Décision N°11-020/haac du 30 mars: pour qui roule la Haac ?

La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication(Haac) est-elle toujours une  autorité impartiale au service de la protection et de la régulation de l’information ? Depuis un bon moment l’institution dirigée par Théophile Nata montre des signes d’allégeance au pouvoir. En témoigne la dernière décision N°11-020/ Haac prise le jeudi dernier et qui interdit, contrairement à la constitution et à sa loi organique, la libre circulation de l’information.

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La décision N°11-020/Haac prise le jeudi 31 mars pour interdire la diffusion, la publication et le relai de discours de nature à troubler l’ordre public, à inciter à la violence… suscite encore d’énormes interrogations. C’est d’abord les circonstances de la prise de cette décision qui alimentent au prime abord les premières spéculations. Si on s’en tient à la date qui y figure, la décision de la Haac a été prise le 30 mars. Mais curieusement, ce n’est que 24 heures après que cette décision a été rendue publique, soit le jour où le candidat Houngbédji a fait cette déclaration. Une mauvaise coïncidence qui fait dire à certains que cette décision a été prise juste contre un seul homme. La question qu’on se pose est de savoir si la Haac a simplement antidaté cette décision pour ne pas donner dans l’opinion l’impression qu’elle a été prise juste après l’intervention de Me Adrien Houngbédji. Mais tout a été fait si maladroitement qu’on ne put douter  que c’est un montage. Le jour même, une chaîne de télévision privée de la place a monté l’élément et s’apprêtait à le diffuser quand son patron reçoit un coup de fil d’un important responsable de la Haac qui portait l’embargo sur l’élément. Une autre chaîne de télévision privée, plus prompte, a même déjà commencé à diffuser l’élément avant qu’on ne l’interdise.  La Haac, selon les témoignages, faisait feu de tout bois pour mettre l’embargo sur cette déclaration du candidat unique de l’Un. La question que se posent maintes personnes est de savoir ce qui explique cette détermination de la Haac à censurer cette déclaration. D’autant que ladite déclaration n’est pas pour autant séditieuse que l’on pouvait le penser. Certes, le président Houngbédji rejette les résultats définitifs proclamés par la Cour et invite le peuple à résister contre la liquidation de la démocratie et de l’Etat de droit. Nulle part, il n’invite le peuple à la violence  ou à troubler l’ordre public. La subtilité du discours de Houngbédji ne peut s’embarrasser de telles accusations. Qu’est-ce qui pouvait donc expliquer cette censure ? Seule la Haac pourra nous édifier.

 

Une décision incongrue

En vérité, cette décision de la Haac n’apporte rien à l’arsenal juridique de notre pays. Tout au plus, elle lui permet de s’enorgueillir d’avoir pris une décision et de montrer qu’elle est proactive. Mais dans la réalité cette décision n’apporte rien à notre profession si ce n’est qu’elle l’enfonce davantage dans les ténèbres. En effet, les restrictions à la diffusion ou la publication d’informations sensibles sont prévues dans le Code de déontologie et d’éthique dans les médias. Tout récemment encore, la même Haac a pris une décision pour réglementer la période des campagnes électorales.  Cette décision donne d’autres précisions sur le traitement de même que la diffusion et la publication de l’information pendant cette période. En prenant cette décision, la Haac n’apporte rien à la liberté de presse, ni à la régulation des médias telle que lui confère la constitution. D’autant plus que les journalistes ont toujours procédé au traitement des informations politiques en y soustrayant toutes les parties qui pouvait porter flanc à la révolte populaire ou la désobéissance aux lois de la république. La preuve, les différents communiqués du Pcb(Parti communiste du Bénin) ont toujours été extirpés des propos subversifs et des déclarations incitant le peuple à la révolte ou à la désobéissance aux lois de la république. Pourquoi la Haac veut-elle faire monter la tension dans le pays après une élection à polémique en interdisant la parole à un de ses plus grands acteurs. Dans le même temps, la Haac se montre incapable de régler le cas de la télévision nationale (Ortb) devenue une télévision totalement inféodée au pouvoir et où ne sont acceptés que ceux qui ont des atomes crochus avec le pouvoir.  Devant ce cas, la Haac ne se montre pas aussi prompte et laisse faire les choses. Idem pour Rfi dont les antennes sont brouillées chaque fois qu’elle veut présenter une émission critique sur le Bénin. Là aussi la Haac reste impuissante et confirme ainsi qu’elle est en mission pour Yayi.q

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