Laurent K. Gbagbo : le terminus!

Le crépuscule s’est fait en quelques jours sur le tout-puissant Laurent Koudou Gbagbo. Dernier acte d’une tragicomédie politico-militaire qui aura duré quatre mois et plus, la défection du Chef d’Etat-major des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) fidèles au président sortant. Le Général Philippe Mangou, dans une inconfortable position de soutien au régime Gbagbo malgré les appels de pied de  ses frères d’armes d’en face et de la Communauté internationale, s’en va enfin comme le symbole de la décrépitude totale du régime. Symbole hier d’un pouvoir qui tenait ses alliés par le ventre et par la terreur. Symbole aujourd’hui d’un régime fini. Symbole demain d’un régime défunt. Quand en décembre 2010, la communauté internationale a prononcé des sanctions contre Laurent Gbagbo et 19 de ses proches, mais que le Général Philippe Mangou avait été épargné de cette première série de représailles surtout d’ordre économique, il m’avait paru clair qu’il s’agissait d’une erreur stratégique. Les diplomates de l’Union Européenne n’ont fait que révéler aux fidèles alliés de Laurent Gbagbo, s’ils l’ignoraient encore, que dans leurs rangs, se tapissait un potentiel « traitre ». De fait, Philippe Mangou a été contraint de multiplier les gestes de loyauté envers le régime, allant jusqu’à décréter par lui-même l’interdiction de circuler dans Abidjan des véhicules de l’ONUCI et leur fouille systématique par les FDS. Dans les meetings populaires et les grands shows du truculent Charles Blé Goudé, Philippe Mangou en venait à danser. Danser et chanter à la gloire de Laurent Gbagbo et à la défaite promise aux forces étrangères annoncées pour venir déloger l’usurpateur.

Philippe Mangou dansait mal. Chantait faux. Et ne parlait pas vrai. Autour de lui, un certain nombre d’officiers supérieurs promus ces dix dernières années par le Président ivoirien sortant, avaient pratiquement pour charge de le pister et de le garder dans les rangs. Sa vie, celle de son épouse et de ses enfants tenait à cette loyauté forcée. A preuve, dans sa défection, il n’a laissé derrière lui aucun des membres de sa famille. Ainsi fonctionnait Gbagbo. Ainsi se comprennent les centaines de défections qui accompagnent la reddition des villes ivoiriennes les unes après les autres jusqu’aux portes d’Abidjan ces dernières heures devant les forces républicaines.

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De toute évidence, l’espérance de vie du régime Gbagbo ne se compte plus qu’en terme d’heures ou de jours tout au plus. En cas d’affrontements pour Abidjan avec les milices, les mercenaires et les militaires qui seraient restées fidèles au président sortant jusqu’au bout du bout. Auxquels il faudra ajouter les centaines de jeunes fanatiques enrôlés à tour de bras par Charles Blé Goudé. La partie est perdue. Echec et mat ! Laurent Gbagbo paie de son honneur et de sa dignité une obstination irraisonnée. Il le paiera peut-être aussi de sa liberté et de sa vie. Il le fait déjà payer à la Côte d’Ivoire par le sang de ses fils qu’il envoie à la mort pour lui garantir quelques heures de plus au pouvoir. Le statut d’opposant historique qui lui a valu la légitimité politique octroyée en 2000 par le peuple ivoirien et régulièrement reconduite par la communauté internationale de 2005 à 2010, tombe en lambeaux, terni par le sang des charniers et de ceux qui sont morts des mains des tristement célèbres escadrons de la mort.

C’était programmé pour finir ainsi. A chaque dictateur sa fin. S’il faut reconnaitre à Laurent Koudou Gbagbo un certain nombre de mérites comme celui d’avoir permis à Alassane Ouattara de prendre part à la compétition électorale présidentielle avec lui, les reproches qui peuvent lui être faits, ne serait-ce que pour les quatre mois qu’il a usurpé à la tête de l’Etat ivoirien sont immenses. Le combat pour l’ivoirité, il l’a remis au cœur du débat politique et en a fait son thème principal de campagne. C’est également le thème de ralliement de Charles Blé Goudé et de ses partisans zélés. Il ne seyait, ni pour l’Union africaine, ni pour la communauté internationale de soutenir un tel régime. Si nationaliste fut-il dans l’apparence. La Chine, la Russie, l’Afrique du Sud et l’Angola n’ont quand même pas fini par le lâcher sans raison.

Pour l’instant, les choses tournent en faveur d’Alassane Ouattara dont la résidence à l’Hôtel du Golf n’est d’ailleurs plus soumise au blocus. Les troupes de Laurent Gbagbo qui se délitent à vue d’œil ont sans doute besoin de tout ce qui leur reste de forces pour défendre le Palais présidentiel. Avec l’épilogue qui ainsi s’écrit par la conquête du pouvoir par les armes après les urnes, une autre conquête ne fait que commencer pour le président élu. Celle de la paix et de la réconciliation en Côte d’Ivoire

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