Cnhu/Hubert K. Maga : le nouveau service des urgences déjà en difficulté

Bénin – (Le mal est profond, les raisons sont ailleurs) A peine deux ans de fonctionnement, et déjà, les nouvelles installations du service des urgences du Centre national hospitalier universitaire  (Cnhu) Hubert Maga sont éprouvées. Le flux quotidien est tel que la triste image des patients installés à même le sol a repris. Les raisons seraient multiples, et certaines, étrangères au Cnhu.

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En descendant en début de semaine au Cnhu Hubert K. Maga, le nouveau ministre de la santé, Dorothée Kindé Gazard a fait le triste constat. Les nouvelles  et  modernes installations du service des urgences ne comblent pas toujours les attentes. Et pourtant, elles sont plus grandes et mieux équipées que les anciennes ; alors objet de toutes les critiques. De 16 lits pour les patients de passage, l’hôpital en a prévu une soixantaine  dans les nouveaux locaux, sans réussir à échapper  à l’étalement de  certains cas graves à même le sol. Les agents présents sont débordés dans de pareilles situations et n’arrivent pas  toujours à s’occuper de tous les patients admis dans le service en un temps record. A la suite du ministre de la santé, le Chef de l’Etat  a également effectué une visite cette même semaine dans cet hôpital et aurait suggéré la construction d’un deuxième service des urgences.  En vérité, soutient-on au Cnhu, le problème est ailleurs. Pour maitriser cette situation, explique  une source interne à ce service, il faut plutôt  mettre en place un mécanisme qui  permet aux hôpitaux de zone de fonctionner normalement. Pour autant que le Cnhu, poursuit-il, travaille aujourd’hui, comme un centre de santé départemental, voire un dispensaire. «Ce n’est  pas normal par exemple, qu’on  évacue de l’hôpital de zone de Calavi un patient qui a juste le palu, ou encore de celui de Ouidah, un malade atteint d’une diarrhée » s’indigne la même source.

Nécessité de revoir la pyramide sanitaire

Comment comprendre d’ailleurs que le Cnhu soit si encombré, lorsqu’on sait qu’il y a 5 hôpitaux de zone dans  la seule ville de Cotonou ? La question mérite réflexion, et il serait déjà arrivé que des responsables du Cnhu descendent  dans certains hôpitaux secondaires pour dissuader  les  médecins qui s’y trouvent à ne plus organiser des évacuations qui n’en valent pas la peine. Le ministre de la santé serait également très préoccupé par cet état de chose et annonce déjà de grands changements dans la pyramide sanitaire actuelle du Bénin. «En tout état de cause, nous ne pouvons  jamais maîtriser le flux venant ici, sans tenir compte de ce qui se passe au niveau de la périphérie. C’est donc le fonctionnement de la pyramide sanitaire qu’il faut revoir, et le ministre s’est engagé pour le faire» se réjouit, le Colonel Idrissou Abdoulaye, Directeur général du Cnhu. Il  pense que même si  l’on   crée de nouvelles urgences avec un grand nombre de lits, ils seront toujours saturés tant qu’on ne prendra pas en compte les impératifs au niveau des hôpitaux de zone.  L’autre problème majeur soulevé lors du passage du ministre est lié au non fonctionnement à ce jour, de la radiologie des urgences. Mais il était d’abord question de mettre en place un dispositif pour renforcer les murs avec du plomb, pour éviter les fuites des radioactifs,  reconnus pour leur dangerosité. Tout serait  en voie d’être réglé pour rendre opérationnelle cette unité de radiologie, rassure la direction générale.

Si par ailleurs, le Cnhu se porte plus ou moins mieux aujourd’hui qu’hier, avec entre autres, un plateau technique nettement amélioré et un personnel mieux motivé, sa santé financière demeure toujours critique. Le vrai problème ici est lié au fait que cet hôpital reçoit beaucoup d’indigents, et pire encore,  rentre difficilement en possession de ses dus de la part de l’Etat et autres particuliers importants. De plus, le ratio subvention de l’Etat par rapport au budget de cet hôpital demeure l’un des plus faibles de la sous-région, à peine 18%, pendant que des pays voisins ont déjà atteint 80%. Plus grave encore, selon une autre source de la  maison, ces 18% sont essentiellement consacrés à l’alimentation des malades, obligeant ainsi le Cnhu à se débrouiller avec ses propres recettes pour couvrir le reste : masse salariale, charges de fonctionnement et autres.  Reste qu’en promettant d’œuvrer  pour faire augmenter ce ratio à 50%, le ministre de la santé a sans doute compris le malheur financier que vit le plus grand hôpital du Bénin dont les recettes mensuelles tournent autour de 80 millions pour une masse salariale mensuelle de près de 200 millions de FCFA.

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