Quand les us et coutumes font et défont le développement

Avec la récente crise ayant opposé les syndicats nigérians au gouvernement de leur pays, la perturbation dans la chaine de production et de distribution du carburant vers les voisins de la sous-région aura eu un impact retentissant qui aggrave la flambée des prix. À la pompe comme le long des rues et trottoirs de nos villes et, surtout dans l’informel, le prix du carburant est devenu insupportable pour les consommateurs, notamment les gagne-petit.

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Désormais, la fluidité de la circulation urbaine peut être visible. A quelque chose malheur étant bon, les artères, naguère lieu de pagaille inouïe entre motocyclistes et automobilistes, sont de moins en moins engorgées. Par ricochet et à l’insu des usagers de la route, l’épineuse question des embouteillages ou «go slow», avec leur cortège la pollution atmosphérique et l’intoxication par inhalation des gaz d’échappement, se trouve réglée. Comme par enchantement. Pourtant, il y a longtemps que les Béninois auraient pu apporter une solution aux désagréments que leur causent les phénomènes ainsi identifiés. Et il leur aurait suffi, pour se faire, d’expérimenter ici le covoiturage qui ne leur coûterait que la mise en commun des moyens et des énergies.

Malheureusement, l’exemple-type de l’importance à accorder aux us et coutumes ainsi qu’aux conventions sociales, notamment la place de leur impact sur les politiques et plans de développement, nous est donné par le covoiturage.

A propos du covoiturage, voici ce qu’en dit le site Internet encyclopédique Wikipédia: 

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«Le covoiturage est l’utilisation conjointe et organisée (à la différence de l’auto-stop) d’un véhicule, par un conducteur non professionnel et un ou plusieurs tiers passagers, dans le but d’effectuer un trajet commun. Il permet d’économiser des dépenses de carburant et de maintenance et la collectivité y gagne une diminution des embouteillages, de la pollution et des accidents de la route. Le covoiturage est de ce fait fortement encouragé par les autorités, notamment lors des pics de pollution. Il semble d’autant plus pratiqué que le prix du carburant augmente ou en cas de grève des transports. La loi interdit qu’il devienne une pratique professionnelle (qui serait concurrentiel aux activités marchandes de transports publics ou privés); le conducteur ne doit donc pas faire de bénéfice. Il dépend de la motivation des particuliers et repose en grande partie sur un principe collaboratif d’auto-organisation mais peut être encouragé, co-organisé ou aidé par des collectivités ou entreprises qui y trouvent divers bénéfices.

À la différence du bus ou taxi où le passager choisit la destination, en covoiturage, c’est le conducteur qui offre de partager son véhicule, éventuellement gratuitement et fixe le trajet. Un conducteur propose aux passagers de les transporter dans sa voiture pour un trajet (ou une portion de trajet) qu’il doit lui-même effectuer, et donc à la date et à l’heure qu’il a décidées. Généralement, le lieu de départ, déterminé à l’avance, est le même pour tout le monde. À l’arrivée, le conducteur dépose les passagers là où lui-même s’arrête, ou bien à l’endroit que chacun souhaite, en évitant de faire un grand détour. Il peut alors laisser ses passagers par exemple à proximité d’un transport en commun ou bien là où un membre de la famille ou un ami pourront les prendre en charge».

Ainsi, alors qu’il est en vogue en Occident, le covoiturage -solution à la cherté de la vie dans les transports- est loin de trouver son terrain d’application et d’être répliqué au Bénin, chez-nous et, plus globalement en Afrique. La colocation, son pendant dans le logement, encore moins.

On n’imagine pas -et personne ne se hasarderait à le suggérer- de mettre ensemble deux Béninois ou plus, qui s’assument financièrement ou non, fussent-ils des frères ou même des gens d’horizons différents, qui ne se connaissent point.

A mi-parcours de la vie à deux, du couple de circonstance, l’un des conjoints suspecterait immanquablement l’autre. Il l’accuserait de jalousie et de vouloir lui jeter des mauvais sorts. Nous sommes au «pays des méfiances», depuis que le Bénin est devenu un des bastions, si ce n’est le berceau de la traite des esclaves où, des gens ont pu livrer leurs frères, sœurs, pères et mères aux négriers, en contrepartie de broutilles. C’est aussi le pays, tête de pont de l’enracinement du colonialisme en Afrique. Ses premiers intellos et cadres de l’administration coloniale française ont été des «collabos» ayant aidé le Blanc à une meilleure connaissance du continent noir, plus précisément de sa partie francophone ouest-africaine. De par leur assistance décisive aux colons, nos ainés ont permis à «nos ancêtres», les Gaulois, d’asseoir leur plan machiavélique de diviser pour régner.

On eut dit que depuis lors, les Béninois, hier Dahoméens, ont reçu legs de faire de la cachotterie et de se dribbler mutuellement, y compris au sein de la plus petite cellule humaine, qu’est la famille. Le fait est si singulier au «quartier latin» qu’un compatriote dépassé par l’ampleur du phénomène a parlé de «béninoiseries», néologisme qui exprimerait désormais l’art de s’illustrer négativement. Du moins à la béninoise. `

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