Comment les faiblesses de l’opposition ont aidé Yayi

Mauvaise gestion du dossier Lepi, campagne présidentielle exécrable, excès de confiance, pénurie fréquente de moyens financiers…l’hypothétique victoire du président Boni Yayi  au premier tour est d’abord et avant tout due à l’Union fait la nation (Un) elle-même qui a étalé tout au long du processus de grandes faiblesses. Malin mais aussi prévoyant, le président Boni Yayi en a profité pour leur faire la fête. Si l’opposition a du mal à faire sortir la tête après la proclamation des grandes tendances et des résultats provisoires par la Céna (Commission électorale nationale autonome) et la Cour constitutionnelle, c’est qu’elle est encore sous le choc, occupée à régler de petits comptes  entre des clans divergents en son sein. Seul le candidat est monté au créneau de temps en temps pour réclamer sa victoire et s’autoproclamer président élu. Dans l’ensemble, l’union est restée moche. Manque d’initiatives et de prospectives politiques ? On ne peut le dire, seulement au regard de la périlleuse aventure électorale dans laquelle le gouvernement l’a plongée, il n’est pas moins sûr qu’elle soit en panne d’initiatives pour gérer cet affront. Cette attitude n’étonne guère puisque l’opposition réunie au sein de l’Un en est coutumière. Sur toute la ligne, elle a affiché une sorte de laxisme et d’amateurisme difficilement acceptables de gens qui ont une expérience politique acceptable. Mais comme on le dit, l’expérience n’est pas forcement synonyme de la compétence. Et en politique, elle ne manque pas d’avoir son pesant d’or. Et voilà l’Un devant le Ko, non envisagée par elle en dépit de son annonce tapageuse par les sbires du pouvoir, mais pourtant prévisible. En effet, la première maladie dont a été atteint l’Un est l’excès de suffisance et de confiance. Une fois qu’elle a relevé de grands défis comme la constitution de l’Un, le choix du candidat unique, les uns et les autres sont allés se reposer sur leurs lauriers, surfant sur l’impact psychologique de l’Un sur les populations. « Les populations nous ont toujours invité à l’union, maintenant que nous y sommes, ça les réjouit », tel est le chorus qui résonne dans la bouche de quelques ténors de l’Un. Ils n’ont pas vu le temps passé et ne sont pas restés assez attentifs aux soucis et aux vraies préoccupations  des populations au sein de laquelle résonne souvent « c’est l’union que nous allons manger ».  Cet excès de confiance a fait perdre de vue à ses leaders les petits détails. On les voyait banaliser tout et tout le monde.  A toutes les inquiétudes sur les manèges du pouvoir et les capacités de maîtrise de terrain du président Boni Yayi, les ténors de l’Un disaient souvent, « ils ne peuvent rien ». Pendant ce temps, la mouvance en a profité pour asseoir ses bases et bien peaufiner sa stratégie de victoire.

La Lepi de tous les malheurs

La prétention d’avoir réussi le coup de grâce en créant l’union a fait perdre de vue aux leaders de l’Un toutes les autres considérations. C’est ainsi qu’ils sont passés à côté de la gestion du dossier « Lepi ». Après avoir voté la loi N° 2009-10 portant organisation du recensement électoral national approfondi(Rena) et établissement de la Lepi, les députés de l’opposition ont commencé à y trouver des insuffisances mais aussi et surtout à bloquer sa mise en place. Certes, l’attitude n’est pas pour autant mauvaise puisque qu’elle vise à doter notre pays d’une Lepi consensuelle et bien faite mais on peut y déceler des bribes de machination politicienne. L’Un a aussitôt embouché la trompette de la dénonciation et du processus de mise en œuvre de la Lepi. Elle est allée plus loin en demandant le retrait de ses membres de l’instance de supervision des activités de mise en œuvre de la Lepi. Elle croyait ainsi arrêter la machine mais hélas. Les partenaires étrangers ont continué à y injecter de l’argent. Ce signe n’a pas édifié l’opposition pour qu’elle puisse se raviser. Au contraire, elle a vu les étapes passées sans réagir. Ses fréquentes dénonciations ont amené beaucoup de ses militants à ne pas aller se faire enregistrer, bien que les nombreuses défaillances techniques y ont aussi joué leur partition. Le coup de semonce vient de la Cour constitutionnelle qui, après une longue période de ping pong avec l’Assemblée « impose » la Lepi pour l’élection présidentielle. C’est alors que l’opposition fait pression de toute part pour exiger l’enregistrement des personnes laissées. Sachant que la Cour constitutionnelle ne lui est pas favorable, pourquoi l’opposition n’a-t-elle pas anticipé sur ce problème en invitant simplement ses militants à aller se faire enregistrer au moment opportun ? Une question banale que se posent maintes personnes. Grâce à cette Lepi, le gouvernement a réussi à amputer l’Un de plus du tiers de son électorat potentiel, soit près de 1,2 millions d’électeurs. Ainsi affaibli, Yayi en profite pour grignoter sur les plates bandes politiques  de cette opposition dans par ses opérations de charme.

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Une campagne calamiteuse

On était à mille lieues d’imaginer qu’une coalition politique de cette envergure, composée d’hommes et d’icônes politiques chevronnés qui ont fait leurs preuves par le passé, puisse faire une campagne aussi médiocre. Certes, on comprend que le directeur de campagne du candidat Houngbédji est à son premier essai dans une expérience du genre mais là arriver à cette médiocrité est simplement inconcevable. Minée par une crise financière aiguë, l’opposition a simplement bâclée la campagne. En effet, c’est un secret de polichinelle que l’Un a manqué cruellement d’argent au point ou plusieurs de leurs militants à la base, ont été déçus et ont rallié d’autres coteries politiques. « S’ils n’ont pas l’argent, ils ne peuvent pas avoir le pouvoir car ils vont piller encore nos ressources », fulmine un jour un militant au siège de campagne de l’Un. Conséquence, les structures décentralisées de l’union qui devaient appuyer le terrain fait par les leaders au faut niveau, sont restées amorphes et ont laissé les « verts » gagner du terrain. Pendant ces campagnes, l’Union s’est illustrée par les parades du candidat unique à travers le pays. Seules quelques initiatives privées ont permis de sauver les meubles et d’éviter le pire. Cette situation a-t-elle aussi hypnotisé l’opposition au point de faire une campagne  du genre. Le discours politique n’a pas existé. S’il a parfois existé, il n’a pas assez convaincu. Houngbédji peinait à convaincre les pulpations surtout celles des fiefs de la Rb où l’hostilité contre lui, est très grande depuis 1996. Plus grave, certains leaders n’ont rien fait dans leurs fiefs. Boni Yayi en a profité pour Conséquence, Houngbédji n’a pas rassuré les populations qui n’ont pas voté.        

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