Si l’intention des plus hautes autorités de l’Etat était d’assommer le citoyen-consommateur, elles ne s’y prendraient pas autrement. Les prix des denrées courantes, contre toute attente, viennent de connaître une montée en flèche. Au marché international de Dantokpa, tenu, à juste raison, pour le baromètre de l’économie nationale, on s’interroge. Où va le Bénin ? De quoi demain sera fait ?
De la sardine en boîte aux insecticides, du lait au papier hygiénique, du sac de riz au bidon d’huile végétale, c’est la même et égale désolation que partagent nos concitoyens au vu des nouveaux prix affichés. Sommes-nous victimes d’un tsunami économique et commercial, donc des forces invisibles et aveugles du marché ? Sommes-nous victimes de décisions télécommandées depuis le sommet de l’Etat, des décisions portant le risque de mettre le pays à genoux ?
Des explications glanées ici et là, il ressort que le Bénin inaugure une nouvelle politique des prix sur toutes les denrées et marchandises importées sur son territoire. L’augmentation sensible de la valeur douanière de ces denrées et marchandises serait à l’origine de ces hausses qui affolent le panier de la ménagère et mettent à mal le porte-monnaie du citoyen lambda.
Il s’y ajoute que c’est une nouvelle société, « Bénin Control », en contrat avec l’Etat, qui se charge désormais de calculer la valeur douanière des marchandises entrant sur le territoire béninois. Selon quelle nouvelle grille, établie sur la foi de quels nouveaux critères ? En fonction de quel barème, arrêté d’accord parties avec qui, pour quel objectif déclaré ? Quelle incidence ce maillon nouveau et privé, « Bénin Control », a-t-il sur les nouveaux prix qui troublent notre sommeil ?
Des questions et encore de questions en attente de réponses qui expliquent, éclairent et finalement rassurent. Pour n’avoir pas compris le besoin légitime des Béninois de savoir, de comprendre ce qui leur arrive, les autorités de notre pays, ont lourdement failli quelque part sous l’angle de la gouvernance concertée. Il ne suffira pas d’accrocher cette expression au fronton de l’un de nos Hauts Commissariats. Il faudrait l’investir de sens, lui donner du contenu et la vivre. C’est de ce point de vue que l’on est en droit de relever trois failles majeures dans la situation nouvelle et à tout le moins inquiétante et préoccupante qui met nos marchés sens dessus dessous, depuis quelques jours.
D’abord, sur un marché libre, le jeu des forces à l’œuvre peut faire monter ou baisser les prix à tout instant. Ces tendances haussières ou baissières relèvent des mécanismes internes propres au marché. Tout change quand c’est une autorité qui agit directement sur le marché par le biais d’une décision visant un objectif déterminé. Mais une décision se prépare, en ce qu’il engage des intérêts multiples, pas toujours convergents et quelque fois contraires. Une bonne décision, dans ces conditions, est la résultante d’une longue élaboration faite de concessions, de compromis, d’arrangements divers entre les différentes parties engagées dans la recherche d’un point d’accord. Apparemment, ici, nous n’avons pas procédé de la sorte, la raison du plus fort s’étant voulu la meilleure.
Ensuite, ceci expliquant cela, les associations de consommateurs, semblent avoir été, dans cette affaire, la cinquième roue du carrosse. Elles ont compté pour quantités négligeables. Les nouveaux prix décrétés sur le marché leur sont tombés dessus comme une violente pluie équatoriale. Ce qui expliquerait, jusqu’ici, leur silence assourdissant. comme si elles avaient été foudroyées. On ne demande pas à un invertébré de voler au secours d’une autre invertébré.
Enfin, toute décision, pour qu’elle puisse passer la rampe, doit être accompagnée d’une politique de communication. Ce qui a été royalement oublié ou ignoré dans le cas d’espèce. Mais nous rassurent les spécialistes, faire de la communication ou ne pas en faire, autour d’une décision, revient toujours à faire de la communication. Seulement voilà, la communication par omission est à l’image d’un arbre malade. Un tel arbre ne tombe que du côté où il penche. Autant dire, le côté de l’échec.
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