Le dernier congrès de la Csa-Bénin continue de faire des vagues. Alors que ce congrès semble bien confirmer l’emprise de Dieudonné Lokossou sur cette centrale, des voix venant de l’intérieur de l’organisation ont commencé à dénoncer des irrégularités lors de cette élection. Pour mieux comprendre ce sujet, votre journal s’est rapproché des deux protagonistes de cette crise. Dieudonné Lokossou, le Sg plébiscité et son challenger Siméon Dossou qui dénonce des irrégularités dans cette élection.
La Nouvelle Tribune: Nous avions titré hier que vous aviez été plébiscité, à cause du score que vous avez obtenu, 194 voix pour, contre 42 pour votre adversaire. Mais en lisant hier matin nos confrères, nous avons été alerte des irrégularités qu’il y aurait eu lors de votre élection. Qu’est-ce vous en dites?
Dieudonné Lokossou: J’ai été surpris moi-même. Je suis même devenu une vedette. On m’appelle même de l’extérieur parce que les gens ont lu le sujet sur Internet. Et c’est ridicule de dire qu’il y a eu manifestement une fraude. Les gens n’ont même pas pu en apporter la moindre preuve. Je dis la moindre preuve parce que le document auquel ils se sont référés, c’est un document caduc, périmé parce que je reconnais qu’en 2006, le Président Attigbé qui a dirigé pendant deux mandats et plus -est allé au-delàs, pendant neuf ans. J’étais son adjoint. Il avait initié comme d’habitude un projet.qui stipule que lorsque vous finissez votre mandat, ce mandat est remis en cause au terme de la mandature. Donc, dans l’article 55 de nos Statuts effectivement, puisque c’est lui qui était le secrétaire général à l’époque, il a mis entre autres, «le Président de la Csa-Bénin exerce les fonctions honorifiques. Il est élu dans les mêmes conditions que le secrétaire général par le congrès pour un mandat de 4 ans; il préside les assises du Conseil fédéral et le congrès.» C’est difficilement que Attigbé Guillaume a accepté le mot honorifique. Il avait dit qu’il ne fallait pas le mettre. Il a même mis, «il doit être consulté par le secrétaire sur toutes les questions d’ordre stratégique engageant la vie de la confédération». Mais après débat, les gens ont estimé, qu’on ne peut pas mettre «il doit ». Parce que là, c’est une obligation. Après étude du document, le groupe de mots «il doit présider le Congrès» a été retiré. Parce que les gens ont estimé que n’étant pas aux affaires pour gérer le quotidien, il était inconcevable de lui permettre de présider un congrès. Mieux, tout le temps, il a présidé le Conseil confédéral, et quand nous prenions le bureau même, le secrétaire général a un premier adjoint, un deuxième et un troisième. Cela suppose que s’il n’est pas présent, l’un des secrétaires généraux le remplace. Mais lui, il a taillé quelque chose sur mesure et il est le seul à présider le Conseil fédéral. A supposer qu’il soit malade, qu’il disparaisse même, qui va présider le congrès? Donc, c’est devenu un objet de chantage. Il s’est servi tout le temps de cet article 55 pour terroriser le secrétaire général. Il le convoque à sa guise et il lui pose toutes les questions. Et même pour aller à ce congrès, ça n’a pas été facile parce qu’ils voulaient le bloquer.
Est-ce que le projet de statuts qu’il a proposé a été adopté tel que vous l’avez annoncé?
Cela a été amendé. Jusqu’à ce que nous allions au 5è congrès, je vous le lis: «Il préside à titre honorifique le conseil confédéral ». Ça s’arrête là. C’est tout. Il ne préside pas le congrès. Et mieux, à l’ouverture du congrès, il a été convoqué régulièrement par le secrétaire général. Conformément aux statuts, c’est le secrétaire général qui convoque le congrès. Comment le secrétaire général conformément aux statuts, convoque un congrès et c’est le président qui vient le présider? Il y a comme une sorte de dichotomie qu’on ne comprend pas. Donc, à l’ouverture du congrès, il a monté des gens pour poser ça comme une question préjudicielle. Mais lui-même qui maîtrise bien les textes, qui, pour un oui ou un non écrit au secrétaire général, pourquoi n’est-il pas venu défendre sa position? Comme c’était une manœuvre, il a attendu. Malheureusement, cela a été un échec parce que les congressistes unanimement ont rejeté cela. Dans l’après-midi, il s’est pointé au panel auquel il a participé mais il n’a plus soulevé cette question jusqu’à la fin de la première journée. J’ai appris que le jeudi 15, il a présidé une réunion clandestine, la nuit dans un endroit que je ne veux pas préciser, pour l’instant. Le lendemain du congrès, pour arrêter des stratégies, ils ont même dit qu’il ne me reste qu’un an pour aller à la retraire, qu’ils vont mettre dans les statuts, des dispositions pour m’éliminer. Ce qui est contraire à la pratique et aux dispositions de la Convention 87 du Bureau international du Travail. Au deuxième jour, il est arrivé, lui-même, et s’est présenté. Les mêmes types ont soulevé la même question préjudicielle et les congressistes l’ont balayé du revers de la main. Lui-même n’a jamais parlé de ça. Il a participé activement et il était directeur de campagne de son candidat qui m’a affronté en 2006 quand il me supportait. Le candidat a eu 65 voix contre 105 que j’avais, si mes souvenirs sont exacts. Aujourd’hui, parce qu’ils sont du même bord, il a trouvé que c’est lui qu’il faut soutenir. Il a battu campagne pour soutenir le monsieur. Quand toutes les manœuvres dilatoires ont été écrasées par les congressistes, ils sont rentrés dans les rangs. Il a même participé à l’amendement des nouveaux statuts. Au terme des débats, on a engagé le vote de l’élection du secrétaire général. Son candidat était candidat. Le dépouillement a été fait de façon clair.
