Réformes portuaires : la mort programmée du «guichet unique»

(Des opérateurs privés redoutent l’accaparement de leurs recettes par l’Etat) Lancé seulement en Octobre 2011, le «guichet unique» semble condamné à une mort précoce certaine. Ceci, par la faute même du gouvernement dit de la Refondation. De sources proches du Palais de la Marina, la présidence de la République à Cotonou et confirmées par les opérateurs économiques privés de la plate-forme portuaire, le pouvoir aurait instruit, ces derniers jours, les responsables du «guichet unique» afin qu’ils ne reversent pas à un groupe d’opérateurs  du port nommément désignés, les fonds qui leur sont destinés au titre de leurs prestations. Conséquences: désaveux et grincements de dents contre la Refondation.

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Il y a crainte et méfiance chez les opérateurs privés de la plate-forme portuaire qui ont accepté de confier leurs recettes au «guichet unique». Selon des sources internes à leur groupement ainsi qu’au palais présidentiel, le gouvernement aurait demandé aux responsables du «guichet unique» de ne pas reverser à un certain groupe d’opérateurs portuaires, les fonds qui leur sont destinés au titre de leurs prestations. Et pour preuve, on évoque des allées et venues des responsables du guichet unique à la Présidence de la République toute la semaine dernière. Ce qui a, selon les mêmes sources, créé une panique généralisée au sein du personnel de la société Segub, gestionnaire du guichet unique et une inquiétude grandissante chez des responsables des sociétés françaises Soget et Bureau Veritas, partenaires techniques de la Segub.
Officiellement lancé en octobre 2011, le Guichet unique fait partie des réformes introduites au port autonome de Cotonou par le régime Yayi. L’objectif est de rendre plus performante la vache à lait de l’économie nationale qu’est ledit port. Le Guichet unique est, en réalité, destiné à faciliter la vie aux importateurs en leur permettant de ne plus faire le parcours du combattant entre les bureaux de douane, du Port autonome de Cotonou et des acconiers pour le paiement des diverses redevances et taxes avant l’enlèvement de leurs marchandises. Cela devra réduire les contacts physiques et limiter la corruption et la fraude tout en sécurisant les recettes aussi bien de la douane que des opérateurs privés de la plateforme portuaire. De l’avis des opérateurs privés concernés, des inquiétudes avaient été exprimées dès la présentation du projet, à propos de la dernière mission du guichet unique qu’est la  sécurisation des recettes aussi bien de la douane que des opérateurs privés. «Comment s’assurer que le guichet unique versera toujours et sans retard les fonds encaissés pour le compte des acteurs privés? Comment être sûr que l’Etat promoteur du guichet unique et donneur d’ordre n’accaparera pas un jour la trésorerie de ces structures pour régler des urgences de paiement de salaire par exemple?». Ce sont là, apprend-on, les inquiétudes qu’ils avaient soulevées en son temps.
Et au regard de l’actualité dans le secteur, les acteurs portuaires concernés soulignent que le Guichet unique, présenté avec fanfare par le gouvernement de la refondation comme réforme majeure, se révèle un peu trop tôt comme «un véritable piège à cons» tendu par Boni Yayi aux opérateurs économiques de la plate forme portuaire. Ils y voient, une stratégie du gouvernement «pour renflouer sur ordre les caisses du trésor public en cas de difficulté en attendant un hypothétique remboursement des ayants droits après retour de fortune». Pis, pour eux, cette intention du gouvernement de ne pas reverser à un groupe d’opérateurs privés de la plate forme portuaire leurs recettes est «une intrusion grotesque et illégale contraire aux textes régissant le guichet unique». Ce qui, « dément malheureusement l’autonomie présumée de cette structure et atteste du danger que courent les opérateurs privés de la plate forme portuaire qui acceptent de confier leurs recettes au guichet unique mis en place dans le contexte Béninois ». Et ils concluent qu’avec ce dossier, la prophétie des pessimistes qui ne croient pas en la maturité des Africains et de leurs gouvernants pour ce genre de réforme est malheureusement en train de se réaliser.
Affaire à suivre 

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