Sur les nouveaux chantiers de l’information diversifiée

Cette livraison de nos publications, la première en ce début de janvier 2011, marque la rentrée médiatique de «La Nouvelle Tribune» qui prend sa part des bonnes résolutions. Il s’agit de rester coller à la tradition des engagements d’innover là où il y a urgence et d’inscrire cet objectif à notre carnet de route annuel. Sur le terrain de l’animation journalistique, l’année écoulée aura enregistré au Bénin beaucoup de productions et de débauche d’énergie. Les confrères ont pu à leur manière s’ériger, non sans difficultés, en watchdog de la démocratie.

Un constat majeur cependant: jour après jour, les manchettes se sont consacrées à la dimension politicienne de l’actualité. L’opinion a eu droit aux croques-en-jambes entre adversaires de même camp ou de camps opposés, aux règlements de comptes quand elle n’est pas exposée à l’exacerbation des clivages ethniques sur fond de béninoiseries plutôt qu’à la capitalisation des différences qui fait avancer. «La communication politique» tous azimuts vient finalement étouffer les lignes éditoriales. Les régies publicitaires, évoque-t-on, ont besoin de ratisser large pour permettre à la comptabilité d’assurer les charges très élevées du fonctionnement quotidien des rédactions. Exit la diversité qui fait ailleurs «la richesse des peuples» et qui ne fait pas forcément recette ici. Un tel choix souverain est à craindre lorsque l’espace médiatique ne varie pas de contenu thématique ou est peu ou pas du tout dédié à autre chose. Les médias devraient tout autant se préoccuper de notre milieu naturel –l’environnement- et de l’état de notre agriculture, en gros du développement durable.

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L’unanimité est faite de la réalité têtue des changements climatiques avec leur cortège d’impacts négatifs sur le développement de l’économie et le bien-être des populations. On s’attendait aux inondations annoncées qui ont enfin frappé les populations démunies, le long de la côte ouest-africaine. De Lagos à Dakar en passant par Cotonou, Lomé, Accra et Abidjan, c’est à peine si les uns et les autres, les décideurs en tête, ont pris les précautions qu’imposent les alertes répétées émises par les institutions de prévisions climatologiques. Et la fausse surprise née de l’avènement du phénomène a eu pour effet des appels au secours peu scrupuleux, en direction de la communauté internationale. Comme si l’effort intérieur pour juguler les drames causés ne devrait être consenti qu’après coup. Et il y a là, vraisemblablement, comme quelque chose qui a échappé aux confrères qui ont manqué de mettre l’accent sur les dangers des bouleversements qui menacent la survie humaine.

Le contraire des inondations -qui est la rareté des pluies- a pour manifestation l’avancée du désert, déjà à nos portes. C’est la conséquence de l’effet de serre. Des spécialistes en parlent. Avec le relais insignifiant des médias qui n’osent pas aller au-delà des simples comptes-rendus de séminaires ou de colloques.

De mémoire d’élèves, d’étudiants et aujourd’hui de citoyens avertis, les hommes de média ont appris à savoir que le secteur primaire, celui de l’agriculture, est et reste le levier du développement des économies du continent. Nul doute qu’ils savent la part que prennent ces économies dans le commerce international (moins de 2%) en étant loin d’ignorer l’archaïsme des outils de production au champ.

A l’heure d’Internet, notre pays –comme si ce n’était pas vrai- détiendrait la fibre optique, un des instruments technologiques les plus évolués de la toile mondiale. L’outil centenaire qu’est la houe y a pion sur rue. Elle est légendaire mais ne répond plus aux exigences de l’économie de marché pendant que dans notre univers aujourd’hui mondialisé, on évoque la bioéthique avec son corollaire la manipulation des Organismes génétiquement modifiés (OGM). Là encore, nos médias se montrent peu intéressés, préoccupés qu’ils sont de savoir qui, au sein de la République, mérite de garder tel ou tel strapontin ou devrait être le leader incontesté de tel ou tel fief électoral. Non pas qu’il soit superflu de s’y consacrer.

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Chacun comprend que le temps est aux arbitrages nécessaires entre le sensationnel et le devoir de mettre le focus sur le vécu des populations voire sur leur droit à une vie réellement meilleure. Des choses sont à découvrir et à faire savoir des technologies agricoles. La vulgarisation des résultats de la recherche scientifique, talon d’Achille de nos publications, est devenue une nécessité. La gestion du seul fait politique ne suffit plus à nourrir l’âme de nos concitoyens.

A «La Nouvelle Tribune», l’ère qui s’ouvre devant nous est celle de l’information diversifiée. Cependant, elle ne devrait pas faire ombrage à ce qu’y si fait déjà de si bien. Ainsi, le statu quo devra se maintenir, encore un temps, vu les zones de turbulences que traverse notre vie politique.

Les Béninois ont l’art de répliquer automatiquement les innovations qui portent, se plaint-on si souvent. Notre pari serait tenu de voir des confrères nous emboiter les pas sur les nouveaux chantiers du front de la production journalistique.

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