Réponse du berger à la bergère. Aux accusations de corrompus prononcées par Me Marie Elise Gbédo, ministre de la justice, garde des sceaux, l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) est montée, hier au créneau, pour exiger la démission de ses fonctions de leur ministre de tutelle. C’est à la faveur d’une déclaration de presse présentée hier à la salle d’audience du tribunal de première instance de Cotonou.
En lieu et place d’une conférence de presse, c’est plutôt à une déclaration musclée que les professionnels des médias ont assisté de la part de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab). Le président de cette organisation syndicale Onésime Gérard Madodé n’est pas allé du dos de la cuillère pour assener sa réplique à l’intervention faite, jeudi dernier du ministre de la justice, par le Garde des sceaux, maître Marie Elise Gbèdo. En effet, à l’occasion de la journée nationale de lutte contre la corruption, le ministre de la justice a affirmé que «la justice de mon pays est corrompue. Tous les juges de mon pays sont corrompus», «… je suis à la tête d’un ministère dont j’ai honte …., la justice béninoise est totalement corrompue,… la justice est par terre». Une intervention dont la forme peu élégante et son contenu jugé excessif, outrageant et provocateur ont été fustigés par le président de l’Unamab, Onésime Gérard Madodé. Devant une vingtaine d’hommes de média et de quelques magistrats et dans un discours linéaire, le président de l’Unamab, a fulminé que cette manœuvre «imparfaitement élaborée du reste, était en réalité de s’attirer le soutien de monsieur le Président de la République, à l’égard des magistrats, un sentiment d’antipathie et de préparer par ailleurs l’opinion publique contre les magistrats». Ceci parce que, l’Unamab s’apprête à dénoncer les fils de règlement de comptes personnels dont sont cousus quelques cas de figures dans les dernières nominations de magistrats au niveau des Cours et tribunaux. Serein, résolu et d’un ton peu agressif, Onésime Madodé a souligné que loin de consacrer quelque impunité aux magistrats, la loi n°2001-35 du 21 février 2003 portant statut de la magistrature édicte en son article 69 alinéa 1 que «le Garde des sceaux, ministre chargé de la justice, saisi d’une plainte ou informé de faits paraissant de nature à entraîner des poursuites disciplinaires contre un magistrat, saisit le Conseil supérieur de la magistrature qui, s’il y a urgence et sur proposition des chefs hiérarchiques, peut interdire au magistrat l’exercice de ses fonction jusqu’à décision définitive sur l’action disciplinaire… ». Ainsi, il résulte que la solution au problème posé par madame le Garde des sceaux se trouve encore entre ses mains. Par ailleurs, devra-t-elle préciser au peuple béninois, «le nombre de magistrats actuellement en fonction, le nombre de plaintes enregistrées contre eux depuis sa prise de fonction, le nombre de plaintes avérées suite aux investigations effectuées par l’inspection générale des services judiciaires, le nombre de plaintes ayant fait objet de poursuites disciplinaires devant le Conseil supérieur de la magistrature». Avant de renvoyer les journalistes sans leur donner la parole, Onésime Madodé a invité le ministre au dépôt de charges tout en émettant quelques interrogations dont entre autres, «pourquoi continuerait-elle d’y rester et de vivre le supplice de la honte, qu’aucun motif tiré de sa fibre patriotique ne devrait justifier?»
Une Ag extraordinaire vendredi prochain
En marge de la déclaration de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), le président de l’union a annoncé qu’une Assemblée générale extraordinaire sera organisée vendredi prochain. Elle permettra à l’Unamab de statuer sur les propos du Garde des sceaux et sur les récentes nominations effectuées par leur ministre de tutelle. Lesquelles nominations continuent de couler assez d’encre et de salive. A l’issue de cette Ag, l’Unamab prendra des résolutions fermes si le ministre de la justice ne décide pas de mettre la balle à terre. Un nouveau bras de fer s’annonce en perspective donc entre le syndicat des magistrats et le Garde des sceaux.
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