Impression des bulletins de vote de la présidentielle: des doutes sur l’attribution des marchés aux imprimeurs

La polémique autour du scrutin présidentiel du 13 mars ne finira pas certainement de si tôt.  Au nombre des procédures engagées, pour en arriver a l’impasse où nous en sommes, le tirage a grande échelle des bulletins de vote suscite des débats. La sélection des imprimeurs sans appels d’offres, des travaux non sécurisés, des sous–traitances tous azimuts avec d’autres petites imprimeries…  Tant de faits qui  suscitent des interrogations, tant ils semblent n’avoir pas respecté les normes requises. «… Monsieur le ministre, nous venons par la présente vous transmettre la liste des imprimeurs retenus par la Cena dans le cadre de la confection des bulletins de vote  du premier tour de l’élection présidentielle de mars 2011». Cette lettre (Voir fac-similé)  est signée du président de la Cena, Joseph Gnonlonfoun, qui l’adressait récemment au ministre des Finances et de l’Economie  afin de l’informer des quatre imprimeurs appelés à faire le travail. Il s’agit notamment des Imprimeries «Nouvelle Presse», «Imprimerie Tundé», «Imprimerie Minute et Magnificat» et «Ipcb».

Contrairement aux précisons nécessaires dans l’attribution des gros marchés de l’Etat, la lettre ne précise en rien s’il s’agit d’un appel d’offres dûment organisé ou d’un marché gré à gré,  conformément  aux lois et  textes en vigueur. On pourrait donc en déduire que ces quatre imprimeurs ont été retenus de la plus simple des manières, avec  la possibilité que des relations et intérêts éventuels des uns et des autres aient pu beaucoup jouer. Lorsqu’à la fin de la lettre, le président de la Cena souligne  que «dans le cadre de la régularisation du choix desdits établissements (ou entreprises), nous vous demandons de bien vouloir instruire le Directeur national du contrôle des marchés public pour nous assister», on croit comprendre que ce n’est qu’après les avoir retenus, que leur situation sera régularisée pour entrer dans le cadre règlementaire normal. La confusion  s’installe ainsi autour de l’attribution de ce gros marché qui a couté des milliards à la caisse de l’Etat lorsqu’on rapporte que le prix unitaire du  bulletin de vote a été fixé à 300 FCFA.

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L’autre inquiétude soulevée est relative à la sécurisation des lieux d’impression desdits bulletins de vote. Contrairement à un passé où la périphérie des imprimeries sont gardées par des forces de l’ordre pour veiller au grain au bon déroulement des travaux,  c’est tout le contraire qui s’est déroulé cette fois-ci. Les bulletins de vote du scrutin du 13 mars auraient été confectionnés dans des conditions assez légères où personne ne surveillait presque rien. Des  informations  font également état de ce que d’autres imprimeries de moindre taille, en dehors des quatre retenues, auraient également été mises à contribution par des formes de sous-traitance «douteuses et maladroites». La fuite des bulletins parallèles  de  ces imprimeries ne serait  donc pas à écarter, confortant la thèse de ceux qui crient, sur tous les toits, que des bulletins cachetés à l’avance auraient été distribués à des électeurs qui les ont substitués dans les isoloirs par ceux officiellement utilisés.

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