Il dit que le dépouillement, selon nos confrères, devrait être assuré par des scrutateurs.
On a demandé aux deux candidats de désigner leurs représentants pour assister aux dépouillements devant le présidium…
Il dit que c’est les membres du Bureau, ce que j’ai lu dans les journaux.
Non. Il ne peut pas dire les membres du bureau. Il fait de l’amalgame. Pour mon élection en 2006, c’est lui qui a proposé notre deuxième adjoint comme président du présidium. Pourquoi aujourd’hui, il trouve qu’un membre du bureau ne puisse pas présider le congrès. C’est de la malhonnêteté intellectuelle. Nous sommes dans le même schéma. A l’issue du vote, le président du présidium a demandé à chaque candidat d’envoyer quelqu’un pour suivre le dépouillement. Les bulletins étaient estampillés et on ne pouvait même pas faire de la fraude. A la fin même du dépouillement, son candidat a félicité le président du présidium pour lui dire qu’il avait compris beaucoup de choses ce soir-la. Spontanément, le candidat malheureux est allé m’embrasser, me féliciter suivi d’Atitgné, lui-même. Je suppose alors que c’était un baiser de Juda. Comment l’on peut faire ça le jour et dans la nuit, aller faire circuler dans les rédactions des textes suggérés parce que quand vous lisez les titres à quelque variante près sont la même chose. Et moi j’ai déjà communiqué les résultats à l’extérieur. Je reçois déjà des félicitations. C’est un K.O sans Lépi. Il n’y a pas un deuxième tour et c’est sans recours. Ils n’ont qu’à démontrer ça. Ils ne peuvent pas engager de recours.
Et à quelle instance on pourrait éventuellement élever un certain litige si on y en trouve?
Peut-être qu’ils comptent sur le Président de la République.
Peut-on aller à la chambre administrative de la Cour suprême de notre pays?
Non. Et mieux, s’agissant de ces prétentions, dans mon rapport d’activités, j’ai fait un rapport assez clair sur la présidence.
En vertu de l’article 55 de nos Statuts, le président de la Csa-Bénin exerce les fonctions honorifiques. Il est élu dans les mêmes conditions que le secrétaire général par le congrès pour un mandat de quatre ans. Il préside les assises du conseil confédéral. Il peut être consulté par les secrétaires généraux sur toutes les questions d’ordre stratégiques engageant la vie de la confédération». Tirant leçon des expériences vécues sur le terrain, ces cinq dernières années, par les membres du bureau exécutif national -il n’est pas exagéré d’affirmer que ce poste a créé plus de problèmes qu’il en a résolus. Le président étant élu dans les mêmes conditions que le secrétaire général, bien que se défendant de n’être pas de l’Exécutif, il s’est octroyé des pouvoirs exorbitants en se permettant contre toute logique d’envoyer souvent des correspondances sous forme d’injonction au secrétaire général. Ces interpellations répétées ou tous azimuts n’ont pas été du goût des membres du bureau. Voilà un président qui n’est pas impliqué dans la gestion quotidienne de la confédération mais qui vient présider les sessions et exige de prendre prioritairement connaissance des documents à soumettre à l’appréciation des conseillers. Ce poste au regard de l’expérience vécu constitue un handicap sérieux et un bicéphalisme qui ne dit pas son nom.
Et vous l’avez supprimez?
Oui. Une dernière remarque qui me semble pertinente est que au niveau du secrétariat, les statuts ont prévu trois adjoints tandis que pour le poste du président aucun adjoint ni aucun suppléant n’est prévus. Et en cas d’indisponibilité ou d’incapacité permanent, qui va remplacer le titulaire du poste pour présider les assises du conseil fédéral? Sans pour autant développer d’autres arguments, il faudrait supprimer purement et simplement le poste du président pour éviter des risques de paralysie des conseils confédéraux et permettre aux secrétaires généraux et aux membres de fonctionner. C’est devant lui que j’ai lu ça. Il a le document. Il n’a jamais soulevé la moindre protestation.
Et maintenant, vous avez supprimé le poste?
Le poste est supprimé. Il n’y a plus de président parce que nous ne sommes pas dans une zone anglophone. Lui il a été pendant plus de neuf ans, secrétaire général, pourquoi à son 2ème mandat, il n’a pas cru devoir se faire chapoter par un président? Donc c’est fait exprès. Il y a d’autres éléments que je ne peux pas vous fournir pour des raisons éthiques.
Réalisation :Vincent Foly & Emmanuel S. Tachin
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