Bari Tandari est artiste compositeur-chanteur, auteur d’une chanson qui a été très tôt exploitée par l’équipe de campagne d’un candidat à la présidentielle de 2011au Bénin. A la rencontre fortuite de l’artiste…
«Taabati taaba ». L’histoire des élections au Bénin aura retenu ce slogan de mouvement politique. Tel un mot fétiche, les militants de l’un des candidats du Nord-Bénin à la présidentielle de 2011 s’en étaient servi pour la campagne. Et ce, en toute ignorance de l’identité de son auteur. Bari Tandari est son nom. Il est compositeur-chanteur. Lui, il était dans son coin, dans le village de Kakabounoubiri, dans le 2ème arrondissement de la commune de Djougou, sans aucun intérêt particulier à la politique. Contrairement à tout ce que l’on pouvait imaginer, en dessous de la composition de la chanson à travers laquelle il a offert ce couple de mots dendi-langue locale du nord-Bénin-, aucune idée politique. C’est du moins ce que nous a confié l’artiste dans un entretien avec lui, le lundi 20 février 2012 au Centre de formation professionnelle de Djougou.
«Taabati taaba est le début d’un ensemble de mots que j’ai compilés pour faire du schow, du coupé décalé, dans le dernier morceau de mon premier album sorti en 2005. A l’époque, quand j’ai sorti l’album, je suis allé l’offrir à un cadre du nord qui d’après ce que j’ai appris, est celui qui aurait sorti le slogan pour la première fois, lors d’une sortie politique de la campagne qui s’est servi du slogan. Il a certainement écouté le morceau et ce slogan lui a plu», explique l’artiste.
Redonner vie à des valeurs traditionnelles en disparition
Bari est en effet parvenu à ce couplage de mots dans ses initiatives visant à faire revivre certaines pratiques traditionnelles du nord en voie de disparition. «Taabati Taaba signifie en langue dendi, la lune est blanche, sortons pour nous amuser. Du temps de nos ancêtres, c’est un cri qui fait sortir tous jeunes. Et c’est tout une panoplie de combat traditionnel qui s’en suit. » confie le chanteur.
Dans cette même démarche de ressusciter les valeurs traditionnelles du nord notamment celles en disparition, Bari Tandari, évolue principalement, et ce depuis une quinzaine d’années, dans les rythmes traditionnels de sa localités. Outre ce seul morceau arrangé selon le genre coupé décalé, les cinq autres morceaux de son premier album sont enregistrés sous une couleur musicale du Aské. Sur son deuxième album phonographique, celle sortie en 2009, c’est un autre travail, toujours de recherches à la source de la richesse culturelle du Bénin. Il s’agit du Dambara. «C’est un rythme qu’exécutent les populations du village de Sora, un village situé vers Kopargo. Mais eux, ils ne chantent pas. C’est rien que les tam-tams et les danses. Le même rythme est exécuté par les populations de Djougou dans les rues pour marquer le temps des carêmes. Et ce, de la même manière que ceux de Sora. Mais moi, j’ai pu composer des chansons suivant ce rythme. Cela permet en effet, d’enregistrer ce rythme sur disque pour la postérité.»
Dans ses compositions, Bari Tandari chante l’union, la solidarité, l’espoir, l’amour, le travail bien fait, etc.
Notons qu’avant d’embrasser une carrière musicale solo, Bari Tandari a été plusieurs années durant, un danseur professionnel qui s’inspire du répertoire des danses traditionnelles du Nord. Il a été président du groupe «Super Tontoni » qu’il a fondé dans le but de revaloriser les danses locales du nord. Des années durant, explique l’artiste, ce groupe a fait beaucoup d’exploits à travers des tournées et en la compagnie de célèbres artistes comme Kiri kanta. Aujourd’hui, Bari Tandari exploite les acquis de ce groupe pour asseoir une musique aux couleurs de la tradition béninoise. Actuellement, il est en studio pour son troisième album. Et il promet révéler encore d’autres rythmes traditionnels du septentrion.
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