La ville de Cotonou s’est réveillée hier comme si de rien n’était. Alors que la Cour constitutionnelle proclamait dans la nuit profonde de ce mardi les résultats définitifs du scrutin présidentiel, consacrant la victoire de Boni Yayi. Tout semblait dire que ces résultats n’ont plus surpris grand monde. A Cotonou, en tout cas, l’ambiance n’a pas tant varié toute la journée d’hier. La Cour constitutionnelle venait pourtant de proclamer les résultats définitifs du scrutin présidentiel du 13 mars 2011. Dans un passé lointain, un tel évènement faisait assez de bruits dans la ville. Les partisans du candidat gagnant, notamment, festoyaient à n’en plus finir. Dans les rues, les cris de joie, les klaxons de motos, véhicules et autres slogans de triomphe s’intensifiaient sur des jours. Mais la présidentielle 2011 a démontré tout le contraire. Déjà, à la proclamation des résultats provisoires par la même cour, les signes de l’indifférence générale des habitants de la ville étaient perceptibles partout. La journée d’hier est donc restée dans la même logique. Sauf qu’on a pu observer un groupuscule de gens qui s’enthousiasmaient déjà aux environs de 9 heures du matin devant la rue du domicile du Chef de l’Etat à Cadjèhoun. Ils n’y sont d’ailleurs pas restés pour longtemps. La sécurité présidentielle les obligera à vider très tôt les lieux. Dans les marchés, les buvettes, et sur les places publiques, le calme remarqué est si important que d’aucuns se posent la question de savoir si cette proclamation définitive n’a pas refroidi toute la ville. Le « K-O » dès le premier tour étant une première sous le règne de Yayi dans l’histoire du Bénin, l’on s’étonne que la ville ait accueilli sa confirmation dans une si grande indifférence. C’est à croire que les habitants dans leur majorité, ne le digèrent pas. Cotonou étant le fief de l’opposition, la chose peut se comprendre en partie, même s’il faut remarquer que Boni Yayi n’y a pas fait piètre figure lors de ce vote. Il a même raflé des voix importantes dans certains arrondissements de Cotonou, au point de faire dire à certains que les Soglo et autres n’ont plus la main mise sur toute la ville.
Reste qu’il s’agit là du constat d’une journée. Les autres jours pourraient faire sortir Cotonou de son mutisme, lorsqu’on apprend que plusieurs marches de protestations seraient actuellement en préparation dans la ville. Les milieux syndicaux viennent d’annoncer une grève générale dans l’administration publique dès le lundi prochain. Et entendent la lancer à travers des meetings géants et marches à travers la ville, selon certaines sources. Dans le camp du candidat perdant, Adrien Houngbédji, personne ne pipe encore mot. Sont-ils tous désarmés et abattus par ces résultats ou prennent-ils leur temps pour réagir ? Il semble que le dilemme est grand en ce moment quant à la position à adopter. Encore que des marches récentes organisées par l’opposition pour dénoncer un « hold up électoral » ont été sévèrement réprimées par la police nationale, avec à la clé, l’arrestation d’un député proche de Houngbédji, libéré après 24 heures de garde à vue au commissariat central de Cotonou.
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