Ce que les observateurs ne peuvent ou se refusent de voir

Que faire pour faire entendre, à la communauté internationale, la vraie voix des sans voix qui votent dans leur pays? Dans ce qu’il y a de légitime dans les lamentations postélectorales? De la Guinée-Conakry au Niger et au Nigeria, du Sénégal au Gabon et en Centrafrique, la problématique de l’observation des élections est la même. Que peuvent concrètement observer 20 personnes déployées sur une partie de la région méridionale du Bénin, en termes d’observation des élections? Pas grand’ chose. Sinon que ce qu’il leur est donné de voir, le jour du scrutin et, là où ils ont pu se rendre, en moins de 48 heures sur nos routes rocailleuses, presque impraticables, même pour les locaux qui devraient y être habitués. Des envoyés de la Cedeao à ceux du Ndi, en passant par les représentants de la Francophonie et de l’Union africaine…, tous ne mettent l’accent que sur ce qu’ils appellent «la transparence du vote, le calme des électeurs et des populations», pour conclure de façon péremptoire que le «scrutin est valide, en dépit des quelques irrégularités mineures constatées». L’avis de ces «experts» venus de partout, la veille seulement de la tenue des joutes électorales, peut ainsi compter, influençant la qualité des résultats sortis des urnes. Notamment pour le pouvoir en place qui s’en prévaut pour se donner davantage à cœur joie dans sa volonté de tripatouiller les votes. Pourtant, si ces observateurs qui débarquent, dans l’ignorance des partis de l’opposition, avec l’accréditation du gouvernement en place dont le chef rempile généralement, étaient vraiment des experts, tel qu’on le leur concède si facilement, ils devraient savoir que la sincérité de tout vote réside dans le système électoral mis en place, et, tout au moins dans l’établissement des listes électorales. Me Abdoulaye Wade a montré le chemin à ses pairs, pendant la dernière présidentielle qui l’a vu reconduire au pouvoir dans son pays. La mouvance au pouvoir dans nos pays ayant compris que la maitrise du fichier électoral est le secret de la victoire, elle ne se préoccupe plus de savoir si cette dernière le sera à la Pyrrhus. Les observateurs internationaux encore moins. Eux qui pèsent de leur poids en faveur des comportements répréhensibles du pouvoir qui les accueille. Qui dit même que certains organismes œuvrant dans le secteur de l’observation des élections ne sont pas suscités par des gouvernements étrangers qui les déploient pour soutenir moralement des despotes amis en baisse de popularité et menacés de perdre leur pouvoir? Tellement, il y en a eu ce dimanche 13 mars dont l’envergure et la crédibilité laissaient à désirer. De ce point de vue, leur propension à remercier en des termes dithyrambiques les seules autorités gouvernementales, de l’hospitalité qui leur est accordée reste suspecte.

D’où qu’ils viennent, nos observateurs à cols blancs devraient tous savoir que si ce n’est que pour venir justifier leurs perdiems en constatant simplement de visu le comportement des électeurs sur le terrain, il y a longtemps que les Béninois ont fini avec les actes de violences, le jour des scrutins. Et ils pourraient leur dire: «non, nous n’en savons que faire des observations». «Nous sommes certes un petit pays, nous n’avons certes pas grand-chose mais nous sommes un grand peuple. Nous sommes fiers de notre histoire; fiers de notre indépendance. Nous sommes fiers d’être le phare de la liberté pour toute l’Afrique», dixit Me Adrien Houngbédji, lors de sa déclaration du 19 mars 2011. Qui dit mieux?

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