(Le Conservatoire d’Abomey émerveille les Français) Ils ont fait résonner en terre française le tambour dahoméen. Ils ont esquissé des pas de zinlin, d’atcha, de houngan et de sogoé devant le Roi Louis XIV et un public en liesse. Le titre du spectacle est d’ailleurs évocateur : “Les Rois dansent. Sous la direction du Professeur Albert Bienvenu Akoha, le Conservatoire de danses cérémonielles et royales d’Abomey (Cdcra) a ainsi fait vibrer la culture béninoise à l’édition 2011 du «Festival Afriques».
Fruit d’une histoire pas lointaine. Le Conservatoire de danses cérémonielles et royales d’Abomey (Cdcra) s’était brillamment fait remarquer deux ans plus tôt lors du Festival international des musiques du monde et des cultures, “Sekanami” organisé en 2009 tenu à Adjarra. Une prestation très appréciée du public à l’époque, au point de semer une graine culturelle qui vient de germer. La rencontre entre le Directeur de ce conservatoire, le professeur Albert Bienvenu Akoha et Pascal Defrance sera le début d’une belle aventure, d’où naîtra le projet du spectacle “Les Rois dansent”. On était dans les années 1600 : “Le roi du Dahomey envoie son ambassadeur à Paris pour rencontrer le roi Louis XIV en vue de la conclusion d’accords de commerce et pour entretenir et conserver l’amitié qui lie les deux pays. Louis XIV accueille en grande pompe l’ambassadeur du Dahomey en esquissant d’abord lui-même, ensuite sa suite, des pas de la danse baroque de France. L’ambassadeur apprécie la danse et demande au roi de la lui apprendre ; ce que fit ce dernier. L’ambassadeur et sa suite à leur tour font déguster au roi de France les merveilleuses courbes, souplesses et gymnastiques des danses cérémonielles et royales d’Abomey. Finalement, les deux troupes se retrouvent entrain de danser la danse baroque au son des tambours dahoméens, créant ainsi un rythme métissé. Parvenu à bout d’émotion, Louis XIV entre en transe et tombe dans les bras de l’ambassadeur. Ce dernier, après s’être tournoyé sur lui-même, pose le roi à terre. Dernière figure. Apothéose et fusion entre deux cultures. Le spectacle s’achève.
Interprétations merveilleuses
Les rôles des personnages principaux à savoir, celui du roi Louis XIV et celui de l’ambassadeur ont été respectivement attribués à Tristan Edelman, danseur et chorégraphe français et à Stanislas Degbo, chorégraphe et directeur des «As du Bénin ». Le spectacle a été joué cinq fois de suite au cours du récent séjour du Cdcra en France, trois fois à guichet ouvert. Deux fois à guichet fermé, exclusivement réservé aux sponsors. Le premier spectacle a eu lieu à Lille, le 24 juin. Le deuxième, en Normandie, le 28 juin. De belles prestations des danses royales d’Abomey sous les ovations nourries du public. Des Béninois de France y étaient massivement représentés. Comme ceux de passage dans le pays de Sarkozy. Trois autorités locales pas des moindres, les maires de Cotonou, Nicéphore Dieudonné Soglo, de Sèmè Kpodji, Mathias Gbêdan, et d’Abomey-Calavi, Patrice Hounsou-Guèdè. «J’étais agréablement surpris de leur présence, et nous avons pu leur montrer que nous étions vraiment en mesure de représenter valablement notre pays à l’extérieur» affirme le Professeur Akoha. Ce que le conservatoire a pu gagner de ce voyage est la notoriété et la reconnaissance internationale, à le croire, espérant que cela permettra de décrocher d’autres projets.
Un conservatoire d’envergure nationale
Le Cdcra contribue Depuis 15 ans à l’émancipation culturelle des jeunes en inculquant à ses élèves les valeurs que représentent les chansons, les danses, la lecture et l’écriture de la langue fon, la louange des rois et la maitrise des panégyriques claniques. Les acteurs ayant joué “Les rois dansent” sont pour la plupart d’anciens élèves du conservatoire ayant accepté se reconstituer pour la bonne cause. Mais le Professeur Akoha pense qu’il ne faudrait pas en rester à ce stade. «Mon ambition est de transformer le conservatoire de danses cérémonielles et royales d’Abomey en conservatoire de danses cérémonielles et royales du Bénin avec des démembrements dans les grandes métropoles culturelles de mon pays» rêve-t-il.