Grève Fésyntra-finances: entre illégalité et chantage

«La fin justifie les moyens», disait Machiavel dans le Prince et d’aucuns diraient «qu’en politique, on ne resoud pas les problèmes, on les déplace». L’affaire Dangnivo serait devenu un piège dans lequel les agents du ministère des finances entrainent le gouvernement, victime lui-même de ce principe selon lequel, en politique on ne resoud pas un problème, mais on le déplace. Alors qu’on la croyait, comme il est de coutume dans les simulacres de démocratie africaine, rangée dans le cimetière des oubliettes, l’affaire Dangnivo revient au galop. Et comment? Les travailleurs des finances, du moins leur syndicat, semble être décidé à l’instrumentaliser. Faire du malheur de leur «défunt» collègue un élément de chantage à travers un mouvement de grève que certains spécialistes de la chose juridique juge illégale. Ils semblent décider à profiter du contexte et de leur position pour faire fléchir le gouvernement. Ils sont conscients de l’incapacité du gouvernement à révéler la juste vérité dans cette affaire. Ils sont également conscients de l’importance de leur ministère dans un pays à économie purement fiscale comme celle du Bénin. Mais ce qui intrigue et mérite commentaires c’est l’usage qu’ils ont fait et projettent de faire de l’affaire liée à la disparition de leur collège. Pierre Urbain Dangnivo. Disparu dans des conditions jusque là non élucidées depuis Aout 2010. D’après les spécialistes, l’exigence de la lumière sur cette affaire Dangnivo n’est pas une revendication corporatiste. Pourtant les membres du Fésyntra-finances l’on brandi pour justifier plusieurs mois de grève avec son impact significatif sur la baisse des recettes étatiques. Les résultats de l’autopsie faite par des médecins légistes sur le supposé corps de Dagnivo retrouvé à Womey a été rejeté par ceux-ci. Même si ce n’est une revendication d’ordre corporatiste Ils ne pouvaient être incriminé pour avoir exigé la vérité sur la disparition de l’un des leur. Chose curieuse, la revendication concernant l’affaire Dangnivo est passée sous silence quant le gouvernement leur relève de leur point indiciaire à 25%. L’objectif n’a pas été atteint. Mais le mouvement suspendu. Cela voudra tout simplement dire que derrière cet argument servi à l’opinion publique pour justifier le débrayage, se cache une volonté d’instrumentaliser l’affaire Dangnivo. Si non comment comprendre qu’après tout ce mois de silence, c’est seulement lorsque leur point indiciaire entre temps relevé est ramener au même niveau par le gouvernement suite à une décision de la court constitutionnelle que les membres de Fésyntra-finance ressurgissent avec l’affaire Dangnivo appelant tous les travailleurs des finances à la mobilisation. L’autre aspect de la situation est que selon Serge Prince Agbodjan, juriste, la probable future grève des agents des finances ne tient pas juridiquement. En effet, le remue-ménage qui a suivi la décision de la Cour constitutionnelle a donné lieu à des pourparlers entre les centrales syndicales et le gouvernement. Et l’accord obtenu au sortir desdits pourparlers est supposé être respecté par tous les mouvements syndicaux. Ceux-ci, ont en réalité donné mandat aux différentes centrales syndicales, non seulement, de par leur affiliation mais aussi par les élections professionnelles. L’affaire Dangnivo après avoir été hautement politisé parce que arrivée dans un contexte pré-électoral, est désormais instrumentalisée. Mais le mal dans cette histoire, c’est que le gouvernement peine à faire la lumière sur la disparition de ce cadre du ministère des finances. Plus rien n’a été dit sur les présumés coupables interpellés à l’époque. Et entre l’indignation de la famille du défunt, l’incapacité du gouvernement à en dire la vérité, les agents des finances continueront leur chantage au gouvernement dans un mouvement de grève dit illégal. Et tout cela sous les regards épieurs de l’histoire.

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