Dossier: Élection présidentielle sénégalaise


Wade ou le rêve dynastique brisé

La défaite d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle sénégalaise du dimanche 25 mars dernier vient mettre fin à son ambition de transmettre le pourvoir à son fils Karim.
Si on devrait lui délivré une palme, ce serait celle du jusqu’auboutisme et du stratagème politique. Abdoulaye Wade aura sorti tous les pions pour réaliser son ambition dynastique. Et celui qui devrait se sentir le plus mal à l’annonce des résultats du second tour de la présidentielle, c’est bien Karim à qui « papa » tenait à laisser le fauteuil présidentiel sénégalais. C’était sans doute sans compter avec la hargne et la détermination de l’opposition sénégalaise et d’une partie de la société civile sénégalaise qui vient à travers les résultats de la présidentielle de ce dimanche montré son opposition à la réalisation des caprices d’un démocrate qui refusait l’alternance.   La victoire de Macky Sall sur  Abdoulaye Wade vient pour marquer la fin du rêve dynastique de Wade. Pourtant il y avait cru. Et il a tout donné, souvent au détriment de l’éthique démocratique, pour lui donner corps. Le peuple en a décidé autrement. Il a modifié en douze années de règne, quinze fois la constitution sénégalaise. Un record ! Il a mis en disgrâce certains de ses « enfants politiques », restés dévoués à sa cause pendant plusieurs années. Macky Sall –pour ne citer que lui – aujourd’hui président en aura fait les frais. Son séjour à la tête de l’assemblée nationale où Me Wade dispose d’une majorité mécanique a été écourté. Et ce parce qu’il avait demandé en Octobre 2007 des explications à Karim Wade sur la gestion jugée opaque du projet de l’organisation du 11ème sommet de l’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique (Anoci) tenu à Dakar en mars 2008 et dont Karim était le président. 

Karim dans les girons du pouvoir

Ce Karim Wade avait été déjà quelques années après l’élection de son père intégré dans le sérail présidentiel. En début des années 2000, il est nommé conseiller spécial du président chargé de la mise en œuvre d’un certain nombre de grands projets. Il devient quelques temps après l’homme de confiance de son père qui l’appelait lui-même « son watchdog ». En mars 2009, Karim est candidat à Dakar dans le cadre des élections régionales, municipales et rurales. Des analystes politique voyaient en cela une stratégie de Wade de mettre son fils à la tête de la capitale en vue de lui donner plus d’aura politique et le préparer à la gestion des affaires publiques pour lui succéder à la tête de l’Etat. Erreur! Karim perd dans son propre bureau de vote. Et le parti présidentiel essuie un échec sur l’ensemble du scrutin. Mais Wade, n’en démord pas. En début mai de la même année, il fait entrer Karim au gouvernement en territoire, des Transports aériens et des Infrastructures (…). Comme pour sortir la dernière carte de son plan, en  mi 2011, à quelques mois de la présidentielle, Wade annonce dans la foulée de la période pré-électorale, un énième projet de révision constitutionnelle. Cette fois, il s’agit de l’instauration de ticket présidentiel avec le quart bloquant. En terme claire, chaque candidat devrait se présenter avec un vice-président. Le duo qui réunit 25 % du suffrage exprimé est déclaré vainqueur du scrutin. L’opposition, dans laquelle se retrouvent ses anciens élèves, et une partie de la société civile ont lutté à cor et à cri pour empêcher cette révision opportuniste de la loi fondamentale.  Le projet échoue. Wade a tout de même déployé ses moyens de bord pour se retrouver dans la course présidentielle. Sa victoire devrait sans doute constituer un pas de plus vers la concrétisation de son  rêve. Le peuple sénégalais en a décidé autrement. C’est la fin du règne d’un dirigeant aux  ambitions dynastiques. C’est la fin d’un rêve. Abdoulaye Wade ou le rêve dynastique brisé.

Léonce Gamai

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