Bénin – Il est symptomatique qu’au cours de la campagne électorale la jeunesse ait été aguichée de toutes parts alors que les personnes d’âge avancé ont été laissées pour compte par tous les candidats à la présidence de la République. Et pourtant elles sont des électrices à part entière; et pourtant la constitution en son article 26 stipule que « l’Etat veille sur les handicapés et les personnes âgées » Je ne sais ce que signifie ‘’veille’’ et la promiscuité des deux termes handicapés et personnes âgées montre bien la condescendance et la commisération dans lesquelles sont placées ces dernières. Et pourtant ce sont elles qui transmettent leur savoir et leurs expériences aux jeunes pour leur permettre d’évoluer dans la vie. La parabole qu’affectionnait ma mère disait : «c’est le porcelet qui demande à la truie pourquoi son groin est aussi allongé et la truie de lui répondre : mon petit toi aussi tu arrives». Alors je propose une politique sociale pour le citoyen du troisième âge. Elle est fondée sur les préoccupations suivantes : le défaut d’une pension vieillesse pour ceux qui, leur vie durant, ont travaillé dans l’informel et n’ont pu cotiser aux fins d’une pension retraite, l’insuffisance de ladite pension pour les retraités de la fonction publique et, le cas échéant, ceux du secteur privé formel. Pour pallier ces situations, je suggère l’instauration d’une pension « minimum et complément vieillesse » dont l’Etat ne fera pas les frais. Le minimum vieillesse dont le montant à attribuer au citoyen ainsi que la période qu’il couvrira restent à déterminer par une étude plus approfondie, tout comme le complément vieillesse, sera une pension minimale dont devrait bénéficier tout citoyen béninois n’ayant pas été fonctionnaire ni agent du secteur privé formel donc n’ayant pas cotisé à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale pour s’assurer une pension vieillesse. Il aura donc un caractère substitutif. Par contre le complément vieillesse aura un caractère cumulatif dans la mesure où il intéressera le retraité de la fonction publique ou celui du secteur privé formel ayant cotisé à la Caisse pour la pension vieillesse au cours de leur période d’activité. C’est pour ce faire que je propose la création d’un Fonds national de Solidarité Vieillesse
Le principe du financement de ce Fonds sera basé sur l’esprit de solidarité des citoyens. La vieillesse est le lot de tout un chacun ; autant l’affronter de façon solidaire. Je propose alors qu’une taxe de solidarité soit levée sur un produit de grande consommation telles les boissons. Il ne s’agit surtout pas d’une taxe qui ira alimenter le budget national ; il ne s’agit surtout pas d’une taxe d’Etat qui ira se fondre dans les recettes de l’Etat et qui sera utilisée de façon anonyme. Il s’agira d’une taxe qui ne sera pas soumise au principe administratif de non affectation des ressources. Ce sera une taxe-cotisation souscrite par des particuliers pour un objectif particulier et spécifique. L’Etat n’interviendra que pour la canaliser ; pour canaliser des recettes qui ne lui appartiennent pas.
La taxation pourrait se faire ainsi qu’il suit : 25 francs sur les bouteilles d’un demi-litre ; 40 francs sur celles d’un litre, 75 francs sur toutes bouteilles de boissons alcoolisées et 100 francs sur les spiritueux spécifiquement ; soit une taxe moyenne de 60 francs par bouteille Les montants correspondants seront récoltés par le biais d’un ajustement de la TVA sur les boissons. Mais pour éviter toute confusion, ladite TVA devra comporter deux volets bien distincts : le volet commerce et le volet fonds de solidarité vieillesse. Lorsque nous misons sur une consommation moyenne de 100.000 bouteilles par jour pour l’ensemble de la population et que nous l’affectons de cette taxe moyenne de 60 francs sur la bouteille, nous arrivons à une recette annuelle de 2.160.000.000 de francs au titre de la TVA pour alimenter la pension minimum et complément vieillesse.
