Grand-Popo : l’histoire d’une ville qui se meurt

Grand-Popo, la petite ville démunie qui attire  aujourd’hui nombre de touristes et de visiteurs fut jadis un grand centre d’affaires doté d’une infrastructure portuaire. Dès le XVIIe siècle, de nombreux navires venaient y chercher des esclaves mais surtout des matières premières agricoles pour les industries européennes. En effet, à partir de 1727, les premiers comptoirs furent installés à Grand-Popo. Après la signature du traité de protectorat signé avec la France le 12 avril 1885, Grand-Popo devint un grand centre administratif et le seul débouché sur la mer des grandes richesses agricoles du Mono jusqu’à Parakou et Savalou, surpplantant ainsi Ouidah et Agoué grâce à son chemin de fer et à son port. Les transactions portaient essentiellement sur le commerce des amandes et huile de palme, des poissons séchés, du coprah et du café. La ville était très réputée pour la dextérité de ses canotiers barreurs hors pair.

A partir de 1894, date de la prise en main de la colonie du Dahomey par la France, la ville fut érigée en Cercle. Elle se transforma en grand centre administratif et commercial où prospère une vingtaine de sociétés commerciales françaises, allemandes, hollandaises et britanniques au nombre desquelles : CICA, FABRE, Coton Colonial, JOHN HOLT, JOHN WALDEN, JB OLLIVANT, etc.

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Entre 1905 et 1940, Grand-Popo connut un essor unique et extraordinaire avant que ne s’enclenche son déclin avec la construction en 1930 du Wharf de Cotonou. En effet, à partir de 1922, la mer a commencé à engloutir la partie la plus vitale et la plus dynamique de la ville lui faisant progressivement perdre son poids administratif et ses infrastructures commerciales. Les célèbres canotiers, réduits au chômage, ont massivement émigré vers Cotonou, vers d’autres points du littoral moins hostiles et surtout vers les pays du Golfe de Guinée. La construction du port de Cotonou entre 1959 et 1965 mit fin aux activités portuaires de Grand-Popo et scella définitivement le sort et le destin d’une ville meurtrie jonchée de ruines de maisons et de magasins délabrés qui rappellent avec émotion sa grandeur passée mais aussi la tragédie  de tout un peuple.

Ces ruines sont encore très visibles à Gbècon et sont à l’image de l’abandon dont est victime la cité. Et dire que Grand-Popo a toujours fourni à notre nation et ce, à travers les âges et les époques, des cadres émérites, des patriotes militants de première heure pour l’indépendance, des bâtisseurs de la démocratie béninoise, bref des cadres compétents, consciencieux et toujours dévoués à la cause de la patrie. La ville qui les a vus naître ne connaît hélas pas la même grandeur. A qui la faute ? A qui se plaindre ?

Rebâtir une commune moderne

Aujourd’hui, conscients du recul et du retard qu’a accusé Grand-Popo, tous ses fils et filles de tous âges, de toutes catégories socio-professionnelles, d’Avlo à Djanglanmé, de Gbéhoué à Hillacondji, ont décidé d’exorciser le mal, de vaincre la fatalité et de faire renaître Grand-Popo de ses cendres. Cette renaissance passe par quatre grands axes

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la mise en œuvre d’un programme spécial présidentiel de réhabilitation de Gbècon: il s’agira, eu égard à ce passé historique de notre ville et à l’instar de ce qui a été fait pour Ouidah, Abomey et Port-Novo, d’inscrire dans les grands projets de développement du pays, la reconstruction de Grand-Popo. Cette reconstruction devra comprendre la réhabilitation des vestiges de Gbècon qui deviendraient ainsi patrimoine de l’humanité et l’édification d’un nouveau centre administratif digne de la commune ;

la reconnaissance de la vocation touristique et balnéaire de Grand-Popo: la commune dispose à elle seule du tiers du littoral de notre pays. Elle offre un cadre idéal pour le tourisme par ses sites naturels, la richesse de sa faune et de sa flore aquatiques, l’existence de deux cours d’eau et de la mer. Destination particulièrement prisée pour les touristes européens. Il urge de valoriser certains sites et circuits touristiques, de protéger son environnement et les espèces en voie de disparition et de former des guides touristiques ;

• le raccordement de notre commune à Internet haut débit: C’est une nécessité pressante des nombreux touristes européens et américains qui souhaiteraient faire de cette paisible commune un lieu à la fois de repos et de travail à distance.

la création d’un pôle universitaire d’excellence dans les domaines du tourisme, de la pêche et de l’informatique: il s’agit de développer localement les formations qui seront indispensables à l’éclosion des activités touristiques de la commune et à la fonctionnalité du nouveau centre administratif envisagé.

Grand-Popo doit être effectivement embarqué dans le train de la prospérité partagée, inscrire le nom de Grand-Popo sur les pages de l’émergence économique, ainsi les fils de cette commune seront contents et satisfaits d’avoir contribué à l’édification d’une société plus juste, plus égalitaire et plus fraternelle pour chacun et pour tous.

Ainsi, cette ville jadis si prospère retrouvera sa lettre de noblesse, si tous ces fils se donnent la main

Article inspiré du discours de Dr Airy TONATO, Président de l’Association de Développement de Grand-Popo prononcé le 08 juin 2009 lors de la visite du Président de la République.

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