Suspension des primes dans les sociétés et offices d’Etat : pour une intention noble…la méthode Yayi crée la polémique

Si la décision du président de la République de suspendre les accessoires de salaires dans les sociétés et offices de l’Etat semble compréhensible, la démarche est jugée bancale. La refondation est une fois en encore au banc des accusés. La lettre N° 769/SG/PR/SP-C du 31 Octobre 2011 du Secrétariat général de la présidence de la République relative à la suspension du paiement des accessoires de salaires dans les sociétés et offices d’Etat crée, à l’instar d’autres décisions prises sous la refondation, des remous. Si les avis sont partagés sur la justesse et l’opportunité de la mesure du Chef de l’Etat, la démarche est, quant à elle, jugée de cavalière et d’injuste. L’économiste professeur, Gero Fulbert Amossouga, président du conseil présidentiel de l’analyse économique, sorte de conseiller à l’économie du chef de l’Etat, explique la décision du président de la République par le fait que 95% des ressources des structures concernées sont utilisées pour couvrir les charges de fonctionnement. Conséquence, elles peinent à se mettre véritablement au service du développement économique et sociale du pays. En effet, à l’analyse de ces chiffres, on note que si ces sociétés arrivent à assurer leur fonctionnement, elles aident difficilement l’Etat à renflouer ses caisses et à faire des investissements publics. Quoi de plus normal que le Président de la République prenne des mesures pour corriger le tir. Encore que la suspension devrait être régularisée dans les toutes prochaines semaines.

Néanmoins, la décision a été prise sans associer les syndicats des travailleurs des structures visées. On se demande alors l’utilité du cadre permanent de négociation gouvernement-syndicats que préside le premier ministre. Une fois encore, la démarche gouvernementale du pouvoir est mise en cause. Comme à l’accoutumée, c’est après avoir mis les acteurs directs concernés devant le fait accompli que Boni Yayi les y implique. Ce que dénoncent, bien évidemment, les syndicats des travailleurs de ces entreprises. La même méthode avait fait l’objet de vives critiques aux premières heures de la réforme du Programme de vérification des importations (Pvi) de nouvelle génération. Il en a été de même pour la loi sur l’interdiction de l’exercice du droit de grève aux douaniers et la première tentative d’introduction de la loi sur le droit de grève au parlement.

Publicité

Seulement, en prenant une telle décision, Boni Yayi ouvre la boite de Pandore. Et cela soulève la question des programmes d’investissement public en République du Bénin et celle des primes dans toutes les structures de services publics. A ce sujet, le grief qui est fait aux sociétés, notamment a leur conseil d’administration ainsi qu’à leur Dg, est injuste. Il est entendu que le chef de l’État qui devient subitement le chantre de la bonne gouvernance a manqué de pointer du doigt la même problématique en ce qui concerne les membres de son administration politique tapis à la présidence de la République et dans les ministères. Et le professeur Amoussouga, encore lui, qui semble avoir convaincu nos confrères de Canal 3, n’a pu emporter heureusement l’adhésion des téléspectateurs pour avoir minimisé ses indemnités qui ne feraient pas plus de 400.000 fcfa. Car, il oublie de préciser que lesdites indemnités (celles de sa fonction de Conseiller du chef de l’Etat) s’ajoutent à celles de son statut de professeur dans l’enseignement supérieur. En économie, pour rester dans son domaine d’activité, cela s’appelle du double-emploi. Pour beaucoup de cadres politiques autour de Boni Yayi, la situation est identique et le chef de l’Etat devrait y avoir d’abord veillé et balayer devant sa porte, afin de donner des gages de transparence et de justice dans la conduite de ses réformes en la matière, si réformes il y a.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité