Recensement: une foule toujours nombreuse et très en colère à Calavi

Bénin – Hier encore, les non inscrits d’Abomey-Calavi, comme à Cotonou, sont sortis très nombreux pour tenter de se faire recenser. Peine perdue. Les opérations ont évolué à compte-gouttes toute la journée à l’indignation générale de la foule. Combien étaient-ils hier dans la grande cour et les alentours de la mairie d’Abomey-Calavi ? 1000, 2000, 3000, et même 4000 sans doute. C’était une véritable marée humaine à la quête d’une carte électorale pour voter dimanche prochain, si la date est maintenue. Hommes, femmes, jeunes, personnes âgées…

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Ils étaient tous présents déjà aux environs de 08 heures, après avoir erré en vain sur les mêmes lieux, toute la journée d’avant. Impossible de se faire enregistrer à temps. Ou presque jamais. Hier en tout cas, les non inscrits ont vécu un calvaire sans pareil à la mairie d’Abomey-Calavi. Seuls, deux rangs formés permettent d’avoir accès aux opérateurs kits. Il n’existe également que deux kits sur les lieux pour enregistrer ces milliers de non inscrits. «Vous vous rendez compte ! Vous voyez la pagaille qui se déroule ici ? C’est incroyable que cela arrive à notre pays » se désole Hounsou Rigobert qui a rallié les lieux depuis 7h30, mais ne s’est toujours pas fait recenser, après 10 heures d’attente. Mais il ne se décourage pas pour autant. « J’y resterai tant que mes forces me le permettront » affirme-t-il. Ils sont nombreux dans le cas, comme cet homme âgé, 74 ans, cheveux blancs, mais toujours solide. « Mon enfant, c’est dommage. Regardez cette immense foule. On dirait que tout Calavi est sorti pour se faire recensé » observe-t-il. Ils sont effectivement venus de partout de la commune d’Abomey-calavi : Temkpè, Togba, Houèto, Houèdo, Akassato, et autres. Tous ont abandonné leurs différentes occupations pour venir se faire recenser.

 

Bousculade et violences verbales en permanence.

La colère est visible sur tous les visages. Difficile d’avoir accès hier dans la grande cour de cette mairie. Deux policiers tiennent péniblement l’entrée, parfois obligés de se servir de leur matraque pour reculer une foule courroucée. Certains veulent forcer pour rentrer dans la maison, parce que fatigués d’attendre éperdument au portail. Puisque, c’est justement une fois à l’intérieur, que l’on peut se mettre dans les kilométriques rangs qui ne cessent de s’allonger encore. Cette étudiante a fini par se décourager et rentre chez-elle, après dix heures d’attente, à la croire. «Ce pays est tombé très bas avec cette Lépi là. C’est honteux » boude-t-elle avant de partir. Les agents de la mairie d’Abomey-Calavi aussi sont en difficulté sur les lieux. L’un des membres du protocole du maire, a été bloqué par les policiers lorsqu’il se pointa à la porte d’entrée. Il insiste et reçoit quelques coups de matraque. « Je n’accepterai jamais qu’on me traite ainsi » râle-t-il, promettant de rendre compte à l’autorité qu’il sert. Un cas dans cas. D’autres agents ont dû partir des lieux avant midi. Leur mairie d’ordinaire calme ayant été transformée en un vaste marché où grouille un monde fou. L’ambiance est vraiment indescriptible dans la maison. Même des véhicules de la mairie ont été stationnés dehors. Plusieurs parcs de garde-vélo ont été également érigés sur le coup pour sécuriser les motos des non inscrits. Au pied de la clôture face extérieure, plusieurs femmes assises à même le sol, attendent également leur tour. Mais risquent de ne pas l’avoir avant la tombée de la nuit.

 

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De nombreux non inscrits déçus, rentrent

Demi-tour. Aux environs de 17 heures, la foule a commencé à baisser. Ils rentrent en masse et en colère. « Nous n’avons pas que ça à faire, c’était juste pour montre notre esprit patriotique » lâche, dame Geneviève Sèmèvo, qui décide de s’en aller sans être satisfaite. La déception des uns et des autres est grande. Certains n’hésitent pas à pointer de doigts, le régime au pouvoir, l’accusant d’avoir orchestré dans l’ombre tout ceci. « Yayi sait ce qu’il fait. Il veut gagner facilement les élections, mais on verra » lâche, furieux, un conducteur de taxi-moto, «Zémidjan » qui a aussi passé des heures infructueuses sur les lieux. Les deux rangs formés depuis le matin ne se désengorgent pas pour autant. Ceux qui rentrent sont ceux qui n’ont pas eu accès à ces rangs. Ils pensent y revenir ce vendredi encore, dans l’espoir de se faire enfin recenser. Un nouveau calvaire certainement, lorsqu’on sait qu’ils sont très nombreux dans le cas. Le repêchage des non inscrits d’Abomey-Calavi évolue ainsi, dans un climat de désolation et de déception qui gagne davantage les coeurs. L’autorité locale est également désemparée. Elle n’a pas pu avoir accès à ses bureaux toute la journée d’hier, tellement, la foule était nombreuse. Mais l’homme reste optimiste, selon son entourage, nourrissante l’espoir que tout rentrera dans l’ordre d’ici à là.

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