Le très vaste cimetière de Somè, construit il y a quelques années seulement, offre déjà une image désolante. Herbes, hautes et sauvages, tombes en décrépitude, une sécurité presque inexistante… Un devenir qui s’assombrit à petits coups. Germain A. cherche en vain la tombe de son cousin défunt depuis bientôt 3 heures. «On vit un véritable calvaire dans ce cimetière» s’affole-t-il en cette matinée du mercredi 17 mai. Il n’a pas souvent le temps de venir prier pour la paix de son âme sur les lieux. Mais lorsque l’occasion s’offre à lui, il repart le cœur toujours amer. Il faut affronter les herbes sauvages et touffues pour atteindre certaines tombes. Germain en a eu pour son compte avec des égratignures au pied et des piqures d’épines sauvages aux bras. Bien des fois, il n’a plus envie d’y mettre pied, mais son parent décédé lui est tellement cher, à le croire, qu’il minimise les obstacles présents.
Le Complexe funèbre de Somè, situé dans l’arrondissement de Togba, commune d’Abomey-Calavi a été en effet construit sur un très grand domaine pour pallier au trop plein du cimetière Pk 14. L’évènement a été salué à l’époque par beaucoup de Béninois, même si la nouvelle distance à parcourir est assez longue pour les populations de Cotonou, notamment. Si certaines personnes disent n’avoir plus le choix, face à la surenchère autour de quelques fosses encore disponibles à Pk 14, ils cachent difficilement leur désarroi. Marcel T. agent commercial, n’a pas trop aimé que sa grande sœur décédée depuis 3 ans y soit inhumée. «C’est vrai que la maison est bien grande, très grande, même, mais il n’y a rien d’intéressant là-dedans» se désole ce jeune homme de courte taille.
L’intérieur n’offre vraiment aucun confort. Une étendue d’espace très mal entretenue. Des reptiles et autres animaux sauvages y seraient fréquemment croisés. Des cas de morsure de serpent seraient survenus ces derniers mois, selon l’un des gardiens qui préfère garder l’anonymat. Si la maison est entièrement clôturée, les murs érigés s’affaissent déjà à bien d’endroits et pourraient s’écrouler à tout moment. L’autre problème majeur qui se pose est le très faible éclairage de ce cimetière, ce qui ne garantit pas une visibilité absolue pendant la nuit. D’où la crainte des uns et des autres de voir des bandits et criminels venir profaner certaines tombes. Le cimetière Pk 14 a suscité les mêmes inquiétudes pendant des années. Reste que les grognes incessantes sur les médias de citoyens agacés ont contribué à améliorer son cadre et ses conditions sécuritaires. Celui de Somè placé également sous la tutelle de la mairie de Cotonou mérite la même attention. Il ne s’agira pas d’attendre seulement la fête des morts, célébrée chaque année en début du mois de novembre, pour redonner vie aux cimetières du pays. Il faut penser à un entretien permanent et y travailler pour, si tant est qu’on a du respect pour les personnes défuntes qui y séjournent. La voie d’accès au cimetière de Somè est aussi un autre gros problème à résoudre. Son état précaire continue de faire grincer des dents dans le rang des nombreux cortèges funèbres qui l’empruntent au quotidien.
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