Marché de Dantokpa: guerre ouverte entre les vendeuses de la place de Todomè

(Les révélations de dame Lucrèce Fandohan) La reconstruction de la place de Todomè au marché  de Dantokpa  n’a pas pour autant  ramener  la  joie, la paix et la quiétude tant attendues au sein des usagers. L’attribution des hangars et autres faits vicient davantage l’atmosphère sur les lieux au fil des semaines et des mois.

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Lorsque le projet de  reconstruction de la place de Todomè  au marché Dantokpa a commencé à prendre corps, beaucoup d’usagers étaient   heureux  de voir  enfin un lieu, alors en proie à d’incendies répétitifs, se transformer en un sous marché moderne. Le gouvernement  du  changement  en avait fait sa priorité, avec à la clé plusieurs descentes du Président Boni Yayi sur le terrain. Tout donnait à croire qu’il tenait à offrir véritablement des emplacements plus adéquats aux nombreuses  vendeuses qui s’y affairent, en remplacement aux hangars de fortune  et autres étalages précaires dont elles se servaient. Le résultat est là aujourd’hui.  Todomè offre désormais  une nouvelle image, avec ses hangars et magasins construits en matériaux définitifs, ses toilettes publiques, ses installations électriques et toutes les mesures  de sécurité  assurées surplace.

 

On les a donc relogées dans des installations plus  raisonnables, mais  c’est sans compter avec le fait que certaines vendeuses,  en ont tôt fait leur «propre business». En effet,  les places alors occupées leur ont été réattribuées, suivant un schéma conçu par  la Société de gestion des marchés autonomes (Sogema). Le principe, selon cette société, était que la centaine de  vendeuses officiellement reconnues comme propriétaires de place de vente, avant la reconstruction, devraient être privilégiées. Non sans savoir que c’était le «grand péché » qu’il ne fallait jamais commettre aux yeux d’autres vendeuses qui se sont mises à protester. La guéguerre  naquit alors et toutes les manœuvres étaient devenues « bonnes et utiles» pour frauder et sortir sa tête de l’eau.  Elles vendent des quantités importantes de denrées comme   l’oignon, l’igname et autres et veulent toutes être logées à bonne enseigne. Joseph Tamègonon, directeur général de la Sogéma, fera mettre sur pied une commission, composée entre autres, des représentantes de ces femmes pour gérer la situation.   Codjia Pélagie et autre Hounkpatin Sidonie, toutes vendeuses à Todomè  déclarent avoir  été victimes d’injustice et autres brimades dans ce dossier. Elles avancent des sommes allant de 500.000 à 750.000 Cfa qu’elles auraient dû payer pour avoir leur local chacune, sans jamais être totalement satisfaites. D’autres vendeuses évoquent même des interventions parfois musclées du commissariat de Dantopka pour les réprimer «injustement ». Mais des investigations menées laissent croire que le malaise est plus profond. A  la Sogéma,  Todomè est devenue une affaire de tous les jours. Une gangrène qui se perpétue. Les  responsables disent en avoir marre, pour avoir   déjà  été interpellés plusieurs fois au palais de la présidence sur le même  sujet.

Des sous-locations tous azimuts

En réalité,  le vrai problème qui se pose sur cette place de Todomè depuis qu’elle est reconstruite est relatif à l’exploitation illégale que les propriétaires font des baraques et magasins à elles attribuées. Tout est presque sous-loué sur les lieux. C’est la bonne affaire. Et chacun a sa stratégie et ses réseaux. Alors que  la Sogéma perçoit entre  1500 FCfa et 3000 FCfa, chaque mois selon  le type de local attribué, les vendeuses titulaires, se feraient  payer entre 25.000 Cfa et 35.000 Cfa mensuellement auprès  des sous-locataires. Beaucoup de sous sont ainsi gagnés par celles qui disposeraient plusieurs locaux sur le dos de la Sogéma et de l’Etat béninois. Le  fait est connu et très répandu dans ce marché. Il se  trouve que certaines vendeuses ne détiennent même pas les pièces justificatives  de la Sogéma qui attestent qu’elles sont propriétaires desdits locaux. D’autres en disposeraient de «fausses» et seraient fréquemment appréhendées.  Plusieurs sources internes au marché Dantokpa confirment cet état de chose et estiment qu’il s’agit là d’une grosse mafia qui  règne sur les lieux. L’ambiance à Todomè, notamment est telle aujourd’hui, qu’entre les vendeuses, la guerre est sans merci. Plusieurs ont dû se retrouver devant la justice pour trancher certaines affaites si elles ne portent leurs querelles quotidiennement au commissariat de Dantopka. Des menaces de mort, des accusations  de sorcellerie, des intimidations de tous genres pourrissent  davantage le climat déjà  bruyant  de Todomè.

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Dame Lucrèce Fandohan crie à l’intoxication

Son nom est désormais sur toutes les lèvres. On l’accuse d’être à la base de la situation critique et confuse qui entoure aujourd’hui l’attribution des  magasins et hangars de vente à Todomè. Certaines vendeuses estiment même qu’elle  les gruge et serait la personne auprès de laquelle, elles verseraient les fonds exigés pour l’attribution. Approchée,   elle nie toutes ces accusations et parle plutôt de la «mauvaise foi» de ces consœurs.  Elle  déclare d’ailleurs qu’elle a toujours exigé les preuves de  leurs allégations, mais n’en a reçu la moindre à ce jour. Selon certaines informations  recueillies, les autorités de la Sogéma, l’auraient même interpellée entre temps et gardée pendant  des heures au commissariat de Dantokpa, invitant de ce fait, ces accusatrices à venir témoigner devant la police. Mais personne n’y a mis pied. La même confrontation a été tentée lors d’une rencontre avec la directrice de cabinet de Boni Yayi au palais de la présidence. Des vendeuses auraient avancé même qu’elle a reçu des sommes allant jusqu’à 5 millions pour les aider à acquérir un magasin, mais n’ont pu jamais  apporter la preuve nécessaire.   Bref, les témoignages reçus sur cette dame disent tout  le contraire de ce qu’on pense d’elle à Dantopka. Elle ne serait jamais mêlée à de «sales affaires» dans ce  marché et n’aurait aucune complicité avec  la Sogéma ou quelque autre responsable.  On l’accuserait donc à tort. Question de jalousie entre des femmes ? D’aucuns y pensent, indiquant que cette dame a pourtant aidé beaucoup de femmes sur les lieux, à travers différentes formes de prêts. On évoque aussi des cas d’assistance familiale ou humanitaire que plusieurs femmes  ont bénéficié de sa part. Ce qu’elle ne dément pas,  mais  préfére s’en remettre à Dieu pour le reste. Affaire à suivre.

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