont généré en Tunisie la magnifique insurrection qui fait fuir le dictateur Ben Ali et sa femme qui le régentait.

Comme dans le jeu de cailloux auquel les gamins que nous étions jouaient au bord du lac Ahémé à Sègbohouè, les ricochets du soulèvement populaire en Tunisie ont atteint l’Algérie avant de provoquer en Egypte des houles qui se propagent au Yémen.

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Dans la France officielle qui n’a que des intérêts dans « les pays en voie développement » ou émergents comme on dit par litote, on a vu, voire, entendu les bégaiements du gouvernement dont les hiérarques ne faisaient pas mystère de leur Amitié de longue date pour les chefs d’Etat maintenant dans des étaux noyés dans la gadoue.

Si Monsieur Thomas Boni Yayi désire jouir d’une telle situation avant d’être battu à l’élection présidentielle de 2011, ce n’est pas moi qui le découragerai ; même si le satisfécit de Monsieur Claude Guéant, Secrétaire général de l’Elysée, lui servait virtuellement de point d’appui, un rapport semblable à celui de l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki révèlerait les fautes et les compromissions d’une coterie sous influence.

 

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Oser célébrer en février 2011 le 50 ème anniversaire de « L’Armée dahoméenne » créée en juillet 1960 est anachronique et incroyablement cocasse ; c’est, aussi, considérer cette grande Institution. comme un groupe d’épouvantails destiné à faire peur aux farlouses ou de marionnettes que le chef d’Etat manipulerait comme bon lui semblerait.

Puisque Monsieur Thomas Boni Yayi naquit le 1er juillet 1952, ses amis pourraient célébrer son anniversaire juste après sa défaite à l’élection présidentielle en février et mars 2011. Les évangélistes du Forum OKEITCHABE qui m’ont écrit en citant des passages de Saint Matthieu détournés de leur contexte vont-ils encore braire en me traitant de « traditionnaliste »?

En France, mon premier vote en 1949 était pour Pierre Mendès France ; militant socialiste je n’ai jamais troqué mon abada contre quoi que ce soit.

 

Célébrer anachroniquement le 50ème anniversaire de l’Armée béninoise en l’instrumentalisant est humiliant et ignoble ; le Général Mathieu Kérékou n’ayant jamais songé à infliger une telle bassesse à la corporation des militaires, ni à celle des gendarmes ou des polices…..

L’Histoire me l’a appris : en réorganisant le Danxomè, le roi Ghézo procédait aussi à son développement ; par contre, le CHANGEMENT prôné par Monsieur Thomas Boni Yayi demeure un miroir aux alouettes, une faillite sans précédent depuis l’indépendances de notre pays.

La réforme de l’Armée de Danxomè a été caractérisée par la création de l’Armée de celles que ma grand-mère[1] (Yoruba originaire d’Abeokuta) appelait « Ahwànsi » connues sous le nom d’Amazones qui contribuèrent efficacement à mettre un terme à la domination d’Oyo .

Les Béninoises qui symbolisent le courage, la force et la dignité de leurs ancêtres ne doivent pas se laisser manipuler.

J’ai eu honte en les voyant défiler en treillis sur l’avenue des Champs Elysée. Il eût peut-être paru folklorique, mais puisque c’était le 14 Juillet, donc une fête, il eût été culturellement significatif et magnifique qu’elles fussent parées comme au temps de l’illustre Fondateur de leur corporation.

En les voyant aux Champs Elysée, je me suis souvenu de La France et Les Noirs[2], ouvrage sobre dans lequel Jean Guéhenno, Inspecteur général de l’Education nationale( plus tard Académicien), a relaté sa visite au prince Justin AHO qui l’avait reçu au palais royal, à Abomey.

L’inculture au cœur du gouvernement de Monsieur Thomas Boni Yayi empêche le Premier magistrat de faire valoir les potentialités de notre pays. Etre sous influence, voire, comme aux ordres de l’ex-puissance coloniale ne contribuera jamais au développement social et culturel du Bénin….

 


[1] J’ai rapporté dans Les Appels du Vodún comment , mon grand-père paterne, déserteur de l’Armée du roi Ghézo, avait enlevé la jeune fille Yoruba qui deviendrait sa femme ! Cette anecdote romantique m’avait beaucoup rire mais m’avait mis au cœur des événements.

[2] Edits Gallimard, Paris 1954.

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