Polémique autour des fonds des formations professionnelles à la Fast/Uac

Des enseignants accusent….. Le Décanat dit combattre plutôt  une «mafia»

L’affaire fait assez de bruits ces derniers temps à la Faculté des sciences techniques (Fast) d’Abomey-Calavi. Au cœur de la mésentente entre enseignants et autorités, figure  la gestion des fonds destinés aux activités pédagogiques dans les filières professionnelles. Si les enseignants estiment qu’il y a «mauvaise gestion», le doyen de  la Fast  parle plutôt d’une guerre «sans merci» qu’il mène contre «la mafia»  en gestation dans  cette faculté. L’ambiance est des plus délétères ces dernières semaines  entre certains enseignants de la Faculté des  sciences  techniques (Fast) et les membres de l’administration. Une récente lettre ouverte adressée au Doyen de cette faculté, le Professeur Jean-Baptiste Mensah, signée  notamment par trois enseignants, à savoir, les Professeurs Moudachirou, Sèzan et Fatiou Toukourou, en dit long sur les querelles auxquelles les deux camps se livrent depuis peu. Extrait de ladite lettre ouverte : « Monsieur le Doyen,  depuis votre prise de service à la tête de la Fast, les incidents liés au non-décaissement des fonds pour les activités pédagogiques, la mauvaise gestion et la persécution des enseignants-chercheurs de la Faculté n’ont fait que s’enchaîner. Tout d’abord, immédiatement à votre prise de service vous avez puisé dans les fonds de la Fast pour acheter une voiture 4 X 4 qui  sert  pour vos propres déplacements alors qu’aucune ligne budgétaire n’a été ouverte pour cet investissement. Quelques temps plus tard, vous signez une note de service (N°558-10/Uac/Fast/Sp) pour vous octroyer une prime de 55 000 F par mois et par formation sur le budget des douze formations professionnelles, soit un total de plus de 8 millions pour vous seul. Les contestations des responsables de formation vous ont contraint à abandonner cette note de service; mais toujours animé par l’esprit de détournement des fonds, vous avez signé une autre note de service (No 594-10/Uac/Fast/Sp) qui attribue 15 % du budget de toutes les formations au décanat que vous dirigez. Il y a quelques semaines c’est le Master en Entomologie appliquée que vous suspendez unilatéralement par note de service au mépris des règlements universitaires, juste pour régler des comptes avec les enseignants dont la tête vous déplaît…».

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Le doyen de la Fast «ahuri» par toutes ces accusations

Les murs  des couloirs de  la Fast sont les premiers à accueillir cette lettre ouverte. Mais elle n’y fera pas long feu. Certains étudiants  les déchireront avec rage. S. A. en troisième année de Maths physique, s’en défend. «Nous n’acceptons pas que nos professeurs  se ridiculisent ainsi. Cela ne les honore guère. S’il y a un problème,  ils devraient s’asseoir entre eux et trouver les solutions nécessaires pour le bon fonctionnement de cette faculté au lieu de s’offrir en spectacle». Un autre sous anonymat, croit savoir que c’est réellement l’argent qui crée cette situation à la Fast. Elle reste pourtant l’une des plus pauvres de l’Université d’Abomey-Calavi, en termes de ressources financières.

Le doyen de la Fast, le Professeur Jean-Baptiste Mensah, se dit ahuri par toutes ces accusations portées à son encontre. Prenant le cas du véhicule 4×4, il  ne comprend pas pourquoi, des enseignants s’en plaignent alors qu’il y a bien longtemps que le besoin se fait sentir,   et que la demande est inscrite à chaque exercice budgétaire.  «C’est le moins que puisse avoir aujourd’hui un doyen de faculté pour mieux accomplir sa mission » explique-t-il, précisant que les doyens des autres facultés en disposent déjà depuis des années. Si par ailleurs la  faculté respire un peu mieux aujourd’hui, c’est parce qu’elle a initié des filières de formations professionnelles dont l’accès des étudiants est lié à des frais qui servent à assurer les activités pédagogiques et à régler d’autres charges internes. Bien entendu, les enseignants en charge de ces formations ont également leur part, selon des repartions qui se font en commun accord avec tout le corps professoral concerné. Quant aux accusations faisant état de ce qu’il se serait attribué une prime de 55.000 Fcfa par mois et par formation, le Doyen de la Fast les bat en brèche, rappelant que les premières propositions faites dans ce sens ont été réétudiées par la suite, suivant les méthodes de répartitions utilisées ailleurs, avec l’accord des uns et des autres. Il en est de même pour la suppression du Master  en entomologie appliquée, qui ne serait pas de son fait, mais plutôt sur demande pressante de certains enseignants, pour des raisons admises par tous. Bref, le doyen Mensah se dit plutôt attaqué aujourd’hui par des enseignants au sujet des fonds relatifs aux formations professionnelles, parce qu’il a décidé d’y mettre de l’ordre. Un autre enseignant du même avis que lui, estime qu’il n’y a pas d’autre choix  à faire et qu’on doit d’ailleurs cesser de «personnaliser» les formations professionnelles dans les facultés. A le croire, certains enseignants qui en sont responsables ont toujours agi comme s’ils sont «les propriétaires absolus» de ces formations et peuvent en faire ce qu’ils veulent. La mode n’est pas propre à la Fast. Bien d’autres facultés de l’Uac feraient face aux mêmes problèmes depuis des années mais demeureraient  impuissantes.

Le rectorat indifférent!

Selon nos investigations, le rectorat peine à gérer ces genres de crise à l’Université d’Abomey-Calavi, contrairement aux attentes des enseignants et administratifs des facultés concernées.  Reste qu’il a également sa part dans les dividendes que génèrent ces formations professionnelles dans lesdites facultés. Plusieurs démarches effectuées en direction des autorités rectorales pour trouver des solutions adéquates  aboutissent difficilement ou presque pas. Ce qui oblige parfois les protagonistes à remonter vers le ministère de l’enseignement supérieur. Le dossier actuel de la Fast serait déjà dans les mains du ministre François Abiola et pourrait bientôt avoir une issue favorable. L’autre  problème majeur qui contribue à ces crises est lié à la non existence d’un cadre juridique et règlementaire clairement défini pour la gestion de bout en bout des ressources financières que génèrent les formations professionnelles en cours dans les facultés classiques.

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