Imminence de nouvelles élections rectorales à l’Uac : le bilan «critique» du recteur sortant

L’ambiance électorale gagne déjà le campus d’Abomey-Calavi en cette veille des deuxièmes élections démocratiques de l’histoire des universités publiques du Bénin. Les critiques vont également bon train depuis peu sur le bilan du recteur sortant, le Professeur Norbert Awanou.

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C’était un évènement majeur pour tous les universitaires béninois. Enfin, les recteurs des universités publiques ne seront plus nommés, mais élus. Les organisations syndicales de l’enseignement du supérieur en avaient fait leur cheval de bataille à l’époque. «Ce combat qu’on avait mené a porté ses fruits et on était tous content de pouvoir élire une première fois notre recteur» confie à la presse universitaire, Fulgence Afouda, secrétaire général du Syndicat national des recherches et de l’enseignement supérieur (Synares). Lorsqu’il fut démocratiquement élu à la tête de l’Université d’Abomey-Calavi, courant juillet 2006, le Professeur Norbert Awanou, anciennement Directeur de l’office du Bac, a sans doute redonné espoir à toute une élite universitaire, pour être issu de leur rang. Mais chemin faisant, l’homme a, semble-t-il, cessé de tenir la dragée haute. «Nous avons gagné le droit d’élire nos recteurs, mais nous n’avons rien gagné par rapport à ce qu’on attend» regrette le syndicaliste Afouda. La démocratisation bégayante de l’Uac, la qualité peu rassurante des formations, les conditions toujours difficiles de travail et de vie de la communauté universitaire…. Le tableau reste apparemment sombre, selon d’autres sources à l’Uac, même si elles reconnaissent que certaines avancées ont été notées au cours des cinq ans du Professeur Awanou. Le recteur qui est sensé coordonner les actions engageant la vie de l’Uac, via les vices recteurs, se retrouverait souvent en difficulté, et parfois en conflit avec ces derniers. Ce sont des querelles permanentes qui s’observent, mêmes si la plupart seraient discrètes, selon des sources proches au rectorat.

Les 10.000 ordinateurs dans l’oubliette?

«La bibliothèque centrale du campus est toujours sous-équipée, l’insuffisance d’amphithéâtres toujours une réalité, l’autonomie énergétique, un leurre, et l’accès à l’internet, un luxe» se désole un confrère du journal universitaire, «Le Héraut». Il va plus loin, en dénonçant le fait qu’aucun des campus universitaire sous la tutelle de l’Uac ne dispose à ce jour d’un cyber-café digne du nom, surtout à un moment où l’enseignement supérieur est en plein pied dans le système Lmd. La salle informatique de 10.000 ordinateurs annoncés entre temps à grand renfort médiatique est désormais une utopie, depuis que le bailleur, Khadafi est en proie à une «guerre sans merci» dans son pays. L’entassement dans des bus se poursuit également sur un campus qui ploie davantage sous la pléthore de ses étudiants. Des réformes phares du quinquennat du recteur Awanou, dont l’inscription en ligne des étudiants et la mutualisation des amphithéâtres n’ont guère prospéré. Bien au contraire, ils auraient créé plus de problèmes qu’ils seraient appelés à résoudre. D’aucuns collent également à son mandat une «gestion financière peu reluisante» et d’autres dossiers restés sans suite, comme l’affaire de la jeune étudiante retrouvée morte dans sa cabine et les coups de feu à la Faseg, le 24 novembre 2008. La militarisation du campus serait également l’une des images fortes sous le règne Awanou au détriment des règles régissant la non franchise des frontières universitaires par les forces de l’ordre.

Un mandat politisé

Au plan politique, le recteur Awanou est resté également très actif, sans se soucier du qu’en-dira-t-on. Ses allégeances au régime en place l’empêchaient de démarquer la politique de sa mission à la tête de l’Uac. Les dernières élections présidentielles et législatives en disent long avec un recteur devenu militant irréductible d’un pouvoir qui s’y plaisait évidemment. A quelques mois de la campagne électorale, l’homme créera «Jury 2011» un peu comme pour afficher clairement et à la face du monde, son soutien ferme au candidat Yayi. Des meetings politiques, des actions de sensibilisation à l’endroit des étudiants et à celle des populations de son Savalou natal n’ont pas manqué d’agrémenter son côté partisan. Il serait fréquent dans les couloirs du palais de la présidence de la république, sans doute pour confirmer davantage sa bonne foi envers Yayi. Il a été également candidat à la dernière législative, et même si l’homme n’a pu être élu député, il aura fort contribué à soigner l’image du changement dans ses diverses déclarations. Son nom aurait beaucoup été évoqué à chaque nouvelle formation du gouvernement au poste du ministre de l’enseignement supérieur depuis que Yayi est au pouvoir, mais jamais le projet n’est allé au bout. Reste que le dernier remaniement ministériel, notamment n’aurait pas manqué de «frustrer» jusque dans l’âme, un Norbert Awanou qu’on dit pourtant très engagé aux côtés de Boni Yayi, pour le meilleur et pour le pire. Grande déception donc. Mais l’homme espère toujours. Côté gestion de l’Uac, en tout cas, c’en sera fini d’ici le 10 juillet où son mandat non renouvelable viendra à terme.

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Réticent à toute clarification!

Plusieurs fois, et ceci depuis des semaines, nous avons tenté de contacter le recteur pour nous faire le bilan de son mandat, mais jamais l’homme n’y a répondu favorablement. A chaque fois, il devra reporter à plus tard le rendez-vous, prétextant de «ses multiples et permanentes préoccupations». Fallait-il attendre une éternité pour finir par lui arracher un mot sur les nombreuses critiques à lui faites ? La question se pose.

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