L’adhésion de la société à ce fonds c’est-à-dire à la taxe-cotisation sera fonction de la manière dont les services qui en auront la charge procèderont. Il faudrait commencer par sensibiliser la population en lui faisant admettre qu’il s’agit d’une mesure qui concourra à son bien-être personnel ; qu’il ne s’agit pas d’une taxe d’Etat. Et le peuple, quand bien même analphabète comprend toujours quand on sait lui expliquer les choses en prenant le temps qu’il faut ; en se mettant résolument dans sa peau et en utilisant la langue, les mots et les paraboles qu’il utilise. Une fois qu’il aura compris et pris conscience du fait qu’il prépare sa vieillesse lorsqu’il consomme une bouteille de bière ou de Fanta, il la boira avec d’autant plus de satisfaction et peut-être d’envie de recommencer. Cette campagne de sensibilisation pourrait être menée par le Haut Commissariat à la Solidarité Nationale qui pour ce faire pourra solliciter l’appui financier du Programme des Nations Unies pour le Développement
La constitution du capital initial du Fonds se fera de la manière suivante. Au terme de la période de sensibilisation de la population et à compter de la date de création formelle du Fonds, je suggère que soit observé un différé d’intervention de trois ans. Au cours de cette période, le Fonds aura capitalisé une somme d’un montant de 6.480.000.000 de francs. La collecte des deux premières années soit 4.320.000.000 sera placée par le Ministère des Finances sur le marché financier à terme pour une période d’un an. A l’issue des trois années, la somme récoltée c’est-dire les 6.480.000.000 augmentée des intérêts sur le placement des 4.320.000.000 sur un an sera transférée à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale pour servir de capital initial au Fonds National de Solidarité Vieillesse (FNSV) qu’elle gérera. Il est bien entendu que cette Caisse ne sera rien d’autre qu’un instrument de gestion : elle gérera un fonds privé. Et pour que les choses soient bien claires et les responsabilités juridiques bien établies afin de permettre d’ester en justice le cas échéant, je suggère que ses services soient rémunérés par le Fonds. Et puisqu’après tout il s’agit d’une affaire nationale et de bien-être du citoyen, je suggère que l’Etat soit présent au Conseil d’administration de ce fonds non pas par le biais du Ministère des Finances afin d’éviter l’amalgame mais par le Haut Commissariat à la Solidarité.
Comme organisme de suivi et de contrôle de sa gestion, je suggère que soit installé auprès du Fonds un Conseil de surveillance qui comprendra notamment, les représentants des agents ayant déjà cotisé à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, les représentants de ceux n’ayant jamais cotisé à ladite Caisse ainsi que les représentants des syndicats. Ce Conseil exercera un contrôle permanent sur la gestion et la santé financière de l’institution ; il sera impliqué dans toutes ses orientations stratégiques et aura accès à tous les documents. De plus l’Etat confiera à la Cour des Comptes la tâche de faire un rapport annuel ainsi que les recommandations nécessaires sur une gestion efficace du Fonds.
La Caisse pourra alors démarrer ses opérations en toute quiétude d’autant que son capital sera cumulatif dans la mesure où il continuera de se constituer permanemment par toute la population active. Dans notre entendement une telle institution ne devrait jamais accuser un déficit compte tenu du fait que son capital est cumulatif; l’essentiel étant que les professionnels établissent le bon ratio entre le délai de récupération c’est-à-dire la durée des cotisations versées et l’espérance de vie à partir du moment où le citoyen commencera à bénéficier du minimum ou du complément vieillesse
La viabilité financière du Fonds que nous préconisons tiendra au fait que les taxes-cotisations se feront tout au long de la vie du citoyen jusqu’à l’âge fixé pour commencer à bénéficier du minimum ou complément vieillesse alors que ce dernier ne commencera à percevoir son allocation qu’à partir de cet âge Contrairement à ce qui se passe pour les assurances maladie où les remboursements se font concomitamment avec les cotisations, le cotisant au Fonds National de vieillesse ne percevra rien jusqu’à l’âge fixé pour être éligible au minimum ou au complément vieillesse. C’est une haute garantie tout à la fois de fiabilité, de solvabilité et de viabilité.
Il est temps que nous cherchions à résoudre nos problèmes avec des solutions originales ; là est toute la responsabilité des cadres vieillissants. Que le citoyen s’évertue à émettre des idées, n’a jamais coûté cher à personne mais ce qui revient cher à l’Etat c’est de ne pas les prendre en considération lorsqu’elles le méritent.
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