Dégagement des baraques par la mairie : une opération mal pensée et sans avenir

L’opération dégagement systématique des baraques des abords de voies de Cotonou risque de devenir un coup d’épée dans l’eau après le départ du Pape Benoît XVI. En effet, les propriétaires des installations dégagées n’ayant pas un autre site où se réinstaller retourneront sur les lieux d’où ils avaient été dégagés. Dans le cadre de la visite officielle du Pape Benoît XVI au Bénin, la mairie de Cotonou a déclenché une série d’acte de dégagement des baraques et boutiques construites sur les bords des grands axes de la capitale économique. A Zongo, le long des rails à un endroit qu’on ne pouvait imaginer concerné par l’opération, la semaine dernière, toutes les baraques installées en ces lieux ont été rasées devant le regard larmoyant des bonnes dames peinant à emporter leur marchandise. A Ganhi, la zone commerciale la plus urbanisée de Cotonou, même scénario. Même les vendeuses de valises et sacs installés depuis des lustres avec l’accord des services de la mairie en face de l’immeuble de Télécommerce n’y ont pas échappé. Non loin de là, dans la «von» opposée des vendeuses de chaussures et fournitures scolaires aussi ont été frappées par les évacuations. La mairie perçoit régulièrement des taxes chez ces vendeurs. Aujourd’hui que cette même mairie les dégage des lieux qu’elle leur avait octroyés inquiète les vendeurs. Curieusement après le départ des agents qui assurent l’assainissement, les vendeurs reviennent sur leur site avec quelques échantillons de leur marchandises dans la main. D’autres montent des parasols en vue de se mettre à l’abri des rayons du soleil. On a vu des vendeuses de beignet de haricot réinstaller leur foyer et continuer à frire sous ou sans parasols. On peut déduire que quelques jours après la fin du séjour du Pape, ces bonnes dames réinvestiront les lieux sans une autre formalité. Mais si on considère que le dégagement vise la propreté de la ville on se demande si la précipitation avec laquelle l’opération s’exécute ce jour ne sera pas sans avenir. A priori, on peut l’affirmer. Une opération de dégagement ne saurait constituer une initiative improvisée et exécutée de façon brutale. Elle devrait précéder d’un programme sincère doté d’un plan d’exécution. Alors, la mairie à cet effet, pouvait commencer par donner des préavis aux marchands en ayant soin de leur montrer où ils se réinstalleront après l’évacuation de leur baraque. En absence d’un tel programme, l’opération coup de poing que la mairie continue d’exécuter finira certainement en queue de poisson. En effet, les vendeurs de sac installés à Ganhi y sont depuis des années. Cette activité constitue à coup sûr la seule source de revenu dont ils disposent pour leur survie. Il sera donc difficile que ceux-ci l’abandonnent dès les premières évacuations d’où la problématique de les revoir bientôt sur les mêmes sites.

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