Des recettes intérieures en progression, les dépenses en baisse par rapport à l’année 2011, telles sont les deux grandes caractéristiques du budget 2012. De quoi rassurer les béninois sur l’embellie économique qui attend notre pays en 2012. Mais le réseau Social Watch y met un grand bémol : ces prévisions pourraient être brouillées par les incertitudes nées de la vulnérabilité de notre économie, des aléas climatiques et des contingences internationales. Agitées plusieurs fois par des canards, les rumeurs sur les difficultés de trésorerie de l’Etat béninois n’ont jamais été une réalité. Plusieurs fois donc, on a susurré que les caisses de l’Etat étaient vide et que ceci pourrait amener à des cessations de paiement. Les mêmes rumeurs ont annoncé que l’année 2012 ne s’annonçait pas sous de bons auspices et que la tendance était irréversible. Le budget 2012, en étude au parlement semble contredire cette tendance. Les chiffres, bien qu’ils soient des estimations, montrent plutôt le contraire. Le Budget Général de l’Etat pour la gestion 2012, est équilibré en ressources et en charges à la somme de 1016,549 milliards de francs cfa. Comparé à celui de 2011 dont les ressources comme les charges étaient de 1099,375 milliards de francs cfa, il est en baisse de 82,826 milliards de francs cfa correspondant à un taux de régression de 7,53 %. Il s’agit du prolongement de la tendance baissière du Budget Général de l’Etat observée au cours des deux dernières années (18,35% en 2011 par rapport à 2010). Les prévisions de ressources intérieures du Budget Général de l’Etat pour la gestion 2012, se chiffrent à 758,343 milliards de francs cfa contre 824,691 milliards de francs cfa en 2011, soit une diminution de 66,348 milliards de francs cfa correspondant à un taux de régression de 8,05%. Les prévisions de recettes des Administrations de la Douane, des Impôts et du Trésor au titre du Bge pour la gestion 2012, se chiffrent à 680,1 milliards de Fcfa contre 669,9 milliards de Fcfa dans le Bge 2011, soit une augmentation de 10,2 milliards de Fcfa correspondant à un taux d’accroissement de 1,52%. Selon les informations contenues dans le rapport de présentation du projet de loi de finances pour la gestion 2012, les prévisions à la hausse des recettes fiscales en 2012 se justifient essentiellement par les répercutions positives attendues de la reprise des activités économiques observées dans les pays développés et surtout au Nigeria et la mise en œuvre des réformes et mesures contenues dans les programmes d’amélioration des performances des régies. Selon les observations de Social Watch Bénin, ces prévisions optimistes ne tiendraient pas suffisamment compte des risques identifiés par le Fonds Monétaire International sur la Scrp III qui sont « une relative morosité de l’économie mondiale et la vulnérabilité du Bénin à une possible évolution défavorable de la situation du Nigéria. ». De même, des « variations inopinées des courants d’échanges régionaux et un recul du commerce informel de transit pourraient avoir un impact négatif permanent sur les recettes douanières. Des risques pourraient aller de pair avec une incapacité à collecter des recettes à la mesure de l’augmentation escomptée des recettes publiques.
Combler le gap
Par rapport aux ressources intérieures évaluées à 758,343 milliards de Fcfa (dont les ressources des Comptes Spéciaux du Trésor de 48,364 milliards de Fcfa), le budget général de l’Etat pour la gestion 2012 présente un déficit prévisionnel de 258,206 milliards de Fcfa contre 274,684 milliards de FCFA dans le budget 2011, soit une baisse de 16, 478 milliards de Fcfa. En cohérence avec les perspectives de croissance économique de 4,1%, le besoin de financement de l’Etat s’élèverait à 258,206 milliards de FCFA pour l’année 2012. Pour le financement de ce déficit, le Gouvernement a donné la priorité à la mobilisation des ressources extérieures non génératrices de dettes et la différence sera couverte par un endettement de l’Etat. Social s’en inquiète et affirme que normalement, cet endettement doit être justifié par un besoin réel exprimé à travers le Programme d’Investissements Publics pour l’année 2012. Il souhaite l recours à l’endettement extérieur concessionnel et de poursuivre la mise en œuvre des reformes afin de réduire le déficit budgétaire. Les reformes engagées par le gouvernement surtout au cordon douanier peuvent-ils permettre de combler dans les années à venir ce déficit ? Seules les mois et les années à venir vont nous édifier.
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