Les communautés universitaires des universités d’Abomey-Calavi et de Parakou étaient aux urnes hier dans le cadre de l’élection des nouveaux recteurs et vice-recteurs.
Sept heures de vote et l’ère Norbert Cossi Awanou est conjuguée au passé à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), du moins quant aux résultats sortis des urnes, hier. A Parakou, par contre, les choses sont encore imprécises. Les scrutins rectoraux de ce lundi se sont, en effet, soldés à l’Uac par la victoire écrasante de la liste «Alafia», amenée par le professeur Brice Sinsin, avec comme 1er vice-recteur et chargé des affaires académiques et de la recherche universitaire, Maxime Da Cruz et, le 2ème vice-recteur chargé de la coopération interuniversitaire, des relations extérieurs et de l’insertion professionnelle, Souaïbou Farougou. Selon les statistiques officielles fournies par la Commission de supervision des élections rectorales à l’Uac, les douze bureaux de vote déployés sur les campus d’Abomey-Calavi, de Cotonou, à l’Injeps de Porto-Novo et à l’Iut de Lokossa ont accueilli au total 776 votants avec 775 suffrages exprimés et 01 bulletin nul. La liste «Alafia» a recueilli 570 voix, soit 73, 41%. La liste «Le Progrès» du professeur Antoine Vianou vient en deuxième position avec 136 voix, soit 17, 53%. La liste «Pour une université moderne et pratique (Ump)» du professeur Hounkpati Capo ferme la marche en récoltant 69 voix, soit 8, 89%. Au regard de ces chiffres, la liste «Alafia» sort vainqueur du scrutin et ce conformément à l’arrêté N°012/MESRS/CAB/DC/SGM/DRFM/CT-SAAS/DGES/SP-C du 14 décembre 2011 portant organisation des 2ème élections des recteurs et des vice-recteurs des universités nationales en République du Bénin. Cet arrêté dispose en son article 25, alinéas 2: «Est déclaré élue au premier tour la liste ayant obtenu 50% des suffrages exprimés plus une voix».
A l’Université de Parakou (Unipar), la liste de Nestor Sokpon, seule en lice a été rejetée au terme du scrutin. Selon nos confrères de la presse universitaire parakoise joints au téléphone, sur 133 inscrits, 126 se sont rendus dans le bureau de vote pour accomplir leur devoir. Sur ce nombre de votants, la liste de Nestor Sokpon a obtenu 63 voix pour, 61 contre, 01 abstention et 01bulletin nul. Le même arrêté cité plus haut stipule en son article 23 qu’en cas de liste unique, le nombre de votants doit être au moins égal à 33% des inscrits. Et la liste soumise au vote doit recueillir au moins les deux tiers (2/3) du suffrage exprimé. Aussi prévoit-il que si l’une ou l’autre des conditions ci-dessus n’est pas réunie, la liste n’est pas déclaré élue. En application donc aux dispositions de cet article 23, l’unique liste de Nestor Sokpon est déclarée «non élue».
K.-O. sans commentaires à l’Uac, épineuse équation à l’Unipar
Le Knock-out (K.-O.) de Boni Yayi a atteint le cercle des érudits. C’est ce qu’on peut déduire en consultant les résultats du scrutin rectoral à l’Université d’Abomey-Calavi. La victoire de 73,41 % est bien un K.-O. que la liste «Alafia», a infligé à ses adversaires. Seulement, le K.-O. de Sinsin n’est pas «un K.-O. aux relents de K.-O.». Les universitaires viennent de donner un exemple de démocratie à travers ce scrutin paisible où, selon des sources internes aux différentes listes, l’argent n’était pas au centre de la campagne électorale. Le débat était rationnel, moins intéressé. Mieux, les aléas climatiques n’ont pas contrarié les prévisions météorologiques. Et les dieux des fraudes électorales n’ont pu changer l’issue du scrutin. Ni les tendances, ni les pronostics, encore moins les résultats des sondages qui donnaient «Alafia» largement favori n’ont été déjoués.
De l’autre coté, à l’Université de Parakou, le scrutin a donné lieu à une équation à plusieurs inconnues. Le vide juridique cohabite désormais avec la volonté des universitaires d’élire démocratiquement leurs recteurs. Et pour cause, le décret portant organisation des 2èmes élections rectorales s’il précise les conditions dans lesquels une liste unique est déclarée non élue, ne propose aucune alternative. Dans le cas échéant, les interrogations sont nombreuses. Une autre élection sera-t-elle organisée? Le mandat de l’équipe sortante dirigée par Simon Akpona sera-t-il prorogé? Le recteur sera-t-il nommé comme auparavant? Les deux premières options ne sont pas prévues par les textes. La troisième est aux antipodes des principes même de la démocratisation en cours dans les universités publiques béninoises. En attendant l’option que choisiront les autorités du département ministériel de tutelle, le débat est ouvert et doit être apolitique, dépassionné et intrinsèquement scientifique. Et les «intellos» demeureront toujours au-dessus de la mêlée.
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