C’est dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 mars que nous avons revu Joseph Gnonlonfoun pour la dernière fois, avant son annonce des grandes tendances du scrutin présidentiel. A l’issue de notre entretien et, une fois sur le chemin du retour, je n’ai pas manqué de partager avec mon confrère et directeur de la publication, Vincent Foly, la frayeur et l’ahurissement qui m’ont animé et qui continuaient d’animer mon corps et d’occuper ma pensée. «Crois-tu qu’il nous a révélé ce que nous avions si bien entendu et filmé de lui, en étant serein?», ai-je demandé à Vincent.
Arcbouté au volant de sa carrosse gris métallisé qui nous transportait, mon compagnon se retourne de son regard furtif dans ma direction pour me confier que tout au long de l’entretien, lui aussi ne cessait de se poser des questions, quant à l’état d’esprit peu rassurant que notre hôte affichait.
Au cours de l’interview vidéo qu’il nous a accordée -nous en détenons encore la bande authentique brute- l’homme était visiblement troublé et mal à l’aise. Malgré l’effort de self-control dû à l’âge dont il semblait faire preuve. Etait-ce à cause de la nature des sujets débattus ou du punch des questions qui lui étaient assenées? L’un ou l’autre. Les deux à la fois, peut-être. Une conclusion sur cette base serait un peu hâtive. Nos questions, nous les avons débitées avec des mots et dans des tournures assez simples et ordinaires. Comme à nos habitudes, en toute courtoisie. L’un venant en complément de l’autre, quand c’est nécessaire. Pour la énième fois.
Il faut préciser que pendant son très court mandat à la tête de la Céna -un mois et demi en environ- ce devrait être, avec lui, ma troisième visite professionnelle. Et pour la postérité, nous tenons de M. Joseph Gnonlonfoun trois grands entretiens repartis sur divers sujets allant du court délai dont son institution disposait pour tenir ses engagements à l’incertitude de l’établissement de la liste électorale et de sa transmission à son institution dans le délai, par la Commission politique de Supervision/Mirena. Vous vous souviendrez de l’une de nos manchettes portant le titre: «Mission quasi impossible». De sa perspective, nous tenons également ce qu’il en est de cet autre épisode de la «traitrise» supposée du chef de l’Etat qui nomma un autre haut fonctionnaire de l’Etat, en ses lieux et place, à la présidence de la Cour suprême, après lui a voir promis le poste, tel que l’accrédite dame rumeur. Et nous croyons surtout avoir battu le record du nombre d’interviews recueillies de l’homme sur la période, tout en pariant avoir fait crépiter le plus de flash de camera sur sa personne pour des séances photo. Des photos de lui, sous presque toutes les coutures et dans tous les états, nous en disposons pour le long terme et à vie.
Cas psychanalytique à explorer?
Qu’est-ce qui a donc pu perturber et pousser notre haut magistrat à faire ces révélations qui ne l’arrangent guère mais qui, au contraire, apportent de l’eau au moulin des contestataires du jeu électoral de la présidentielle dernière? Ce peut-être, avions-nous pensé, un instant, le manque de digestion du plat qu’il venait d’avaler, un peu sous la pression involontaire de notre présence. Avant de nous rejoindre pour se prêter à nos questions. Pourtant, nous n’étions pas pressés, malgré l’heure tardive (au-delà de 23h) et n’avions montré aucun signe d’impatience qui ait pu pousser l’homme à vite gober sa nourriture? pour nous rejoindre. Dans tous les cas, il était hésitant, cherchant ses mots pour finir par reprendre ses phrases. A maints moments de l’entretien.
Ce qui a pu déterminer le président de la Cena à faire ces révélations a pu être son subconscient d’homme ayant encore du scrupule à revendre. Pour avoir reçu d’anciens compagnons de l’opposition, sur la question des urnes non scellées, flanqués d’un huissier à ses trousses, lequel est venu lui signifier un exploit, fut-il tronqué, et d’avoir eu à affronter une foule de manifestants criant à tue-tête avoir pris des fraudeurs la main dans le sac, Joseph Gnonlonfoun n’avait-il pas été obligé de céder? Il n’aura pas pu, face à la vérité de sa conscience, échapper à des hommes de médias teigneux et connus pour leur respect des règles déontologiques et éthiques, lesquels hommes de medias officient pour un canard dont la constance de la ligne éditoriale est depuis une décennie cataloguée à tort dans l’opposition.
Au finish, ce cas où l’homme a avoué des choses inavouables contre le bord politique auquel il appartient (il est de la mouvance au pouvoir) pourrait relever de la psychanalyse. Ce domaine peu exploré sous nos tropiques devrait progressivement entrer dans l’univers des recherches universitaires pour amener les étudiants et enseignants-chercheurs à nous aider a comprendre par nous-mêmes les comportements sociopolitiques des gens de chez-nous.
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