Nomination d’un premier ministre: la main «invisible» derrière le système Yayi

Annoncée le 27 janvier, lors de sa déclaration de candidature, l’idée bien curieuse de la nomination d’un premier ministre- non constitutionnelle- a été confirmée par le président Boni Yayi, lors de son investiture. Si l’idée paraît nouvelle pour le grand monde, elle a pourtant été agitée bien avant par un certain médiateur, au cours de diverses discussions et confidences. La source des idées du président Yayi semble être bien identifiée. Un médiateur pas comme les autres. Officiellement, il est en fonction à Porto-Novo où il s’occupe de la gestion des litiges et des contentieux entre l’administration publique et ses usagers. Officieusement, il semble être préoccupé à la Marina par d’autres choses plus importantes comme la proposition de stratégie de gouvernance politique pour le président Yayi. Depuis quelques mois, on note une grande similitude entre les nouveaux projets annoncés par le président Yayi et les idées de notre médiateur.  Une confidence faite lors d’une rencontre entre quelques acteurs de la société civile et l’homme l’illustre bien. La confidence remonte à quelques mois au moment où surgissaient les premières levées de bouclier contre les ratés et les erreurs du processus de réalisation de la Lepi. Alors que bon nombre de partis politiques se désolidarisaient du processus conduit dans une opacité inouïe et que le gouvernement ne semble pas trop les écouter, ces acteurs de la société civile étaient allés voir le leader du Think tank pour lui demander quelle solution trouvait-il, pour aider a résoudre la crise, déjà à son paroxysme. Mais non seulement il  a semblé conforter la position du gouvernement et de la Cps-Lepi mais, plus grave, il leur confie une information surprenante. « Selon l’arithmétique, disait-il, c’est le président Boni Yayi qui revient au pouvoir en 2011 ». Un de ses interlocuteurs lui demande sèchement: « il revient malgré tous ces scandales et erreurs ?». Oui, répond le gourou de Boni Yayi qui ajoute: « on va l’encadrer avec un premier ministre». L’information est lâchée. Des mois après, Yayi va la confirmer. De ces déclarations, on peut aussi comprendre que notre monsieur, suivez mon regard, est bien imprégné de toutes les manigances politiques autour de la réalisation de la Lepi. D’ailleurs, il ne s’en est pas caché le jour où la Liste électorale permanente informatisée a été remise au président de la Cena, Joseph Gnonlonfoun. Comme un cheveu dans la soupe, le médiateur était venu louanger le superviseur général de la Cps-Lepi Arifari Bako et les partenaires techniques et financiers qui ont mis la main à la poche pour financer l’opération. Comme le gouvernement et la coordination de la Cps-Lepi, il est resté muet sur les nombreux ratés et les erreurs dans le processus de réalisation du principal outil électoral. L’objectif ici étant de réduire considérablement  l’électorat des adversaires politiques du candidat Yayi et de favoriser ce dernier. A la place des leaders politiques, il a avalisé la Lepi. C’était le coup de grâce à donner pour authentifier l’instrument qui permettra à son poulain de gagner sans bavure. La suite, on le sait. La Cour constitutionnelle confirme le K.O de la Cena en fixant, par elle-même et en lieu et place des autres, le nombre d’électeurs ainsi que des bureaux de vote, sur l’étendue du territoire national.

La liquidation de la « vieille classe politique »

En vérité, l’homme travaillerait pour un plan plus global dont l’objectif est de liquider complètement «la vieille classe politique», celle des Soglo père, Amoussou, Houngbédji et consort. Yayi en rêve depuis 2006 et a réussi à emberlificoter la France et d’autres puissances occidentales à épouser cette cause. Reconnu comme bon stratège et manitou politique aux idées lumineuses et à l’intelligence rare, paraissait comme le bon pion pour conduire dans l’ombre le projet. D’autant plus qu’il bénéficie de la part du Chef de l’Etat d’un grand capital confiance et d’estime. Depuis 2006 en effet, ses idées ont beaucoup servi dans les conditions difficiles. Pour le remercier, on lui taille une place et un poste en l’élevant presqu’au rang de président d’institution constitutionnelle. Une véritable sinécure qui lui rapporte un salaire mirobolant qui dépasse celui de tous les ministres, assorti d’énormes avantages matériels. L’octogénaire aux affaires depuis 1960 se coule ainsi une retraite dorée et en profite pour positionner les siens un peu partout. Il peut se frotter les mains, n’étant pas président. Il a réussi à avoir un président-lige totalement acquis à sa cause. A qui il demande sans cesse et de qui, en retour, il obtient de se débarrasser de leurs ennemis communs. L’occasion est bonne pour régler des comptes aux anciens ennemis politiques qui lui ont barré la voie de la magistrature suprême en 1991. La liquidation politique était déjà en marche avec d’autres idées en vogue actuellement à savoir celle de la refondation de la république.

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