Dévaluation imminente du Fcfa: Info ou intox ?

(La presse ivoirienne annonce la dévaluation du Fcfa) Selon la nouvelle annoncée par le journal « Notre Voie », cette dépréciation de la monnaie valable dans toute la zone par rapport à l’Euro surviendra dès janvier 2012.

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L’information crée un véritable buzz sur Internet depuis plus de 24 heures. Un confrère ivoirien annonce que « si rien ne vient entre temps changer la donne, dès le 1er janvier 2012, le franc Cfa sera dévalué à nouveau ». Le tabloïd « Notre Voie » annonce que la parité fixe entre l’euro et le Fcfa va changer. Ainsi donc, un euro vaudra 1 000 Fcfa dès janvier de l’année prochaine, contre 655,59 Fcfa actuellement. Le journal ivoirien affirme tenir cette information « exclusive » d’un diplomate européen.

Ce dernier aurait confié au journaliste que c’est à cet effet que Alassane Dramane Ouattara, président ivoirien, a fait le tour de la sous région Afrique de l’Ouest la semaine dernière pour annoncer la nouvelle aux autres chefs d’Etat de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). « En Afrique centrale, c’est à Denis Sassou Nguesso que la mission a été confiée d’informer ses homologues de la Cemac (Commission économique et monétaire d’Afrique centrale), mais aussi aux Comores », affirme le journal, citant encore sa source diplomatique.

Dévaluation non plausible

Cette mesure, si elle est prise, se veut une conséquence de la crise de la dette traversée par l’Europe depuis des mois. En août dernier, un article du Washington Post, qui citait plusieurs experts des questions économiques, expliquait que la principale menace qui pèse sur la zone cfa est la dépréciation de sa monnaie par rapport à l’euro. « La principale menace est une dévaluation du franc cfa, car les économies de la zone sont exposées au renchérissement de leurs produits alors que la poussée inflationniste dans la zone euro rend plus chers leurs importations », expliquait l’article du tabloïd américain.

Au Cameroun, cette annonce laisse les spécialistes de l’économie et autres fonctionnaires dubitatifs. Ils estiment que cette dévaluation ne paraît pas plausible au regard d’indicateurs objectivement vérifiables. D’après Babissakana, l’économie africaine ne se porte pas aussi mal qu’il faille imaginer une dévaluation du franc cfa. Il en veut pour preuve le fait que les réserves de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) se chiffrent à plus de 100 milliards Fcfa. Celles du Cameroun sont estimées à plus de 12 milliards Fcfa. Or, les critères qui président la décision de dévaluer une monnaie résident dans les performances économiques (réserves monétaires, taux de croissance, niveau d’endettement etc.).

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D’autres parts, des indicateurs purement politiques ne montrent pas une volonté de baisser la parité du cfa par rapport à l’Euro. Ceux-ci sont entre autres la nécessité de réunir les chefs d’Etat des pays ayant l’Euro en partage et des négociations avec la Banque centrale européenne et non plus avec les seules institutions françaises comme lors de la dévaluation de 1994. Or, l’agenda politique ne prévoit pas ce type de rencontre avant 40 jours. Seulement, d’après une source au ministère des Relations extérieures (Minrex), même s’il ne faut pas exclure un diktat de l’Europe qui cherche une parade pour résoudre sa crise de la dette, l’Afrique pourrait profiter de la situation pour remettre à plat les accords qui ont créé le franc cfa si d’aventure la France et ses alliés voulaient faire passer la mesure au forceps.

En tout cas, il n’est pas jusqu’au président de la République de Guinée Equatoriale qui, de sa chaire de président en exercice de l’Union africaine (Ua), estime qu’il n’est pas question que le franc cfa soit dévalué.

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