Entrée en campagne de Nicolas Sarkozy : la fin du subterfuge

Le Président-candidat est enfin candidat. C’est la fin de la grande supercherie. A moins de trois mois de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a bien fini par se lancer officiellement dans la course. La retenue fictive dont il a fait preuve durant ces dernières semaines devenait de moins en moins tenable. Il n’était que temps pour que la bataille s’engage à armes égales. Reste à savoir ce que le président sortant des Français gagne ou perd de cet engagement officiel dans la course à sa propre succession.

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Il est une chose que l’entrée en campagne officielle de Nicolas Sarkozy a fait dire à son principal adversaire François Hollande, qui parait pour le moins vraie : depuis qu’il est élu, le président de la république est en campagne. Il n’y aurait donc rien de spécial à attendre de l’officialisation de la candidature du président sortant de la France à l’occasion de l’élection présidentielle qui s’annonce pour mai 2012. En effet, qui ne se souvient pas des débuts tonitruants du 1er mandat du non moins singulier Nicolas Sarkozy ? Qui n’a pas souvenance de cette fameuse politique d’ouverture à gauche ? Qui a oublié le président bling-bling qui se voulait proche de tous les Français ? Qui n’a pas en mémoire l’hyper-président présent sur tous les fronts et certain d’être le seul à pouvoir démêler tous les écheveaux ? Qui a omis le populisme exacerbé qui a marqué les premières années et qui marque encore les dernières ? Le temps a peut-être en partie douché son enthousiasme, de même que sa chute vertigineuse dans les enquêtes d’opinion favorable a dû le recadrer dans une certaine mesure, mais toujours est-il qu’il faut remarquer qu’aujourd’hui encore, l’homme n’a pas changé. Pas beaucoup en tout cas.

Nicolas Sarkozy enfin dans le costume du candidat, c’est la fin d’un faux suspense. Une attente artificielle de ses partisans qui avaient déjà bien compris à travers l’attitude de leur champion que le temps était désormais compté. En s’engageant, le président sortant accepte le risque de brouiller les perceptions que ses compatriotes ont de son action, mettant désormais chaque mot, chaque geste, chaque sortie sur le compte du temps de campagne. Et aucun peuple n’ignore plus, moins les Français en tout cas que d’autres, que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. Il est évident que de longue date, Nicolas Sarkozy avait déjà entamé les démarches nécessaires à un « paraître » plus policé et un « être » plus digne. Toutes ces choses qui lui manquaient et ont été à l’origine des premiers désamours entre les citoyens et leur chef de l’Etat peu de temps après le début du quinquennat. Le suspense terminé, il n’est pas grand-chose susceptible de changer. A priori. Cela fait déjà plusieurs semaines, depuis le choix par les Socialistes de François Hollande pour porter leurs couleurs que le parti présidentiel et son désormais candidat-président attaquent ou contre-attaquent sans relâche. L’officialisation de la candidature de Nicolas Sarkozy ne va pas changer ça, bien au contraire.

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Néanmoins, en entrant dans la danse, le président sortant consent à combattre à armes presque égales avec ses adversaires. Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel va désormais compter son temps de parole au même titre que celui de tous les candidats déclarés. Il ne devrait plus pouvoir réunir ses partisans, militants et sympathisants de l’Union pour la Majorité présidentielle (UMP) sous le couvert de rassemblements publics, avec les moyens de l’Etat. Il ne devrait plus pouvoir mettre ses déplacements sous l’égide de ses fonctions présidentielles et en profiter pour mener insidieusement campagne.

C’est pour toutes ces raisons et surtout parce que les sondages d’opinion sont extrêmement défavorables à Nicolas Sarkozy pour l’instant que certains de ses adversaires voient en lui un candidat battu d’avance. Mais une fois cette déclaration de candidature faite, il faudra désormais compter avec l’habile animal politique que s’est déjà montré être le président français. La bataille pour la succession ne fait que commencer. Et nul ne devrait vendre la peau du sarkozisme avant de l’avoir anéanti.

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