Scrutin du 13 mars: une élection, deux présidents!

(Le scénario ivoirien se précise)
L’élection du 13 mars semble nous conduire inexorablement vers un bicéphalisme à la tête de l’Etat. Vingt quatre heures après la proclamation des résultats provisoires par la Cour constitutionnelle, Me Adrien Houngbédji, fort du soutien d’une bonne partie de la classe politique, déclare avoir gagné haut les mains l’élection. Ouvrant ainsi dans notre pays, et pour la première fois,  la voie  périlleuse des contestations postélectorales.

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Celà ressemble comme deux gouttes d’eau au scénario ivoirien. Aux termes d’un processus électoral  truffé d’irrégularités et de lacunes, le Bénin se tape deux présidents. Le premier est proclamé par les deux institutions chargées de la proclamation des résultats, la Cena(Commission électorale nationale autonome)  et la Cour constitutionnelle. Une nuance de taille, deux tendances sont issues de cette Cena. Une première rendue publique par le président dans la confusion totale – et qui fait passer Boni Yayi comme président élu au premier tour avec un pourcentage de 54% – est rejetée par le vice-président de cette institution soutenue par une frange de ses membres qui annonce que c’est Houngbédji qui est en tête avec  46% du suffrage. Le deuxième président, s’est autoproclamé hier au cours  d’une déclaration de presse. « J’ai gagné cette élection. Je suis le Président élu des béninois », a-t-il déclaré. Aussi, la formule trouvée pour discréditer la Cour et l’emballer dans le complot anti-démocratie est simple et sans fioriture, « Les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle et entérinant tout ce qui précède, ne sont qu’une preuve supplémentaire du grand complot ourdi contre la démocratie dans notre pays. Jamais je n’accepterai ces résultats. Je les rejette comme nuls et non avenus ». Propos d’opposant ? En tout cas, le candidat unique de l’Un a montré par le passé des gages de pacifiste et de démocrate et qu’il serait trop malencontreux d’affirmer de go qu’il est dans une logique de contestation aveugle après avoir perdu son dernier combat politique. En 2006, il est le premier à féliciter le candidat Boni Yayi dès lors que la Cour a proclamé les résultats provisoires. Mais cinq ans après, les circonstances appellent une autre réaction. Evidemment en 2006, il n’y avait pas de Lépi, l’outil par lequel le malheur arrive.  Et bien que la liste fût manuelle, les soupçons de fraude n’étaient pas aussi importants. Pour une première fois depuis 1990, l’élection présidentielle a été organisée sans que ni la liste électorale, ni les bureaux de vote n’aient été connus.  Dans ces conditions, il est loisible que les contestations naissent. Et Houngbédji, selon ses proches, n’est pas homme qui conteste s’il n’est pas sûr de son affaire. « C’est dans le mur qui se lézarde que le margouillat trouve sa place », dit un proverbe béninois.

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