Nonvitcha : la plus vieille association festive du Bénin

Ce dimanche 12 juin, en la solennité de la Pentecôte, comme se fut le cas depuis l’Association, les peules Xwla et Xwéda se retrouveront à Grand-Popo pour commémorer  le 90 ème  anniversaire de la création de  Nonvitcha qui est une association ayant regroupé ces deux peuples frères unis par des liens de sang. Fondée en 1921, cette association commémore est aujourd’hui la plus vieille association festive de notre pays.

Origine d’un regroupement qui s’est imposée dans le temps

Déjà en 1919, un long voyage conduisit, un certain Adolphe GNASOUNOU-AKPA, un Xwéda originaire du petit village de Doyi, dans plusieurs pays de la sous-région à savoir : le Nigéria, le Caméroun, le Togo et le Ghana appelé à cette époque Gold Coast.

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Il y rencontra de nombreux compatriotes au cours de son périple, mais il en revient meurtri par un constat très amer : il dit n’avoir pas retrouvé sur son parcours, un seul signe de la chaleur, de l’amitié et surtout de la collaboration fraternelle agissante qui, à son avis devraient exister entre les Xwéda et les Xwla, ces «fils de la même maison » et il ajouta : «ces des frères qui s’ignorent»

Il eut alors l’heureuse initiative d’une Association qui créerait des occasions de rencontres et de contacts, afin de sauvegarder l’unité et promouvoir le développement des populations Xwla et les Xwéda et par ricochet, le développement de leurs régions.

L’idée géniale d’Adolphe GNANSOUNOU-AKPA de regrouper dans un même creuset les communautés Xwla et Xwéda, rencontra l’assentiment de son cousin Siméon ABALO LOKO, un Xwla du littoral. Le duo se mit au travail et rassembla les premiers éléments pour la création de l’Association. Un collaborateur de taille du nom de Augustin Kokou AZANGO. En effet, c’est cette même inspiration qui poussera celui-ci à fonder en France où il était, l’Association «le Bénin» dite «GBEDJINONVI» qui veut dire littéralement, «la Fraternité de la Diaspora», une association amicale d’entraide dont le but était le resserrement des liens de fraternité et de solidarité entre les Etudiants Dahoméens et Togolais résidant en France.

Malgré les tracasseries administratives, malgré les vexations continuelles par crainte d’un nationalisme Xwla-Xwéda, malgré les nombreuses tentatives de diversion, l’idée fait son petit bonhomme de chemin avec bonheur, et l’Association fut créée en 1921 sous le nom de «NONVITCHA». En 1923, fut célébré avec un éclat tout particulier, le premier grand rassemblement populaire ethnique. C’était l’occasion de porter à la tête de l’Association, Adolphe GNANSOUNOU-AKPA qui en fut l premier Président.

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Reconnaissance Officielle de l’Association

L’Association «NONVITCHA» a été placée sous le régime de la Loi du 1er juillet 1901 et ses satatuts approuvés par arrêté local n°1291/APA du 6 septembre 1933, du Gouverneur du Dahomey (cf journal officiel du Dahomey du 15 septembre 1933, page 380)

Suivant ses statuts, «NONVITCHA» est une Association apolitique. Toute discussion d’ordre politique ou religieux y est formellement interdite.

Le siège social de l’Association est fixé à Grand-Popo. Les membres se regroupent en sections au niveau des villes à l’intérieur du pays, tout comme dans les pays où il existe une forte concentration de Xwla et de Xwéda. Ainsi jusqu’à aujourd’hui, les sections du Nigéria, du Togo, du Cameroun, du Congo–Brazza-ville, du Gabon, de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal, de la Mauritanie et de la France, déploient d’intenses activités qui rassemblent à chaque occasion ces fils qui se reconnaissent d’une même identité ethnique.

Les Objectifs de Nonvitcha

Très tôt, l’Association s’est fixée comme objectifs, d’entretenir et de resserrer les liens naturels de  fraternité et de solidarité qui unissent originellement les Xwla et les Xwéda de toute obédience et de toute confession, de faire revivre les valeurs spirituelles, artistiques, folkloriques et historiques propres aux deux communautés sœurs et surtout de définir et de réaliser un programme de développement économique, social et culturel pouvant assurer un progrès réel de la population dans tous les secteurs.

Pendant ces 90 années, ces objectifs ont-ils été atteints ?

En tous cas, l’Association s’est efforcée  de réaliser des projets qui aujourd’hui sont encore visibles sur le terrain. Nous pouvons citer entre autres :

  • l’intervention de l’Association en 1947, auprès du FIDES  en faveur des sinistrés d’Agbético, Apoutagbo et Gbèffa, qui a permis la construction de bâtiments sociaux d’habitation à Ewé-Condji, pour les populations de ces villages menacés  d’être engloutis sous les eaux du mono en crue, et par les flots marins,  pour leur réinstallation sur le plateau d’Agbanto, d’où la création du marché « MAGA » dans ce village,
  • contribution de NONVITCHA pour le maintien et la reconstruction du quartier popo de XWLACONDJI à Cotonou, après le terrible incendie qui l’a dévasté en 1968. NONVITCHA y a créé la première école primaire,
  • cession aux frères Xwéda d’un certain nombre de parts pour accès au métier de conotage à l’ancien wharf de Cotonou, et la réorganisation du système rotatif de canotage avec des avantages sociaux pour eux,
  • demande de création d’un Collège d’enseignement moyen général à Grand-Popo. Ce collège a été installé dans un immeuble acheté par NONVITCHA à Gbècon,
  • aide substantielle de un million de francs CFA en 1982, pour la construction d’un laboratoire scientifique au CEMG, permettant l’ouverture des classes du second cycle dans ce collège dès la rentrée scolaire 1983-1984,
  • suppression des chansons satiriques qui étaient à l’origine de plusieurs conflits entre villages,
  • création du Comité de Reconstruction et d’Urbanisme de la Ville de Grand-Popo (ARGP), en vue de : mettre en œuvre progressive du transfert et de la reconstruction de la ville dans les nouveaux quartiers à ouest de la ville, promotion et contribution aux initiatives d’urbanisatin, de lotissement et d’embellissement de la nouvelle ville.

Au total, l’Association NONVITCHA ne s’est pas contentée de n’être qu’une association festive sans lendemain. Très tôt elle s’est  vite occupée des problèmes de développement de Grand-Popo, et surtout des intérêts de ses ressortissants.

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