Municipales 2013 : Houngbédji face à l’équation porto-novienne

A moins de deux ans des prochaines élections communales, ça bouge déjà énormément au sein du Parti du renouveau démocratique(Prd). Alors que le président Houngbédji, n’a pas encore fini de gérer les frustrations internes et les découragements nés des dernières élections, il est appelé à faire un arbitrage délicat pour les proches élections communales.

L’université de vacances du Prd prévue pour les 10, 11, 12 et 13 septembre prochains risque d’être contaminée, du moins dans ses coulisses, par une fièvre pré-électorale qui gagnent les militants et les responsables des structures du parti à Porto-Novo, capitale politique du Bénin mais aussi fief naturel et originel du parti. Depuis quelques semaines, des réunions secrètes se tiennent déjà dans l’indiscrétion des salons de certains barrons du parti à Porto-Novo et parfois même dans certaines autres localités comme Avrankou et Cotonou. Selon des sources concordances, c’est la frustration née des dernières élections qui est à la base de ce lancement prématuré des hostilités sur la ville de Porto-Novo. En effet, lors des dernières élections législatives, le positionnement dans la 19è circonscription électorale a violé un des principes sacro-saints des listings au Prd depuis 1991. Depuis toujours, Porto-Novo a toujours eu deux candidats pour les législatives. Il s’agit du président Hougbédji lui-même suivi d’un Yoruba. D’abord ce fut le feu Moucharaf Gbadamassi ensuite Falilou Tidjani et enfin Ybatou Sanni Glèlè. Mais cette année, alors que le président Houngbédji ne s’est lui-même pas porté candidat, on s’attendait à ce qu’il se fasse remplacer par un autre cadre goun de Porto-Novo comme lui, il a simplement choisi de positionner un second candidat dans la commune de Sèmè Kpodji pour son remplacement. Ainsi, Porto-Novo qui avait toujours eu deux députés se retrouve avec une seule, Ybatou Sanni Glèlè. Depuis, des lobbys se sont constitués pour que les Gouns, majoritaires dans la ville, ne puissent être marginalisés lors des prochaines élections communales. A ce niveau aussi, le pésident Houngbédji avait consacré un principe rotatif « Goun-Yoruba ». C’est grâce à ce principe que l’actuel maire Moukaram Océni a été choisi malgré les sollicitudes de certains candidats Goun de taille et même de la pression de l’ancien maire Bernard Dossou. Mais aujourd’hui le respect de ce principe est de moins en moins évident. Et pour cause, l’actuel maire a réussi à gagner l’adhésion populaire grâce à ses réalisations et ses efforts pour le développement de la ville. Dans les rues, le porto-novien lambda voue admiration au maire Océni. L’autre raison, c’est que ce maire a été imposé et soutenu par un lobby financier puissant avec le soutien de la députée Ybatou Sanni Glèlè. Ayant vu cette menace venir, les Gouns ont commencé à réfléchir sur les voies et moyens pour le respect de ce principe surtout que, lors d’une dernière rencontre avec les responsables des sections et des sous-sections le président Houngbédji a réitéré son engagement à respecter ce principe.

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Difficile arbitrage pour Houngbédji

Le choix de celui qui dirigera à partir de 2013 la ville de Porto-Novo s’avère comme une tâche difficile pour le président Houngbédji. Ce choix risque d’être fortement marqué par la guerre de succession qui secoue le parti de façon subtile depuis la dernière élection présidentielle. Déjà dans les starting-blocks, Moukaram Océni, maire actuellement coopté par un fort lobby musulman qu’on dit très influent dans le parti. Il y a aussi d’autres candidats comme Gaston Zossou qui veulent bien postuler au nom du parti. Comme le premier, lui aussi ne manque pas d’argument. Ancien ministre, il était candidat malheureux à la municipalité de Porto Novo en 2003 contre le Prd qu’il a fini par rejoindre, officieusement depuis la dernière élection présidentielle. Il a été d’ailleurs très proche du président Houngbédji et a été un des porte-parole de l’Union fait la nation. Aussi populaire à Porto Novo comme le maire Océni, il est capable de fédérer toutes les forces, les courants du parti et même des non politiques qui ne se retrouvent pas dans le Prd. Selon des indiscrétions, il est soutenu par des barons insoupçonnables du parti très proches du président Houngbédji. Il se susurre qu’au cas où sa candidature ne serait pas retenue au nom du parti et du principe de rotation, il soit coopté par des mouvements et des associations, surtout de jeunes, qui se constituent et qui sont prêts à présenter des candidats indépendants en cas de rejet de la liste Prd. De telles structures existent actuellement dans les 2è, 4è et 5è arrondissements de Porto-Novo. Alors que les municipales déchirent les passions et créent des divergences au Prd, la majorité présidentielle en profite pour grignoter un peu dans son fief. Et Issa Badarou, ancien ministre du président Yayi qui se positionne. Il s’agit là d’une vieille ambition puisqu’il a, lui aussi, tenté l’aventure de 2003 avant de se raviser après un échec cuisant. Il ne s’en cache même pas, et depuis son départ du gouvernement, il travaille pour gagner la sympathie des porto-noviens par diverses œuvres caritatives et sociales. Visiblement soutenu par le pouvoir, lui aussi dispose de sérieux atouts pour gagner surtout si le Prd devait partir divisé. C’est donc à cause de tout cela que le choix s’annonce difficile à faire pour le président Houngbédji. Pourtant, il doit vite agir pour ne pas laisser les dissidences imploser le parti dans son plus grand fief. Pas comme en 2008 où il a tranché aux derniers moments.

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