Détention abusive d’un opérateur économique étranger: Marie-Elise Gbèdo appelée à prendre ses responsabilités

Depuis quelques jours, la presse fait état des problèmes que rencontrent les hommes d’affaires sur notre territoire. Le cas du ressortissant libanais intervenant dans le secteur des véhicules d’occasion et qui croupit actuellement en prison est le dernier en date. Face à cette situation et à beaucoup d’autres du genre, on a l’impression que l’Etat et particulièrement notre justice, qui doivent assurer la protection de tous, nationaux comme étrangers, a démissionné. D’où l’appel au garde des sceaux.

Marie-Elise Gbèdo est sur le point de tomber là où ses prédécesseurs ont également échoué. Nous ne le souhaitons pas mais c’est ce qui risque d’arriver s’il elle ne prend pas les taureaux par les cornes pour faire de notre justice un outil au service du développement. Aucun pays ne peut drainer le moindre investisseur avec une justice à la traine. Aucun homme d’affaires ne peut choisir d’aller s’installer dans un pays où il peut être jeté en prison sans autre forme de procès. Malheureusement c’est ce qui se passe dans notre pays. Voilà pourquoi, en nous préoccupant du cas de ce Libanais jeté en prison dans des conditions plutôt floues, nous avons interpellé le ministre de la justice et souhaité que le juge en charge du dossier, et dont on ne doute de l’indépendance, fasse les diligences nécessaires pour que l’intéressé soit entendu et recouvre sa liberté. Mais visiblement rien n’a bougé. Et le risque est grand que la détention de cet homme d’affaires se prolonge. Jusqu’à quand ? Voilà pourquoi nous revenons pour interpeller à nouveau le ministre de la justice. Le chef de l’Etat à qui lui a fait confiance en la nommant à un poste aussi sensible a placé son mandat sous le signe de la refondation. Cette refondation qui suppose la construction d’une république débarrassée de la corruption. Une République où la justice fonctionne comme elle se doit. Car on ne peut parler de refondation et accepter que des innocents soient jetés en prison, que des hommes d’affaires dont le seul tort est d’avoir choisi notre pays pour y mener leurs activités soient maltraités par la seule volonté d’un individu. Malheureusement, tout cela a cours aujourd’hui. Sinon comment comprendre qu’on puisse mettre quelqu’un en prison sans que ne soient établis (puisqu’il n’existe aucune preuve) les faits mis à sa charge. Il s’agit carrément d’une situation dont on devrait être gêné du fait que c’est dans notre pays que cela se passe. Un individu encaisse indument de l’argent dans une affaire avec un partenaire. On le laisse pour s’en prendre à un autre.

Publicité

Des pressions d’une autorité

Selon les informations qui nous sont parvenues, si le dossier a pris une telle tournure c’est parce qu’il y aurait une main invisible en dessous. Celle-ci aurait juré de tout faire pour faire payer à Mohamed Dohaini l’argent qu’aurait pris son frère. Même si nos sources ne nous révèlent pas avec précision qui est cette main invisible, on sait tout de même que la supposée victime Madame Awaou Adjalla Adjovi est l’épouse de l’ancien commissaire central de la ville de Porto-Novo et actuellement directeur départemental de la police. De même des personnes auraient approché l’homme d’affaire pour lui proposer leurs services ou plus clairement pour l’aider s’il se montrait généreux. Nous continuons de croire que notre justice saura se mettre au-dessus de toutes ces pressions. C’est pourquoi il faut souhaiter une fois encore que la procédure se fasse avec diligence pour couper court à toutes ses spéculations et pour que justice soit rendue.

Rappel des détails du dossier

C’est un opérateur économique installé dans notre pays depuis 1999 et qui mène tranquillement ses activités dans le secteur des véhicules d’occasion. Il est rejoint plus tard par l’un de ses frères, un certain Hassan. Frère dont il se sépara assez vite en raison des mauvaises fréquentations de ce dernier. Il l’oblige même à retourner au pays. Mais Hassan Dohaini reviendra à Cotonou à l’insu de son frère. Il entre en relation d’affaires avec une certaine Adjalla Awaou épouse Adjovi. Mohammed Dohaini était à son lieu de travail lorsqu’un jour Madame Adjalla débarque avec des éléments des forces de sécurité. Mohammed est conduit à la gendarmerie d’Agblangandan. Alors qu’il répondait à toutes les convocations parce que ne se reprochant rien, il est placé sous mandat de dépôt le 27 juin 2011 pour complicité d’escroquerie. Depuis lors, M. Mohammed Dohaini est privé de sa liberté et ne sait quand il sera écouté. Les perturbations au niveau de notre appareil judiciaire marqué par les grèves perlées ne sont aggravent la situation. C’est ce qui justifie l’appel lancé au juge afin qu’il fasse les diligences et accélère la procédure pour que prenne fin cette injustice criarde. L’article 118 du code de procédure pénale dispose que « la détention préventive est une mesure exceptionnelle ». L’article 15 renforce cette disposition en affirmant que « tout individu a droit à la liberté ». Dans un pays considéré comme le quartier latin de l’Afrique, un pays qui regorgent d’éminents intellectuels, on doit avoir honte d’entendre qu’on arrête quelqu’un pour une infraction commise par un autre tout simplement parce qu’ils ont des liens de parenté. A moins que le Ministre de la Justice, Garde des sceaux, avocat de talent, nous confirme que notre droit positif a déjà prévu la responsabilité pénale solidaire fondée sur les liens de parenté. Soyons sérieux ! D’où une fois encore l’appel lancé au juge d’instruction ( juge du 4ième cabinet du tribunal de Porto-Novo) pour une accélération de la procédure et la confrontation avec la prétendue victime afin de faire éclater la vérité. Tous les regards sont donc tournés vers le juge qui, nous l’espérons, se mettra au-dessus de toutes pressions, pour permettre au sieur Mohammed Dohaini de recouvrer sa liberté pour s’occuper de ses affaires si aucune faute n’est retenue contre lui. Il aura ainsi fait échec à toutes ces manœuvres actuellement en cours afin soutirer de l’argent à l’intéressé pour, dit-on, l’aider à sortir de prison.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité