Bénin – Normalement une victoire devait apporter la joie et le soulagement mais celle, hypothétique, obtenue par Yayi à l’issue de l’élection du 13 mars engendre paradoxalement une attitude contraire chez les caciques de la mouvance présidentielle. Depuis, l’anxiété et la crainte gagnent le Chef de l’Etat et son staff. Et de peur de l’inconnu, le pouvoir ordonne la répression impitoyable de tous les mouvements de protestation. Avec une violence inouïe. L’honorable Raphaél Akotègon en a même été victime hier, ainsi que des dizaines de béninois anonymes dont un journaliste complètement défiguré. Député arrêté et violenté, militants dispersés et blessés gravement, journalistes défigurés et privés de leurs bandes, usage disproportionné de la force armée sur des manifestants pacifiques. L’image ressemble bien à celle des républiques bananières d’Afrique où règnent des dictatures déguisées en démocratie. C’est ce à quoi ressemble Cotonou et plusieurs villes du pays depuis quelques jours. On croyait être exorcisé du mal mais hélas, il nous rattrape. Pour dissimuler la gravité de la faute et se dédouaner, comme c’est l’habitude ici, le fautif coure à la télévision nationale et balance un communiqué dénonçant un complot contre le peuple et le recrutement d’individus armés pour troubler l’ordre dans le pays. Et c’est la dénonciation permanente du complot, comme dans le régime totalitaire de Sékou Touré en Guinée. C’est donc au nom du complot qu’on est entrain de fomenter contre lui que le gouvernement installe la terreur dans le pays. Oui, terreur puisque le quadrillage de la ville dont on disait bénéfice pour la sécurité des béninois n’a pu empêcher les braqueurs d’opérer en plein jour hier à Cotonou et sur la voie de Ouidah. Bilan : une perte en vie humaine et 20 millions emportés. On put comprendre qu’il ne s’agit pas de déploiement militaire et policier pour sécuriser les populations mais plutôt de dispositif pour les terroriser. Sinon comment comprendre qu’on ait pu envoyer une dizaine de chars, de camions militaires et des centaines de policiers et de militaires dans la ville paisible de Porto Novo où désormais, il est interdit de discuter aux abords des rues en groupe de personnes. Les moindres manifestations sont systématiquement réprimées dans une violence inouïe. Au nom du complot tout est possible. Le député Raphaél Akotègnon à la tête de la manifestation à Akpakpa hier a été arrêté et molesté par la police bien qu’il portait son échappe. Conduit au commissariat central, il y sera maintenu pendant des heures dans des conditions indignes de son rang, avant d’être présenté au procureur de la république et retourné au commissariat central pour y passer la nuit. On l’accuserait d’être l’instigateur du soulèvement des populations et d’avoir tenté de verser de l’essence sur un policier. Son sort est scellé, il sera jugé et peut être emprisonné. Le plan de liquidation de l’opposition est en marche. Au nom du complot, notre confrère Séidou Choubadé, correspond à Porto-Novo du quotidien Le Nokoué peut être battu sauvagement et défiguré par des policiers alors même qu’il passait seulement. La présentation de sa carte de presse n’a pas arrêté la barbarie des « nouveaux seigneurs de rue » décidés à le finir. Les organisations de défense de droit de l’homme devaient sauter sur le cas du Bénin où règne desormais la loi martiale. Mais en vérité, ce qui amène cette attitude c’est la peur morbide du pouvoir de voir l’insurrection populaire depuis le hold up électoral du 13 mars et la proclamation du Ko qui a plongé le pays dans le deuil et la consternation. De quoi a donc peur Boni Yayi, lui tant aimé par le peuple qui l’a élu au premier tour ? De quoi a-t-il peur, lui qui dispose d’une armée puissamment équipée face à des opposants flemmards ? Peut-on gagner dignement et honnêtement et être si affolé ? C’est la question que se posent maints béninois.
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